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Un an d’occupation turque à Afrin

Il y a un an, l’armée turque a lancé ses attaques contre la région d’Afrin. Les attaques devaient ouvrir la voie à l’invasion terrestre d’Afrin par la Turquie et ses alliés mercenaires.
 
A Afrin, une tragédie humaine a eu lieu devant les yeux du monde. Les cas de destruction, d’enlèvement, de rançon, de viols et de destruction systématique de la nature augmentent de jour en jour.
 
Depuis le 18 mars, le canton d’Afrin, dans le nord de la Syrie, est occupé par les soldtas, les mercenaires et les djihadistes de la Turquie. Depuis un an déjà, les informations faisant état de victimes de torture, de pillages, de vols, d’enlèvements et de répressions violentes n’ont pas cessé. De nombreuses personnes qui ne voulaient pas quitter Afrin lors de l’évacuation de mars ont dû fuir plus tard en raison des atrocités commises par les forces d’occupation.
 
L’État turc a attaqué Afrin par voie aérienne et terrestre le 20 janvier. Des milices d’Al-Qaïda, d’Al-Nosra ou de l’État islamique (DAESH), ont été incorporées dans les groupes de la soi-disant « Armée syrienne libre » (ASL) et ont dirigé l’opération d’occupation de la Turquie contre Afrin. Des hommes, des femmes et des enfants ont été tués sans discernement. Après que les groupes salafistes soient entrés dans la ville d’Afrin le 18 mars, la destruction des symboles de l’autonomie gouvernementale et le pillage de la ville ont commencé. Les puissances mondiales, les États-Unis, l’Union européenne et l’ONU, qui craignaient elles-mêmes la propagation du modèle de démocratie de base, ont accepté par leur silence les massacres, les meurtres, les pillages et les expulsions.
 
Le président turc a qualifié les milices de pillage et d’assassinat de « forces nationales » de style néo-ottomane. Ces milices ont été chargées de modifier la démographie de la région par des massacres, des expulsions, des pillages et des occupations.
 
Alors que le monde ferme les yeux sur le nombre croissant de crimes dans la ville, ceux qui ont refusé de quitter Afrin ont été contraints de fuir après le 18 mars sous la torture, la répression, les enlèvements et les meurtres. À la place de la population évadée d’Afrin, les milices de l’ASL et leurs familles évacués de Ghouta conformément à un accord avec la Russie y ont été installés. Il y a 41 000 personnes et la politique de peuplement est toujours en cours. Les milices de la Ghouta sont des djihadistes des groupes Faylaq al-Rahman, Jaisal al-Islam, Tahrir al-Sham et Ahrar al-Sham. Ils ont également commencé à terroriser les personnes qui restaient à Afrin et à piller tout ce qui restait comme « butin de guerre ». Les opposants ont été torturés et enlevés, tandis que des cimetières, des lieux sacrés et historiques ont été dévastés et que des objets antiques ont été volés et vendus. La langue kurde a été interdite et les gens ont été forcés d’utiliser les langues arabe et turque. Les drapeaux turcs et de photos d’Erdoğan a été rendus obligatoire dans les lieux publics. En particulier, les localités alévies et yézidies ont été complètement dévastées.
 
Les attaques contre la mémoire culturelle comprenaient la destruction de :
 
– Le cite archéologique d’Ain Dara construite avant 1 300 avant JC, près du village de Girê Darê,
 
– Le site hurrien Nebî Hûrî ou Cyrrhus construit en 2500 avant JC, reconnu par l’UNESCO comme lieu de protection au Moyen-Orient
 
– L’église romane du village de Kalutê à une trentaine de kilomètres au sud d’Afrin,
 
– un château,
 
– une église
 
– de nombreux autres bâtiments historiques de l’époque romaine dans le village d’Elbîzka situé à 40 kilomètres au nord-ouest d’Afrin,
 
– des bâtiments historiques de la période de Mitanni dans le village de Kolpe, à 15 kilomètres au sud-est d’Afrin.
 
Alors que les bâtiments historiques millénaires d’Afrin ont été délibérément détruits, des morceaux d’objets et des structures ont été volés par des membres de l’armée syrienne libre (ASL) et vendus en Turquie. La majorité des objets ont été emportés à Istanbul, Ankara et Izmir. À ce jour, environ 16 000 objets historiques d’Afrin auraient été emportés en Turquie. Le directeur du Musée de la Syrie, Mehmud Hemûd, a déclaré que le nombre de pièces volées devait dépasser 16 000 pièces et a expliqué que le « Comité d’enquête sur les objets volés » n’avait pas encore été en mesure de produire un décompte final.
 
Les forces d’occupation ont également détruit des sites religieux, parmi lesquels :
 
– Le cimetière Şêx Zêd dans le district de Zêdiyê à Afrin,
 
– Le cimetière Şehîd Seydo à Jindires,
 
– Le cimetière de Rajo,
 
– La tombe du docteur Nurî Dersimi sur la route de Meydankê.
 
À Afrin et dans les environs, douze cimetières yézidis ont été dévastés. Les points de contrôle militaires ont été construits sur les cimetières détruits qui sont; le cimetière de Şêx Berekat près de Basufan, le cimetière de êx Rikab près de iriadiriyê, le cimetière de Şêx Elî à Basufan, le cimetière de Çelxane près de Qîbarê, le cimetière de êx Kursi près de la ville d’Altlib, Qestel Cindo, le cimetière Şêx Seyda près de Feqîra, le cimetière Bîr Cefer près de Meşla, le cimetière Şêx Xerbî de Sinka et le cimetière de Hogir près de Cirne.
 
