AccueilMoyen-OrientIranLe pouvoir iranien & l'opposition sourds devant la colère des Kurdes

Le pouvoir iranien & l’opposition sourds devant la colère des Kurdes

IRAN / ROJHELAT – Depuis 16 jours, les Kurdes de plusieurs villes du Rojhelat (Kurdistan iranien) sont en grève contre la fermeture des frontières d’avec le Kurdistan irakien. Mais, hormis les journalistes kurdes, aucun journaliste en Iran ni dans le monde n’en parle.

La région kurde du Rojhelat, en Iran, est une région riches en matières premières telles que le pétrole, le gaz, l’or, etc. Mais sa population ne voit que la poussière de ses richesses. Même les personnes qui travaillent dans les exploitations des matières premières du Rojhelat sont majoritairement des gens d’autres région d’Iran. C’est rare que les entreprises engagent la population locale. De plus, aucun gouvernement, ni avant la révolution de 1979, ni après, n’a essayé d’investir afin de développer le Rojhelat. Ils ont même aggravé la pauvreté dans la région, en mettant en places des barrières administratives et militaires. Ils empêchent les personnes qui veulent investir dans la région du Rojhelat. Ce qui pousse les entrepreneurs kurdes qui ont les moyens de partir dans les grandes villes iraniennes car c’est plus faciles de gérer leur entreprise là-bas plutôt qu’au Rojhelat.

Dans ce contexte, la majorité des jeunes du Rojhelat, quelque soit leur niveau d’éducation, se retrouvent sans emploi. C’est pourquoi, beaucoup d’entre eux se tournent vers des travaux physiques de kolbar (porteur de marchandises entre le Kurdistan d’Irak et d’Iran). C’est-à-dire, qu’ils vont vers la frontière du Kurdistan d’Irak et portent les marchandises sur leur dos jusqu’aux villes du Rojhelat proches de la frontière afin de gagner leur vie.

Le travail de kolbar est tellement épuisant qu’après quelques années, beaucoup d’entre eux tombent malade ou deviennent handicapés. Sans parler des dangers liés aux itinéraires qu’ils empruntent dans la montagne afin d’échapper aux gardes frontières. Mais, de manière générale, les gardes frontières les laissent passer contre de l’argents (bakchish). Mais, d’autres fois, les gardes tirent sur les kolbars et les tuent sans aucune justification. Il faut savoir que cette région est militarisée depuis la révolution de 1979, alors, selon la loi, les forces armées ont le droit de tuer sous n’importe quel prétexte.

Malgré tous les dangers, ces dernières années, le nombre des porteurs (kolbars) augmente sans cesse car la plupart d’entre ne veulent pas juste gagner leur vie mais ils ont une famille à nourrir. Ils sont obligés de faire ce travail, peu importe le prix.

Mais depuis un mois, le gouvernement iranien a fermé complètement toute les frontières du Kurdistan irakien en collaboration avec Bagdad. Ainsi, des milliers de familles de kurdes ont perdu leurs sources de revenus et des milliers de jeunes kurdes n’ont plus d’emploi. C’est pourquoi depuis 16 jours, les kolbars et les commerçants du Rojhelat sont en grève dans plusieurs villes pour que le gouvernement ouvre la frontière ou leur crée des empois qui leur permettront de vivre décemment. Mais jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de  réponse de la par de gouvernement qui reste muet devant la colère justifiée des Kurdes. Pire encore, les autorités iraniennes menacent les grévistes kurdes et dans certaines villes, les forces armées iraniennes ont tué sauvagement des dizaines des chevaux et de mulets que les kolbars utilisaient pour faciliter le transport de leurs marchandises.

Devant la répression implacable du pouvoir iranien contre sa population du Rojhelat, l’opposition et les médias en Iran restent silencieux. Il semblerait qu’eux aussi voient les Kurdes comme des citoyens de seconde zone, réconfortant l’idée selon laquelle les Kurdes n’ont d’amis que les montagnes…