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TURQUIE. 50 000 prisonniers politiques livrés à la pandémie du coronavirus

TURQUIE / BAKUR – Le samedi 18 avril, la Turquie a dépassé l’Iran avec 82 329 cas confirmés d’infections liés au coronavirus. Malgré la situation catastrophique, les autorités turques refusent toujours de libérer les 50 000 prisonniers politiques (majoritairement des Kurdes).
Le nombre de malades contaminés par le covid-19 en Turquie et dans les régions kurdes du pays a augmenté de 3 783 en 24 heures. Faisant de la Turquie le pays du Moyen-Orient ayant le plus de malades infectés par le coronavirus. (Des chiffres officiels – à prendre avec des pincettes – annoncés par le ministre turc de la Santé.)
 
« Le Collectif VAN diffuse l’information publiée dans la Gazette des Nouveaux Dissidents N°14, concernant la demande de libération du journaliste et écrivain turc Ahmet Altan, âgé de 70 ans:
 
« Alors que l’OMS enjoint les autorités judiciaires et pénales dans le monde entier de libérer autant que possible leurs détenus de manière à désengorger rapidement les prisons, la Turquie d’Erdogan annonce libérer 90.000 prisonniers de droit commun et exclut du dispositif les journalistes, entrepreneurs, écrivains, et d’autres citoyens détenus pour leurs opinions politiques. » (…) L’action de l’avocate d’Ahmet Altan est relayée par le collectif turc Expression Interrupted qui rassemble 24 associations de Droits de l’Homme et demande la libération de tous les prisonniers politiques au vu du danger de la pandémie. » Parmi les prisonniers politiques dont la déclaration en anglais demande la libération, se trouve – parmi tant d’autres – le mécène turc Osman Kavala qui a passé ce samedi 18 avril 2020 le triste cap des 900 jours d’incarcération pour des motifs ubuesques. En Turquie, aujourd’hui comme il y a 105 ans à l’époque du génocide arménien de 1915, les voleurs, les violeurs, les criminels sont libérés de prison tandis que les opposants, considérés comme des « traîtres », y sont jetés ou maintenus. Liberté pour Ahmet Altan ! Liberté pour Osman Kavala et tous les prisonniers politiques !
 
Ahmet Altan : en raison de la pandémie, une forte mobilisation s’organise en Turquie pour demander la libération de l’écrivain
 
Alors que l’Iran a libéré en mars des milliers de détenus dont des prisonniers politiques du fait de la pandémie, et que l’OMS enjoint les autorités judiciaires et pénales dans le monde entier de libérer autant que possible leurs détenus de manière à désengorger rapidement les prisons, la Turquie d’Erdogan annonce libérer 90000 prisonniers de droit commun et exclut du dispositif les journalistes, entrepreneurs, écrivains, et d’autres citoyens détenus pour leurs opinions politiques.
 
Au nombre de ces derniers, Ahmet Altan est incarcéré depuis trois ans et demi au centre de détention de Silivri, dans la banlieue d’Istanbul, au motif qu’il aurait participé au putsch manqué de juillet 2016, qui lui a d’abord valu une condamnation à la perpétuité aggravée. Un épisode douloureux a suivi en novembre dernier lors duquel il a été libéré puis remis en prison une semaine plus tard, après un appel du procureur général.
 
Était-ce les propos qu’il avait tenus dès sa libération aux médias et qui avaient eu une répercussion internationale : « Ils essaient de faire en sorte que les intellectuels évitent de poser des questions. Nous allons les interroger. Nous avons vu ce qu’est la prison. Si nécessaire, nous y retournerons. Nous n’avons pas peur. », qui avaient déplu au régime de Recep Tayyip Erdogan pour qu’aussitôt sa liberté lui soit reprise ?
 
Le 13 avril dernier, son avocate, Figen Albuga Çalıkuşu, a déposé une requête auprès de la Cour suprême demandant la libération immédiate de son client, en raison du risque accru de propagation de l’infection dans les prisons turques. L’avocate a réagi à la déclaration du ministre de la Justice turque annonçant « qu’un total de 17 détenus, incarcérés dans cinq prisons de Turquie, avaient été diagnostiqués positifs à la Covid-19, trois détenus étant morts et 79 membres du personnel pénitentiaire testés positifs ». Elle souligne qu’Ahmet Altan est âgé de 70 ans et qu’il présente des signes de vulnérabilité importants face à la maladie. Elle ajoute que le droit à la vie est
 
« le droit constitutionnel le plus fondamental et qu’il doit être protégé par l’État », puis que « d’une part, mon client est maintenu en prison par un harcèlement judiciaire et un non-respect de l’état de droit, d’autre part il y a une menace sérieuse pour sa vie. »
 
Aujourd’hui l’action de l’avocate d’Ahmet Altan est relayée par le collectif turc Expression Interrupted qui rassemble 24 associations de Droits de l’Homme et demande la libération de tous les prisonniers politiques au vu du danger de la pandémie. La déclaration conjointe peut être lue ici : »