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70 000 étudiants emprisonnés en Turquie, la majorité sont kurdes ou de gauche…

TURQUIE – Le nombre d’étudiants emprisonnés en Turquie avoisine les 70 000. Le problème le plus grave qu’ils rencontrent en prison est la difficulté de poursuivre leurs études.
 
Selon les chiffres du ministère turc de la justice, en septembre 2019, 69 301 étudiants se trouvaient dans les prisons de Turquie. L’un des problèmes rencontrés par les détenus est l’interruption de leur vie scolaire. En fait, des enquêtes criminelles ou des poursuites intentées contre certains étudiants signifient la fin de leur vie scolaire.
 
Les étudiants kurdes ou de gauche sont les premières victimes de la répression visant les étudiants en Turquie…
 
Membre de l’association de juristes « Özgürlük İçin Hukukçular Derneği », Hüseyin Boğatekin, un des avocats qui défendent les droits des étudiants en détention, dit que l’appartenance à des associations d’étudiants au sein des universités est considérée comme une preuve d’appartenance à une organisation terroriste armée dans le dossier de la majorité des détenus dont il suit les dossiers. Il déclare également que l’hommage rendu à Tahir Elçi, avocat kurde et bâtonnier d’Amed (Diyarbakir) assassiné le 28 novembre 2015, ou la commémoration du massacre de Roboski, à Şırnak/Uludere, où il n’y a pas eu d’intervention de la police, figurait également dans les dossiers d’accusation.
 
Danser pendant le nouvel-an kurde est un acte terroriste …
 
Parmi les clients de l’avocat Hüseyin Boğatekin se trouvent des étudiants de la faculté d’économie et des sciences administratives de l’Université Adnan Menderes Nazilli. Ils ont été arrêtés pour avoir dansé une ronde (halay ou govend en kurde) sur le campus universitaire à l’occasion du nouvel-an kurde « Nevruz/Newroz ». Ils sont accusés d’appartenance à une « organisation [PKK] terroriste ». L’acte d’accusation a déclaré: « Il a été déterminé que les étudiants ont levé les mains en l’air, fait un signe de victoire avec deux doigts, crié des slogans, joué une danse de la guérilla [kurde] accompagnée de chansons kurdes en allumant un feu. »
 
Rappelant que les détenus ne sont pas en mesure de s’inscrire et de passer les examens, Boğatekin dit: « Votre vie scolaire est interrompue lorsque vous êtes jetés à l’intérieur. Cependant, un étudiant n’a pas besoin d’être arrêté pour interrompre sa vie scolaire. (…) Les étudiants sont également bannis de l’école lorsqu’ils font l’objet d’une enquête criminelle ou sont jugés sans arrestation. »
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Article en turc à lire ici
Image d’un étudiant kurde arrêté devant l’université de Dicle, à Amed car il sifflait en kurde la marche “Çerxa Şoreşê”.