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SYRIE. L’ONU prête à participer au nettoyage ethnique des Kurdes du Rojava ?

ROJAVA – Selon de nombreux analystes, l’ONU serait prête à soutenir la Turquie pour installer des Arabes syriens au Rojava dans le cadre de son nettoyage ethnique visant les Kurdes du nord de la Syrie.
 
Dans son article daté du 2 novembre, L’un des ces analystes est Seth J. Frantzman.  Frantzman déclare que l’ONU, l’OTAN, la Russie et d’autres acteurs étrangers impliqués dans la guerre syrienne seraient prêts à soutenir la Turquie dans son nettoyage ethnique des Kurdes du Rojava. 

Voici l’article de Frantzman traduit depuis l’anglais :

« Il semble maintenant que l’OTAN, l’ONU, la Russie et d’autres puissances mondiales s’emploieront à empêcher le retour des personnes qui ont fui l’offensive de la Turquie et à en installer d’autres à leur place.
 
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a semblé soutenir un projet turc visant à installer des millions de réfugiés, principalement des Arabes, originaires d’autres régions de la Syrie, dans une région où plus de 180 000 Kurdes avaient été contraints de fuir ces dernières semaines. Le dirigeant des Nations unies a remercié la Turquie pour sa coopération et son soutien forts et a décidé de constituer une équipe chargée d’étudier la proposition de la Turquie et de dialoguer avec elle. Le service de presse des Nations Unies a publié une déclaration se prêtant au plan turc et cherchant à l’étudier.
 
Au cours des discussions, le chef de l’ONU n’a pas critiqué l’offensive militaire turque d’octobre qui a entraîné des violations des droits de l’homme, notamment des assassinats extrajudiciaires et des vidéos d’exécutions de prisonniers par des groupes rebelles syriens soutenus par la Turquie. L’ONU n’a pas non plus déclaré que les 180 000 civils, que ses propres experts ont enregistrés en fuite, ont le droit de rentrer chez eux dans le nord de la Syrie. Au lieu de cela, l’ONU étudie maintenant comment mettre en œuvre une occupation turque du nord de la Syrie et comment travailler avec Ankara sur une «zone de sécurité». Le HCR, censé garantir le droit des 180 000 personnes forcées de fuir à cause de l’offensive turque, Il va maintenant être demandé d’étudier la proposition de les remplacer par 3,6 millions d’autres réfugiés syriens vivant en Turquie.
 
Il semble maintenant que l’OTAN, l’ONU, la Russie et d’autres puissances mondiales s’emploieront à empêcher le retour des personnes qui ont fui l’offensive de la Turquie et à en installer d’autres à leur place, avec l’imprimatur de l’approbation de l’ONU. L’OTAN a soutenu l’offensive de la Turquie, affirmant que les problèmes de sécurité la rendent acceptable, ne demandant que la retenue d’Ankara. Jusqu’à présent, la contrainte a signifié que des centaines de milliers de personnes sont sans abri en trois semaines.
 
La Turquie et ses mandataires occupent maintenant une partie du nord de la Syrie, notamment à Afrin, où 160 000 Kurdes ont été expulsés en 2018, et à Idlib, où résidait Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique, et à Jarabulus. La Turquie n’a pas une semaine pour installer des réfugiés syriens dans ces régions, elle souhaite seulement envoyer des réfugiés d’autres régions de la Syrie dans des zones où vivent des Kurdes, en utilisant des groupes de rebelles syriens soutenus par la Turquie pour nettoyer leurs terres avant la réinstallation. Ankara appelle cela une « zone de sécurité », mais pour les 300 000 personnes qui ont fui les combats, la situation n’est pas sûre. Les médias décrivent des exécutions et des attaques contre des civils. Les États-Unis ont aidé la Turquie à atteindre son objectif en ouvrant l’espace aérien à une offensive turque et en s’employant à exclure les Kurdes du processus de Genève soutenu par l’ONU pour l’adoption de la constitution syrienne. Les États-Unis ont exclu leurs propres forces démocratiques syriennes, un groupe que les États-Unis ont contribué à créer en 2015, à partir de Genève, et excluant d’autres groupes kurdes de l’est de la Syrie. L’ONU, la Turquie, la Russie et d’autres se sont également assurés d’empêcher la participation de représentants de la minorité kurde de l’est de la Syrie. La Russie s’est engagée dans des patrouilles communes dans l’est de la Syrie avec la Turquie ces derniers jours. La jeunesse kurde a lancé des pierres sur les véhicules de l’armée turque, pour protester contre l’occupation militaire.
 
L’étude de l’ONU sur le plan d’Ankara visant à installer la Syrie de l’est pourrait bien être la première fois que l’ONU s’emploie activement à réinstaller les personnes d’un pays se trouvant dans une région inconnue tout en veillant à ce que les personnes qui ont fui ne puissent pas retourner chez elles. Les Kurdes et leurs partisans ont déclaré que cela équivalait à un nettoyage ethnique. Si tel est le cas, l’ONU pourrait contribuer à l’épuration ethnique, ce qui constitue un changement majeur par rapport au mandat habituel de l’ONU. Dans d’autres cas, l’ONU s’est généralement opposée à la guerre et aux invasions comme moyen de résoudre les problèmes et a soutenu le retour des réfugiés et de leurs droits. Cependant, l’invasion de la Syrie du Nord par la Turquie, proposée lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, a reçu le soutien du secrétaire général des Nations unies.(…) »
 
L’original de l’article publié ici
Image Jacques Leleu