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Campagne de signatures pour stopper les attaques turques contre Shengal

KURDISTAN DU SUD – SHENGAL – L’Etat turc qui poursuit ses attaques génocidaires dans diverses parties du Kurdistan a également pris Shengal pour cible récemment.
 
L’assemblée autonome démocratique de Shengal a lancé une campagne de signatures contre les attaques de l’Etat turc contre Shengal et le Kurdistan du Sud.
 
Dans le cadre de la campagne, des signatures seront recueillies à Shengal et dans ses villages pendant 15 jours. L’Assemblée vise 50.000 signatures qui seront ensuite soumises aux Nations Unies, au Conseil de sécurité de l’ONU et au gouvernement irakien.
 

Xwedêda Eliyas, coprésident de l’Assemblée populaire du district de Sinune, a appelé le peuple yézidi à assurer une forte participation à la campagne. Il a déclaré que l’Etat turc attaquait les Kurdes depuis sa création, ajoutant que pour cette raison, la campagne de signatures s’adresse à tous les Kurdes.

 
L’Etat turc qui poursuit ses attaques génocidaires dans diverses parties du Kurdistan a également pris Shengal pour cible récemment. Des drones armés turcs (SIHA) ont mené une attaque contre des combattants des unités de résistance de Shengal (YBŞ) dans la région de Khanasor (Xanesor) le 19 novembre. Cinq combattants des YBŞ ont été blessés dans l’attaque, dont deux sérieusement. L’un des combattants blessés, Egîd Şengalî, a perdu la vie quatre jours plus tard. Des avions de combat turcs avaient également bombardé à trois reprises la région de Shengal Barê le 5 novembre au soir et la région de Khanasor le 4 novembre, laissant trois combattants des YBŞ blessés.
 
Rappel historique
 
Les Kurdes yézidis (Êzidî), qui sont les adeptes de l’une des plus anciennes religions de la Mésopotamie, ont subi au cours de l’histoire plusieurs massacres, dont le dernier a été perpétré par Daesh le 3 août 2014. La plupart de ces massacres ont été commandités par l’empire ottoman. Etant donné que la plupart de ces ordres d’extermination de la communauté yézidie ont été ordonnés par les sultans ottomans de l’époque, les Kurdes yézidis ont appelé ces génocides « ferman » (« décret »).
 
Le premier génocide a été ordonné en 1246 par le seigneur de Mossoul, tandis que le dernier a été perpétré par les terroristes de Daech / ISIS. Dans tous les massacres qui ont frappé les Yézidis, leurs bourreaux ont prétendu agir au nom de l’Islam.
 
Au cours de la campagne génocidaire la plus sauvage de Daesh à Shengal en 2014, environ 5000 hommes yézidis ont été massacrés, environ 100 hommes yézidis ont été décapités, 7000 filles et femmes yézidies ont été enlevées et vendues sur les marchés aux esclaves; plusieurs filles et femmes yézidies ont été violées et certaines de ces femmes ont été contraintes d’épouser des chefs de Daech.
Le nombre réel des victimes est plus élevé si on y rajoute les innombrables Yézidis morts de faim et de soif, ce qui montre que les chiffres avancés dans le rapport des Nations Unies est en dessous de la réalité.
 
Les gangs de DAECH ont voulu détruire la foi et l’identité yézidie en 2014. Les forces peshmerga de la région n’ont pas résisté à Daesh, et les Yézidis ont dû faire face à un massacre certain. Les forces des HPG et des YPG/YPJ sont venus à leur secours et ont sauvé des milliers de Yazidis de la mort imminente par le couloir de sécurité qu’ils ont ouvert vers le Rojava.
 
Les gangs de Daesh ont massacré dans les premières 24 heures des milliers de Yazidis et enlevé des dizaines de milliers d’autres, surtout des femmes et enfants. Ceux qui ont réussi à atteindre le mont Shengal ont vu sur la montagne une lumière d’espoir. Les Yazidis, qui ont toujours été victimes des génocides au cours de l’histoire, ont vu alors un petit groupe de guérilleros des HPG qui se tenait devant eux sur le mont Shengal, ayant pris le contrôle des deux routes et repoussé avec succès les attaques des gangs de Daesh. Les guérilleros des HPG avaient pris sous leur contrôle les deux routes menant à la montagne avec seulement quelques poignées de combattants et un DShK, que les Peshmerga avaient laissé derrière eux alors qu’ils étaient occupés à fuir.
 
Alors que la nouvelle du génocide se répandait, le Rojava s’est mobilisée au plus haut point. Les forces des YPG/YPJ, qui se trouvaient elles-mêmes à Hesekê dans le feu d’une grande opération contre les gangs de Daesh, ont abandonné l’opération et remué ciel et terre pour arriver à Shengal par la route Til Kocher, Rabia et Jazaa. Les combattants des YPG/YPJ ont ouvert un chemin de centaines de kilomètres, au prix des dizaines de martyrs, et ont finalement atteint le mont Shengal le 8 août. Les combattants des YPG/YPJ ont guidé des centaines de milliers de Yazidis avec les voitures mobilisés du Rojava et mises à leur disposition à travers le corridor vers le Rojava. La communauté mondiale, restée jusqu’alors totalement silencieuse face à la tragédie à laquelle le peuple yézidi était confronté, a intitulé ce couloir, le « couloir humanitaire ».
 
Les habitants de Shengal, des dizaines d’organisations et d’associations se sont réinventés après le génocide meurtrier du 3 août 2014. Ceux-là mêmes qui ont fait équipe avec les troupes de sauvetage des forces kurdes ont décidé que le moment était venu pour eux de créer leur propre force de défense, composée de jeunes Yazidis, hommes et femmes. En septembre 2014, moins d’un mois après le génocide brutal, ils ont finalement déclaré la formation des Unités de défense de Shengal (YBŞ). Les jeunes Yazidis, dont les espoirs avec les forces extérieures avaient été totalement anéantis, affluèrent un à un dans les rangs des YBŞ.
 
Ceux qui ont été le plus souvent tués et enlevés pendant le génocide sont une fois de plus les femmes yézidies. Seules pour ne pas tomber entre les mains des gangs barbares de Daesh et pour rester fidèles à leur ancienne religion de l’ange paon Tawusê Melek, des centaines de femmes ont sauté des hautes falaises du Mont Shengal. Les autres femmes yézidies ont été prises en otage et vendues sur les marchés en ce 21ème siècle, qui se vante d’avoir amélioré l’humanité et la démocratie.
 
L’arrivée des forces kurdes, parmi lesquelles se trouvaient aussi des femmes combattantes, a rempli leur cœur d’un énorme espoir. Peu de temps après, les YPJ ont combattu sans relâche les gangs de Daesh pour sauver le peuple yézidi et ouvrir un couloir humanitaire. Les femmes yézidies ont alors décidé en 2015 de créer l’Unité de défense des femmes de Shengal (YPJ-Shengal). Peu de temps après, le nom a été changé pour Unités des femmes de Shengal (YJŞ). Les YJŞ ont déclaré avoir décidé de créer cette formation militaire principalement pour venger les femmes yézidies enlevées comme esclaves et vendues sur les marchés.
 
Le territoire de Shengal et ses forces de défense sont devenus une cible de l’Etat occupant turc depuis lors.