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Les militants internationalistes engagés dans les Forces Démocratiques Syriennes

Ils sont près de 700 volontaires internationaux à avoir rejoins les Forces Démocratiques Syriennes (FDS). Parmi eux, beaucoup de militants se sont rendus au Kurdistan de Syrie dans les pas des philhellènes grecs et des brigadistes internationaux de 1936 afin de défendre une révolution basée sur le confédéralisme démocratique.
 
Quelle est la situation géopolitique de la région ? Quel est ce confédéralisme  démocratique ? Comment et où sont accueillis les militants internationalistes ? Qui sont-ils ? Comment expliqué leur engagement ? Celui des militantes ? Que font-ils au Kurdistan de Syrie ? Comment se passent leur retour ? Quelle est leur situation politique, judiciaire et psychologique ? C’est à ces questions qu’a voulu répondre un étudiant de Nanterre [qui a préféré garder l’anonymat], soutien pour les droits des kurdes et à la révolution du Rojava, dans ce mémoire de première année de master de sociologie.
 
Extrait de l’introduction : En Syrie, les protestations débutent dès 2011, alors que la révolution tunisienne touche à sa fin, par des manifestations pacifiques rapidement réprimées qui conduiront à la désertion de soldats et d’officiers de l’armée. La même année, dans une partie du nord du pays, le régime décide de retirer ses troupes ce qui entraîne sa prise de contrôle de facto par une force à majorité kurde, les YPG (Yekîneyên Parastina Gel, les Unités de Protection du Peuple), qui s’affronteront au régime sur d’autres zones du nord où il ne s’était pas retiré. Aujourd’hui neutres, les deux parties s’affrontent de manière sporadique. Le régime reprendra les principales villes du pays alors en partie ou en totalité aux mains de l’Armée Syrienne Libre (ASL), opposition armée composée de groupe idéologiquement hétéroclites, islamistes et/ou nationalistes, notamment Alep en décembre 2016, Homs en mai 2017 et Palmyre reprise à l’État Islamique en mars 2017.
 
Les YPG s’affronteront aussi à certains groupes islamistes et/ou nationalistes de l’ASL qui s’opposent au projet séculier et fédéraliste qui a lieu en Syrie du Nord et de l’Est, ainsi qu’à l’armée turque lors de la bataille pour le canton d’Afrin du 20 janvier 2018 au 18 mars de la même année.
 
Les kurdes constituent le peuple sans État le plus important au monde. Deux millions d’entre eux vivent en Syrie, au nord du pays et appellent cette région le Rojava (qui signifie « Ouest » en kurmandji, la région correspondant à l’ouest du Kurdistan). Durant le mandat d’Hafez Al-Assad puis de son fils Bachar Al-Assad du parti Baath, les kurdes connaissent une ségrégation culturelle, sociale, économique et politique, notamment à travers l’interdiction d’apprentissage et d’usage public de la langue kurde, la spoliation de terres, le refus de citoyenneté pour des milliers d’entre-eux ainsi qu’un taux de chômage important.
 
La résistance des forces kurdes contre les djihadistes sunnites et panislamistes de l’État Islamique lors de la bataille de Kobanê qui se termina le 26 janvier 2015 après quatre
mois de combats et la tentative de génocide par ces mêmes djihadistes de la minorité kurde yézidie en août 2014 du mont Sinjar, au nord de l’Irak, médiatisera l’existence de ces acteurs régionaux. Cette bataille s’est déroulée alors que l’État Islamique avait atteint son apogée, en s’emparant près de la moitié de l’État syrien et un tiers de l’État irakien durant cette année. Son territoire était alors délimité à la région d’Alep au nord-ouest, celle de Damas au sud-ouest, de la ville de Mossoul au nord-est et de la région de Bagdad au sud-est.
 
Pour lutter contre le régime syrien et surtout l’État Islamique, des kurdes des autres régions du Kurdistan, notamment du PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan), ainsi que des membres de la diaspora kurde en Occident, rejoindront le nord de la Syrie. A leurs côtés, ils sont entre 500 et 700 anciens militaires, notamment américains, militants et aventuriers, intéressés par la rétribution médiatique d’un tel engagement, à rejoindre les rangs kurdes depuis la fin de l’année 2014.