Nuri Dersimi (à droite), avec deux autres militants kurdes, enchaînés dans la prison turque de Divriği, à Sivas, en 1921.
L’intellectuel et activiste kurde de confession alévie, Mehmet Nuri Dersimi est né en 1893 à Dersim. Il est mort le 22 août 1973 à Alep et a été enterré à Afrin. Après l’invasion d’Afrin, les mercenaires de la Turquie ont détruit sa tombe.
Surnommé Baytar (vétérinaire), Dersimi commença à étudier à l’école de vétérinaire d’Istanbul en 1911. il est devenu membre de l’association kurde Hevi-Kürt Talebe Cemiyeti (Association de l’espoir des étudiants kurdes) et en 1912 secrétaire du Kürdistan Teali Cemiyeti (la Société de l’Eveil du Kurdistan). Pendant la Première Guerre mondiale, il fut envoyé comme vétérinaire par le gouvernement ottoman à Erzincan en 1914. A Erzincan, il a été témoin de massacres d’Arméniens. En raison de ses activités politiques, il a été transféré à Kangal, à Sivas en 1916. Là, il a épousé Sevli, la fille d’un notable kurde. Peu de temps après, il fut envoyé à Giresun. En 1918, il retourna à Istanbul et termina ses études.
Après ses études, Dersimi est retourné à Sivas et organisa le soulèvement de Koçgiri en 1920. Dersimi est devenu une personne importante du soulèvement et le conseiller de Said Rıza. Après le soulèvement de Koçgiri, il est allé à Dersim. Il a également été impliqué dans le premier soulèvement de Dersim. Mais il a perdu trois de ses frères et son fils Ali à Koçgiri. Après le déclenchement du soulèvement du Dersim en 1937, Dersimi s’est enfui en Syrie, mais a dû se rendre à Amman en 1938 car le mandat français en Syrie l’avait expulsé sous la pression de la Turquie. Dersimî a perdu sa fille dans le soulèvement Dersim. Il l’a décrit ainsi :
« En rangs, des filles et des femmes kurdes se sont jetées dans les bras de la mort en se jetant dans les abîmes ou en se tirant dessus pour ne pas tomber entre les mains des Turcs. (…) Parmi ceux qui se sont jetés dans les gorges d’Iksor se trouvait ma fille de quatorze ans, « Fato ».
– Cité d’après Hans-Lukas Kieser : Mehmet Nuri Dersimi, un Kurde demandeur d’asile.
En 1940, il retourna à Alep en Syrie où il est resté jusqu’à sa mort en 1973. Il aurait creusé sa propre tombe 10 ans avant sa mort. Il est enterré près d’Afrin. Après l’occupation d’Afrin par l’armée turque en violation du droit international, de nombreux cimetières, dont la tombe de Nuri Dersimi et de son épouse Zarife, ont été détruits.