Le Pacte mondial pour une migration sûre, signé lors de la Conférence internationale convoquée par l’ONU et qui s’est tenue à Marrakech, au Maroc, a finalement laissé plus de doutes que de certitudes.
Le document d’intention peut être compris comme une tentative de normalisation à l’échelle mondiale des critères relatifs à la montée en puissance et à la complexité croissante d’un phénomène migratoire mondial, pour des raisons interdépendantes telles que la pauvreté et le sous-développement, les guerres ou les persécutions pour diverses raisons (politiques, ethniques, religieuses, …).
En dépit des bonnes intentions de l’ONU et du fait qu’il s’agit en définitive d’un document de bonne volonté qui n’oblige en rien ses signataires à rien de concret ni d’évaluable, le refus d’un groupe important de pays de signer même cet accord est déjà en soi un échec clair.
Deux aspects ont été la pomme de discorde de la part des signataires absents: le premier est que l’Accord limite sa souveraineté nationale en matière de politique migratoire (un argument curieux lorsque ces mêmes pays prônent une économie mondialisée qui viole de manière permanente sa souveraineté économique, au profit des élites).
Le deuxième aspect et la raison de ne pas signer le document pour beaucoup ont été le fait que l’Accord reconnaît la migration comme un « droit humain », ce qui doit être respecté.
Un peu plus de 150 pays ont signé le Pacte mondial, sans rien engager en particulier.
Si nous groupions les pays selon leurs positions, nous constaterions que les pays accueillant le plus grand nombre d’immigrants et de réfugiés, tels que les États-Unis, le Canada, l’Italie ou l’Australie, ont refusé l’accord. Un autre groupe, avec la même attitude négative mais pour des raisons différentes, est celui des pays d’Europe centrale et orientale qui sont devenus un nouveau « rideau de fer », en tant que barrière anti-migration (Pologne, Hongrie, République tchèque, Estonie).
Nous pourrions ensuite désigner un troisième groupe de gouvernements dont l’attitude semblerait contradictoire, étant donné qu’ils sont des «exportateurs» de migrants, mais ils indiquent que la question elle-même est complexe et contient de nombreuses nuances et réalités régionales.
C’est le cas, par exemple, de la République dominicaine, qui n’est pas signataire. Bien que exportatrice naturelle de migrants en Espagne et aux États-Unis, elle accueille également une forte population d’immigrants (non désirés par sa couleur) en provenance d’Haïti voisin.
Il en va de même pour le Chili qui « exporte » une population jeune mais reçoit en même temps des Boliviens qui constituent apparemment un danger pour sa « sécurité nationale », compte tenu des prétentions de cette nation andine de sortie à la mer.
Pour revenir à la question initiale, le Pacte mondial est inutile et n’engage personne, mais établit des paramètres communs au niveau international et laisse surtout cette question humaine et douloureuse sur la table en attente d’attitudes et de solutions humaines.