Partie 2 : La colonie de Shehba … un autre Iskenderun ?
Les tentatives d’occupation néo-ottomane des régions du nord de la Syrie sont en cours. Elles ont été réalisées auparavant par le biais de la coordination entre les mercenaires de Daesh et la Turquie, et elles sont aujourd’hui réalisées ouvertement par la Turquie avec tous ses pouvoirs.
Les zones occupées du nord de la Syrie sont comme un nouvel État turc. En d’autres termes, la politique de turquisation dans le nord de la Syrie se déroule sous les yeux du monde qui se tait.
La région de Shehba sur le chemin d’Iskenderun
En 2011, la révolution a éclaté en Syrie. La Turquie est intervenue et a contribué à déformer la révolution en la finançant et l’armant. Elle à exporter les militants vers la Syrie pour la détruire puis à intervenir militairement pour occuper plusieurs villes syriennes dans un scénario qui rappelle l’occupation d’Iskenderun.
La Turquie met en oeuvre, ses politiques antérieures à Iskenderun, dans la région de Shehba, dans le nord de la Syrie. Elle a d’abord commencé à déplacer les peuples autochtones, en particulier les Kurdes, dans les zones occupées telles que Jarablus, al-Bab, Azaz et al-Rai.
Puis, elle a changé les noms des villes syriennes en turc, tout comme Iskenderun qui a pris le nom d’Hatay, a hissé le drapeau turc et brandi des images d’Erdogan, imposé des programmes d’enseignement en turc, et récemment, la Turquie a ouvert des académies et des universités turques pour construire une génération turque dans le nord de la Syrie. Une nouvelle génération qui voterait pour l’intérêt de la Turquie par un référendum qu’elle pourrait organiser dans le futur afin d’annexer ces régions, en plus d’accorder la citoyenneté à des milliers de Syriens en Turquie pour les envoyer dans les régions qu’elle occuperait plus tard.
Les allégations fréquentes de la Turquie avec le début de la crise syrienne visant à protéger les Turkmènes dans les zones du nord de la Syrie rappellent les mêmes allégations faites à Iskenderun à protéger les Turcs. Les allégations d’aujourd’hui ont préparé le terrain pour l’entrée de la Turquie dans le canton de Shehba, en plus d’occuper plusieurs villes du canton.
Pratiquer la politique de turquification et isoler ces régions de leur identité culturelle et sociale syrienne signifie que ce que la Turquie a fait à Iskenderun se répète à nouveau dans le canton de Shehba.
Turquification systématique pour l’annexion de Shehba dans l’avenir
Dans les régions de Jarablus, al-Bab et Azaz, l’occupation turque a commencé à modifier la démographie de ces régions. Elle a déplacé les populations indigènes en détruisant plus de 50 villages kurdes et arabes entre les villes d’al-Bab, Azaz et Jarablus, puis a réinstallé les Turkmènes irakiens et les migrants asiatiques en plus de certains Arabes alliés de la Turquie.
Hisser les drapeaux turcs dans les zones occupées, écrire en turc sur les places publiques, et changer les noms de zones telles que le nom de la ville al-Rai en Çobanbey, et la montagne Aqeil qui surplombe la ville d’al-Bab en Bulent al-Bayrak.
Les agences de presse et les médias turcs utilisent également des noms turcs pour parler des villes et villages syriens, indiquant ainsi les ambitions turques dans les territoires syriens.
Les médias turcs appellent le mont al-Turkmen dans la campagne de Lattakia en Syrie, Bayir Bucak sachant que le nom du mont Turkmen est également apparu après la crise syrienne, ce qui signifie qu’historiquement, il n’y a pas de montagne en Syrie appelée Mont Turkmen.
A cela s’ajoute l’ouverture de succursales postales turques et l’installation de tours pour les réseaux de télécommunications turcs. Des succursales d’académies islamiques turques ont été ouvertes dans les villes de Jarablus et al-Bab. Une branche de l’Académie islamique turque Bashak Shahir a également vu le jour à al-Bab, ville du nord de la Syrie occupée, après que le Conseil de l’enseignement supérieur en Turquie a signé un contrat pour l’ouverture de cette branche.
L’académie susmentionnée reçoit un soutien financier et logistique de la municipalité de Basak Sehir, située dans la ville d’Istanbul.
Les administrateurs des zones occupées du nord de la Syrie sont des officiers turcs, et un préfet a été nommé pour chaque zone, en plus d’accrocher les drapeaux turcs et les images d’Erdogan dans les institutions.
La Turquie a aussi créé des postes militaires sur toute la ceinture entre al-Baba, Azaz et Jarablus, et le transfert de soldats et d’équipements vers ces zones est en cours.
En plus de tout ce qui précède, des tentatives systématiques de turquification dans les régions du nord de la Syrie occupées par la Turquie, connues sous le nom de Bouclier de l’Euphrate, ont été remarquées. Il est courant qu’Ankara supervise ouvertement tous les aspects de la vie dans ces zones par la présence de préfets, d’officiers turcs et de responsables de la sécurité dans la plupart des événements, cérémonies…
Ces pratiques ouvrent la voie à l’annexion de ces zones à la Turquie, et la Turquie attend peut-être l’occasion de le faire.
A suivre Partie 3 : la colonie chinoise d’Ouïghours à Idlib… La Turquie pollue le corps syrien.
Article d’origine : http://www.hawarnews.com/en/haber/turkish-colonies-in-syria-to-repeat-iskenderun-banners-experience-2-h888.html