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LÉGENDE KURDE : Şahmaran, la reine des serpents

En ces temps coronavirussés où de nombreuses personnes se sentent désœuvrées, on s’est dit que la lecture de la légende kurde très connue « Şahmaran (la reine des serpents), serait une parenthèse douce en attendant les jours « meilleurs ».
 
Şahmaran (prononcer « Chahmarane ») est une créature mythique, moitié femme, moitié serpent, que l’on retrouve avec diverses variations chez les Kurdes, en Mésopotamie, en Asie mineure, en Irak et en Iran.
 
Le nom de Shahmaran vient des mots « Şah ê Mârân ». « Shah » est un titre donné aux rois perses, « ê » (de…) « mar » signifie serpent (au pluriel « maran » signifiant « serpents »).
 
La légende de Şahmeran est racontée depuis des siècles, surtout à Mardin, où il y aurait de nombreux serpents.
 
La légende de Şahmaran :
 
Un jeune homme aux épaules larges, à la peau foncée, d’une beauté rare au nom de Cansab (prononcer « Djansabe ») vivait dans la ville de Mardin où le temps s’était arrêté.
 
Un jour, Cansab entra accidentellement dans une grotte où vivent des milliers de serpents. L’intérieur de la grotte est si sombre que Cansab ne voit rien, entendant seulement le bruit de créatures qui l’entouraient. Alors qu’il attend désespérément, un rayon de lumière apparaît. Cansab, qui est ébloui par une faisceau de lumière qui s’approche de lui, remarque que des milliers de serpents: grands, petits, verts, noirs de toutes sortes, errent autour de lui. Les serpents ont tous la tête levée, regardant vers le faisceau de lumière. Lorsqu’il regarde dans la direction à laquelle ils sont tournés, Cansab est soudain figé. Il voit soudain le visage de la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue dans sa vie. Quand il la regarde plus attentivement, il réalise que la femme a un corps de serpent. La femme-serpent se dirigeât vers lui, se tenant juste en face de lui, souriant, tendant la main vers lui. Et elle lui dit; N’ait pas peur de moi, Cansab. Je suis Şahmaran, la reine du pays des serpents. Aucun mal ne t’arrivera. Bienvenue dans mon royaume. Tu es maintenant mon invité. Maintenant allonge-toi et repose-toi. Ensuite, nous parlerons longuement. Sur ces paroles, Şahmaran repart comme elle était venue. Cansab se recroquevilla et dormit sur place, essayant de se débarrasser de l’horreur et de la confusion qu’il avait dû affronter avec la scène surnaturelle à laquelle il venait d’assister.
 
Lorsqu’il se réveilla le lendemain matin, Cansab se retrouva assis autours d’une table croulant sous des mets succulents, en face de Şahmaran. Il ne pouvait détacher ses yeux de Şahmaran, la regardant avec fascination.
 
Şahmaran lui dit: « Je connais tout sur la vie sur terre. Si tu veux, je te le dirai et elle commença à le raconter. Elle raconta, raconta, raconta pendant des jours. Au cours de ces conversations, on vit la naissance d’un des amours les plus nobles de l’histoire entre Cansab et Şahmaran. »
 
Des mois après, Şahmaran n’avait plus rien à raconter. De son côté, la vie sur terre et sa mère commencèrent à manquer à Cansab. Un jour, il n’arriva plus à se lever et ouvra sa pensée à Şahmaran. Lorsqu’elle appris que son bien-aimé s’ennuie avec elle et qu’il veut partir, Şahmaran essaya de le persuader pour qu’il reste avec elle. Cependant, alors que des jours passèrent, Şahmaran voit Cansab fondre de tristesse, alors, elle lui dit:
 
« Cansab, écoute-moi bien, écoute mes paroles. Je sais, si je te laisse partir, tu me trahiras et montreras ma place à d’autres personnes. Mais nous venons d’une terre ou l’amour ce vit jusqu’à la mort. Je ne peux pas supporter d’avoir pitié de t’aimer tant. Voilà pourquoi je te laisse partir. Mais je veux que tu me fasses une promesse. Pour rien au monde, n’entre pas dans l’eau avec d’autres personnes. »
 
Cansab embrassa Şahmaran avec joie et parti en jurant qu’il ne la trahira jamais.
 
Après avoir quitté la grotte de Şahmaran, Cansab retourna dans son village et a deviendra menuisier. De temps en temps, il se renda secrètement à la grotte retrouver Şahmaran. Cependant, ces jours heureux ne dureront pas longtemps.
 
Un jour, le roi du pays où Cansab vivait tomba sous l’emprise d’une maladie incurable. Tous les médecins du pays sont appelés à son chevet, mais ils ne peuvent le guérir. Le roi avait un méchant vizir dira au roi que le seul remède à sa maladie était la chair de Şahmaran.
 
