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Politiciens suisses : Nous ne pouvons restés silencieux devant les grèves de la faim

LAUSANNE – Une conférence a été organisée à Lausanne pour attirer l’attention sur l’isolement du leader kurde Abdullah Öcalan et les grèves de la faim ainsi que les jeûnes de la mort. De nombreux politiciens suisses dont quatre députés ont assisté à la conférence qui s’est tenue à Lausanne Pôle Sud.
 
Nicolas Rochat Fernandez, député du parti socialiste suisse, Marie-Claire Caloz-Tschopp, académicienne à l’Université de Lausanne, Husnu Yilmaz, juriste, Demir Celik, député kurde en exil et la députée du parti HDP, Dersim Dag qui est en grève de la faim depuis 59 jours – via skype -, ont pris la parole lors de la conférence.
 
Dersim Dag a informé le public sur les raisons des grèves de la faim en cours.
 
Les participants suisses ont posé de nombreuses questions, notamment au sujet du dirigeant kurde Abdullah Ocalan.
 
Demir Celik a expliqué la philosophie d’Abdullah Ocalan.
Quand à Husnu Yilmaz, il a évoqué les grèves de la faim dans l’histoire contre les régimes fascistes. Il a souligné la lutte des Kurdes pour la paix et la liberté. Il a présenté 4 ouvrages d’Ocalan qui ont reçu un grand intérêt par le public.
 
Le député suisse, Nicolas Rochat Fernandez a rappelé l’importance d’Ocalan pour la paix entre l’Etat turc et la partie kurde et a déclaré qu’il était important qu’on lutte contre son isolement.
 
Pendant la soirée, un documentaire retraçant la vie d’Ocalan a également été projeté.
 
Des membres de quatre parti politiques suisses ont signé l’appel » lancé au Conseil de l’Europe et au dirigeants suisse pour qu’ils interviennent auprès de la Turquie contre l’isolement d’Ocalan :
 
•Nicolas Rochat Fernandez, Député du parti socialiste
•Alberto Mocchi, président des Verts du canton de Vaud, conseiller municipal
•Hadrieu Buclin, député du parti Solidarité
•Karine Clerk, conseillère municipale de la municipalité Renens, membre du POP – Parti ouvrier populaire.
 
Voici l’appel lu lors de la soirée:
 
« Appel au Conseil de l’Europe et au Parlement suisse
 
Ne restons pas silencieux face à une grève de la faim de masse.
 
Au Kurdistan, en Turquie et dans plusieurs pays européens – dont la Suisse – des milliers de kurdes ont entamé une grève de la faim pour exiger, d’une part, la fin de l’isolation cellulaire infligée à Abdullah Öcalan, qui ne peut pas recevoir la visite de ses avocats depuis le 27 janvier 2011 et la délégation du Parti démocratiques des peuples depuis le 5 avril 2015, et d’autre part, pour obtenir la reprise d’un véritable processus de paix. Ainsi, les grévistes requièrent le respect des principes d’un Etat de droit. En effet, les conditions de l’isolation cellulaire, son prolongement, violent les droits fondamentaux des détenus, elles constituent un traitement inhumain et dégradant. Les revendications des grévistes sont minimales en ce sens qu’elles impliquent avant toute chose le respect du droit national turc et du droit international. De même, les grévistes expriment leur volonté à ce qu’une paix juste et équitables soit négociée entre les deux parties au conflit.
 
A Genève, une personne est en grève de la faim depuis le 20 février 2019. C’est Leyla Güven, députée HDP incarcérée en Turquie, qui a initié ces grèves de la faim le 7 novembre 2018, dans la prison d’Amed. Elle a été relâchée en janvier suite à la pression internationale. Le 16 décembre, 331 prisonnier-ère-s politiques kurdes ont également débuté une grève de la faim. Ils ont été rejoints par près de 7000 prisonnier-ère-s politiques kurdes ou non, le 1er mars. Entre-temps, des centaines de Kurdes ont rejoint les grèves de la faim en Turquie, Irak, Ecosse, Pays-Bas, France, Autriche, Suisse ou encore Belgique.
 
L’ampleur du mouvement et la durée de ces grèves de la faim témoignent de la situation dramatique du peuple kurde, qui subit une répression féroce en Turquie (sans parler de l’Irak, de l’Iran ou de la Syrie) et qui est victime d’une agression militaire dans la province d’Afrin. Le régime d’Erdogan poursuit sa dérive autoritaire. La censure, l’incarcération des opposant-e-s et les agressions militaires sont devenues monnaie courante au Kurdistan. Plus largement, c’est toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique de l’AKP qui sont victimes de la répression, notamment les membres du HDP, dont les anciens co-présidents Figen Yuksekdag et Selahattin Demirtas sont actuellement en prison.
 
Devant ces agressions systématiques, la violation des droits humains et démocratiques élémentaires, le Conseil de l’Europe et le Parlement suisse ne peuvent rester muets. Il est urgent de prendre clairement position en faveur du droit du peuple kurde à l’autodétermination et pour la libération des prisonniers politiques. De par son engagement historique en faveur des droits humains, le Canton de Vaud a le devoir de se positionner.
 

Il nous semble aujourd’hui urgent que les instances européennes et suisses se mobilisent pour défendre les droits fondamentaux des minorités et les droits démocratiques en Turquie. Les dernières élections ont affaibli le gouvernement turc et il faut agir rapidement pour soutenir les forces démocratiques. »

Image via ANF