Au cimetière Şêx Berekat, l’armée turque a construit une base.
 
Les Yézidis et les Alévis qui restent à Afrin sont forcés de se convertir à l’islam. Ceux qui refusent sont attaqués, torturés, insultés et volés. 22 villages essentiellement yézidis d’Afrin ont été complètement détruits par l’armée turque et ses milices et déclarés zones réglementées. Selon certaines informations, des mosquées sont en construction dans ces villages.
 
Les noms des 22 villages autour d’Afrin où vivent 25 000 Yézidis et des musulmans sont les suivants : Basûfanê, Feqîra, Elî Qîna, Qestel Cindo, Qîbarê, Xezawiye, Buric Ebdalo, Qitmê, Ên Darê, Tirindê, Sînka, Kefer Zêt, Îska, adîr, Kîmarê, Çeka, Aşka Rojal,
 
L’armée turque aurait construit des bases dans deux de ces villages où vivent seulement des Yézidis, Elî Qîna et Qestel Cindo.
 
La nature a également été lourdement endommagée par les forces d’occupation à Afrin.
 
Pendant une année, on suppose que plus de 9 000 arbres ont été brûlés ou abattus sur le territoire d’Afrin. Des lieux historiques ont été pillés, des artefacts historiques – patrimoine commun de l’humanité – ont été pillés et envoyés à l’étranger, et une zone de plus de 5 hectares a été incendiée.
 
Selon des sources locales à Afrin, les forces d’occupation auraient abattu les pylônes électriques le long de la route reliant les districts de Mabata à Shiye. De plus, des fils électriques ont également été volés.
 
Les envahisseurs ont abattu des centaines d’oliviers pour ouvrir des routes menant à Afrin depuis les villages frontaliers des districts de Shiye et de Jindires.
 
Les forces d’occupation ont incendié des dizaines d’oliviers et de vastes étendues forestières sur le mont Qaziqlê, dans le district de Jindires, et sur la colline située dans le quartier de Mahmudiyah, dans le centre-ville d’Afrin.
 
Les envahisseurs continuent également à piller la récolte d’olives sur le territoire d’Afrin. Les responsables du Comité de l’agriculture du canton d’Afrin ont déclaré que les envahisseurs avaient confisqué 90% de la récolte d’olives dans la région, ce qui équivaut à 100 millions de dollars américains.
 
Les envahisseurs ont volé les olives dans les districts de Bilbile et Rajo. En conséquence, les bandes Asîfet al-Shemal, Ahrar al-Sharqiya et Sultan Murad pillent les olives avec leurs familles.
 
Les mercenaires saisissent également l’huile d’olive produite par la population locale. Les gangs de Fırqat al-Hamza prélèvent une rançon de 1 000 livres syriennes pour chaque baril d’huile d’olive des familles.
 
Au cours de cette période, les forces d’occupation ont enlevé 2 350 civils. Le sort de 835 d’entre elles, dont 139 femmes, restent inconnus.
 
Les noms des écoles et des rues d’Afrin étaient l’une des principales cibles de la politique de turquification menée pendant l’occupation. Des affiches du président turc Erdogan et des drapeaux de l’État turc flottent dans les rues et les routes du district de Siye.
 
L’État turc approfondit chaque jour les politiques d’assimilation sociétale et culturelle d’Afrin et impose la langue turque et l’identité turque à la population afin de favoriser l’assimilation et le nettoyage ethnique.
 
Les drapeaux turcs accrochés partout à Afrin sont des symboles de l’invasion de la ville. L’état turc a commencé à mettre en place des panneaux en turc et en arabe pour toutes les institutions de la ville et vise à éradiquer le kurde au moyen de telles pratiques.
 
Dans le cadre de ces pratiques rappelant le plan de réforme oriental de l’époque, tous les noms de rues ont été changés en turcs. La statue du forgeron Kawa, qui était le symbole de la ville, a été abattue et les soldats turcs et leurs bandes alliées ont changé le nom du rond point par le «rameau d’olivier». Le nom de la rue Wetanî a été remplacé par «Recep Tayyip Erdogan».
 
L’état turc a envoyé du matériel éducatif en turc dans les écoles, institutions fondamentales utilisées comme outils d’assimilation. Les envahisseurs forcent les enfants arabes et kurdes à apprendre le turc et ont interdit la langue kurde.
 
Les attaques d’assimilation et de nettoyage ethnique menées par l’État turc ne se limitent pas à l’affichage des portraits d’Erdogan et à l’obligation de la langue turque dans l’éducation et la vie quotidienne. Une autre preuve de la turquification forcée est la carte d’identité turque remise aux habitants d’Afrin qui indique qu’ils sont des «étrangers».
 
La situation est particulièrement difficile pour les femmes. Selon des informations rapportées, des dizaines de filles et de femmes ont été enlevées jusqu’à présent dans la ville d’Afrin, envahie le 18 mars. Elles sont actuellement détenues dans des maisons situées près de la rue Vilayat, dans le centre-ville, et soumises viols systématiques de la part des soldats de la Turquie.