Il réussit à convaincre le roi que manger un morceau de la chair de Şahmaran serait la remède contre sa maladie et il ordonna à qu’on trouve Şahmaran et l’apporte au palais. Şahmaran sera recherchée dans tout le pays, sans résultat.
Un jour, un sage recommanda que tous les hommes soient emmenés dans les bains et les rivières en groupes, afin de voir si quelqu’un ayant une écaille de serpent dans le dos. Cette écaille serait la preuve que cette personne a déjà vu Şahmaran et qu’il peut les conduire à la reine de serpents. Le vizir commença à convoquer tous les hommes dans les bains. Les soldats arrivèrent également au village où vivait Cansab et rassemblèrent tous les hommes et les emmenèrent dans un grand bain. Se souvenant de la promesse qu’il a faite à Şahmaran, Cansab refusa d’aller au bain. Cependant, les soldats le poussèrent de force dans le bain. Une fois dans le hammam, il se renda compte que tout le monde a les yeux rivés sur lui. Lorsqu’il se regarda, il se rendit compte que tout son corps était couvert d’écailles comme celles des serpents. Des soldats le capturèrent immédiatement et le présentèrent au vizir. Le but du méchant vizir n’était pas de guérir le roi. Il voulait attraper le Şahmaran et avoir tous les secrets du monde. Après avoir torturé Cansab pendant des jours, il lui fera avouer la grotte où se trouve Şahmaran. Les soldats allèrent immédiatement dans la grotte indiquée par Cansap et capturèrent Şahmaran qu’ils apporteront au palais.
 
Şahmaran et Cansab se retrouvèrent devant le roi. Şahmaran se retourna vers Cansab qui était triste et honteux et lui dit:
 
« O bien-aimé, ne t’en fais pas. Je sais que tu ne m’as pas trahi pour ton âme (…) Ne t’inquiète pas ! »
 
Cansab est encore plus gêné par ces mots mais Şahmaran continua ainsi :
 
« Maintenant, je vais vous donner mon secret. Quiconque coupe un morceau de ma queue et le mange aura le secret et le mystère du monde entier. Et celui qui mange un morceau de ma tête me retrouvera dans l’autre monde »
 
Avant que Şahmeran termine ses paroles, le méchant vizir se jeta sur elle avec sa grande épée et l’a coupa en deux morceaux. Se tordant de douleur et d’honte, Cansab mordu la tête de Sahmera, en désirant mourir sur le champ pour la retrouver dans l’autre monde. Le méchant vizir est mort sur le coup dès qu’il mis un morceau de la queue de Şahmeran dans sa bouche. Quand à Cansab, il ne mourra pas mais recevra toute les connaissances de Şahmeran sur la vie. 
Cependant, Cansab ne pu supporter la douleur de perdre sa bien-aimée et il parti au pays des serpents pour être puni. Une fois devant la grotte, Cansab rencontra un vieux serpent et leur expliqua son intention, mais celui-ci lui demanda de partir aussitôt en lui disant : « Si les serpents apprennent la mort de Şahmeran, ils sortiront de la grotte et tueront tous les humains jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. » Cansab renonça à son veux et s’apprêta à partir. Mais avant qu’ils ne reprennent la route, le vieux serpent lui dit: « Şahmeran s’est sacrifiée pour toi, son âme, son pouvoir de guérison et son savoir sont en toi. Va, part, toute la nature, les fleurs, les arbrisseaux, les arbres, jusqu’au plus petit brin d’herbe te donneront leurs secrets, te permettant de soigner les hommes. »

Ensuite, le vieux serpent ordonna à deux serpents d’accompagner Cansab et leur dit : « Vous avez devant vous l’homme qui sera guérisseur de tous les maux des hommes et vous l’accompagnerez dans ses recherches pour connaitre tous les secrets guérisseurs des plantes. » Ensuite, Cansab partit sur les routes apporter guérison. Depuis ce jour, les deux serpents sont le symbole de la pharmacopée et de la médecine.

Version de Kurdistan au féminin

4 Commentaires

  1. J’ai une question: d’où vient la représentation physique de la Shahmaran sur les dessins qu’on a fait d’elle ? Notamment le fait que ses pieds et sa queue soient des serpents, et qu’elle ait des cornes de bouc.

    • Ces représentations proviennent originellement de très anciens mythes africains liant d’une part le serpent au genre féminin et liant d’autre part le serpent à la création du monde dans les deux plus vieilles cosmogonies connues de l’humanité qui se sont répandues dès la sortie des premiers Homo Sapiens d’Afrique. Ces représentations anthropomorphes ont plusieurs dizaines de milliers d’années et se retrouvent dans les mythes du monde entier.

  2. restants de la culture dravidienne , sumerienne et africaine
    les sumeriens qui etaient des veddoides noirs comme dit ici et les dravidiens qui sont venus tout comme les veddoides d’ afrique via l’ Elam dans le Zagros iranien croient tout comme les anciens egyptiens qui viennent de Pount en Somalie du Nord croient au mythe du serpent , le serpent est le representant de la nature et de la terre
    seul Seth est le mauvais serpent et a inspire le mythe de Sheitan , Satan ,de meme que Apopis en Egypte

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