« PEN international est profondément préoccupé par le harcèlement judiciaire dont fait l’objet la journaliste et défenseur des droits humains, Nurcan Baysal, lauréate d’un prix, ancienne écrivaine en résidence à PEN anglais.
TURQUIE / BAKUR – [La journaliste kurde] Nurcan Baysal est accusée d' »incitation à la haine et à l’inimitié du public » après que deux enquêtes distinctes aient été ouvertes contre elle ces trois dernières semaines.
Le 30 mars 2020, Nurcan Baysal a été convoquée au commissariat de police concernant des commentaires sur les précautions prises par le gouvernement turc contre COVİD-19 et leur application dans les villes kurdes.
Moins de trois semaines plus tard, le 20 avril 2020, Nurcan Baysal a été à nouveau convoquée au poste de police de Diyarbakir. Elle s’est rendue au poste de police avec son avocat où on leur a dit qu’une nouvelle enquête avait été ouverte concernant deux messages qu’elle avait postés sur son compte Twitter. Le premier message, tweeté plus de deux ans plus tôt en février 2018 et épinglé sur son profil Twitter, se lit comme suit :
« Nous avons commencé à reconstruire notre maison démolie à Sur.
(…)
Envoyez une carte à ceux qui sont en prison, soyez solidaires avec leurs familles restées au pays, Sur, Cizre, Şırnak… soyez avec ceux dont les maisons sont détruites
(…) »
Le deuxième tweet, d’octobre 2019, était une réponse à un post concernant l’offensive militaire turque en Syrie.
En plus de ce harcèlement judiciaire permanent, Nurcan Baysal et sa famille ont également fait l’objet d’autres formes d’intimidation. Plus récemment, en octobre 2019, alors que Baysal était au Royaume-Uni pour sa résidence avec le PEN anglais, sa maison a été perquisitionnée aux petites heures du matin par la police armée, laissant ses deux fils terrifiés.
Nous demandons instamment aux autorités turques de mettre fin au harcèlement permanent de Nurcan Baysal et de veiller à ce qu’elle et d’autres écrivains et défenseurs des droits de l’homme puissent s’exprimer librement sans la menace constante d’une enquête et d’une incarcération.
Contexte
Nurcan Baysal est l’auteur de quatre livres : O Gün (Ce jour-là), qui explore le développement rural à Kavar ; Kürdistan’da Sivil Toplum (La société civile au Kurdistan), un aperçu de la situation de la communauté kurde au Kurdistan turc co-écrit par Şeyhmus Diken ; Ezidiler : 73. Ferman (Ezidis : 73rd Verdict), basé sur des entretiens approfondis avec des Yazidis qui avaient fui l’ISIS ; et O Sesler (Those Voices), un compte-rendu détaillé des couvre-feux dans sa ville natale de Diyarbakir. Ce dernier est disponible en traduction anglaise auprès de l’éditeur ici. Nurcan a écrit pour des médias tels que open Democracy et T24 ainsi que pour son propre blog. Elle est actuellement chroniqueuse pour Ahvalnews.
Pendant de nombreuses années, Nurcan a travaillé pour les droits de la population kurde et dans le développement rural. Elle est l’une des fondatrices de la Plateforme pour sauver les femmes kidnappées par Daech/ISIS et l’Institut de recherche politique et sociale de Diyarbakir (DISA), membre de PEN anglais et de PEN Turquie, et conseillère auprès de plusieurs organisations à but non lucratif.
Comme beaucoup d’autres écrivains et militants en Turquie, Nurcan a été fréquemment prise pour cible par les autorités en représailles de son travail et de ses écrits sur les droits de l’homme. Elle a été détenue à deux reprises – en 2018 et 2019 – et a fait l’objet de raids sur la maison qu’elle partage avec ses deux jeunes fils.
En 2017, Nurcan Baysal a reçu le « Prix des femmes journalistes courageuses » décerné par l’Association italienne des femmes journalistes et en 2018, elle a été nommée lauréate mondiale pour les défenseurs des droits de l’homme en danger par nos collègues de Front Line Defenders. Vous pouvez voir une vidéo de Nurcan s’adressant au Sommet de Genève pour les droits de l’homme et la démocratie de 2019 ici. »