AccueilCulturePARIS. Exposition sur Hasankeyf et le barrage Ilisu

PARIS. Exposition sur Hasankeyf et le barrage Ilisu

PARIS – Une exposition de photos sur la ville antique d’Hasankeyf engloutie sous les eaux du barrage Ilisu peut être visitée jusqu’à ce lundi 18 mai au Floréal Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, au pied du parc de Belleville.
 
Les architectes Lou-poko Savadogo et Anna Ellermets se sont rendues dans le Kurdistan du Nord observer les 22 barrages principaux construits sur les rives des fleuves du Tigre et de l’Euphrate dans le cadre du projet d’Anatolie du Sud-Est (Güneydoğu Anadolu Projesi ou GAP). Elles ont vu les conséquences dramatiques, tant au niveau politique, sociale, écologique et culturel, de ces barrages pour les Kurdes de Turquie. 

 

Parmi ces barrages, il y en a un qui a focalisé tous les regards. C’est le barrage Ilisu qui a englouti la ville antique d’Hasankeyf, vieille de plus de 12 000 ans. Une ville qui avait accueilli de nombreuses civilisations telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc. C’est pourquoi, l’exposition organisée par Savadogo et Ellermets est intéressante à visiter car, en plus des photos, des cartes et un film sur le barrage Ilisu et la disparation d’Hasankeyf projeté, les deux architectes vous expliquent en détails le projet du barrage Ilisu et ses répercutions sur l’environnement et sur les Kurdes. (photos en bas du texte)

Le comédien kurde, Aram Taştekin était également de passage pour voir l’exposition où il devait présenter un sketch de son spectacle  « Happy Dreams, une histoire kurde ». Mais le coronavirus a chamboulé tout.
 
Savadogo et Anna Ellermets écrivent :
 
« Nous avons vu l’eau monter.
 
Nous l’avons observée au cœur du Moyen Orient.
 
Sous ce territoire actuellement morcelé sommeille l’antique Mésopotamie, du grec meso « entre » et potamós « fleuves », littéralement le pays « entre les fleuves ».
 
La Mésopotamie berce nos rêves et nos songes. Ces fleuves nourriciers imprègnent les récits mythiques, lesquels content autant la fertilité des terres qu’ils traversent que la menace que représente la fluctuation de leur débit.
 
Ce que nous avons observé dans le Sud Est de la Turquie, ce sont des rivières sous contrôle. L’accumulation des contraintes sur le Tigre et l’Euphrate suite à la mise en oeuvre par le gouvernement du projet G.A.P. (Great Anatolian Project) et ses 22 barrages fait planer la menace d’un déferlement d’eau. À chaque mise en eau, des centaines de villages sont submergés et avec eux les vestiges de civilisations kurde, arménienne, chaldéenne, grecque et assyrienne.
 
On rapproche cette submersion avec celle contée dans les plus vieux récits de l’humanité, tel le Déluge.
 
L’étude de ce projet d’aménagement témoigne des mécanismes de l’état-Nation turc. Face à un grand récit national qui engloutit, niant les lieux emblématiques des cultures minoritaires, faisons émerger les récits symboliques, servons nous-en comme refuge d’une mémoire culturelle en danger.
 
« Seul le temps mythique est celui du devenir »
 
Nous ressentons le besoin d’ouvrir un espace de transmission.
 
Au Floréal Belleville, sur deux étages, le temps d’un thé, nous vous invitons à partager notre imaginaire, entrer dans l’arche et raviver la mémoire de ces communautés que nous avons rencontrées, et avec elle, la nôtre. »
 
Anna Ellermets et Lou-Poko Savadogo vivent et travaillent à Paris. Diplômées d’école d’architecture, elles questionnent, à travers leur travail, les relations entre mémoire et transmission et architecture.
 
À l’occasion du projet “ A Floating G.A.P.”, elles collaborent avec des artistes, musiciens, dramaturges et journalistes.
 
 
𝓘𝓷𝓯𝓸𝓼 𝓟𝓻𝓪𝓽𝓲𝓺𝓾𝓮𝓼
 
Tous les jours de 10h à 18h
Entrée libre
Œuvres et micro-édition en vente
Bar/Restaurant ouvert en vente à emporter
 
Floréal Belleville
43, rue des Couronnes, 75020 Paris
En métro : ligne 2, station Couronnes
En Bus : ligne 96, arrêt Couronnes ou Julien Lacroix
 
Les brochures parlant des 4 étapes du projet du barrage Ilisu, préparées par Lou-poko Savadogo et Anna Ellermets

Cette dernière photo a été prise par Noémie Zabrano