PARIS. La journaliste révolutionnaire, Zehra Kurtay est en grève de la faim

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PARIS – La journaliste révolutionnaire, Zehra Kurtay est en grève de la faim illimitée contre la révocation de son statut de réfugiée politique. La France va-t-elle réparer son erreur ou prendre le risque d’être responsable de la mort d’une femme innocente ayant échappé à la barbarie turque ?
La journaliste révolutionnaire réfugiée en France en 2007, Zehra Kurtay est arrêtée en 2008 par les autorités françaises pour avoir distribué le journal révolutionnaire turc « Kurtuluş », dont elle fut rédactrice quand elle vivait à Istanbul dans les années 1990. Elle est condamnée en 2012 à cinq ans de prison pour « financement d’une organisation terroriste [THKP-C*] ». A cause de sa santé fragile due à des séquelles d’une grève de la faim qu’elle avait menée en Turquie où elle a passé plus de 9 ans en prison pour ses idées révolutionnaires, Kurtay est libérée en 2016, après 4 ans d’emprisonnement.
En 2018, les autorités françaises révoquent le statut de réfugié politique accordé à Zehra Kurtay qui ne l’apprendra que 2 ans et demi plus tard (en 2021), quand elle voudra renouveler sa carte de séjour de 10 ans. Alors, Elle installe un stand dans une rue du quartier de Strasbourg-Saint-Denis, à Paris, pendant 2 ans et demi. Ainsi, elle pourrait avoir des récépissés provisoires de séjours renouvelables tous les trois mois jusqu’en 2024. Le 26 mai 2025, lorsqu’elle se rend à la préfecture de Val de Marne, Elle est arrêtée et se trouve sous le coup d’une procédure d’obligation de quitter le territoire français (OQTF). Elle apprend qu’avant même son arrestation, la préfecture de Val-de-Marne où elle à habite, a contacté le consulat turc et obtenu un laissez – passer permettant son extradition vers la Turquie où elle est toujours sur la liste grise d’individus recherchés pour terrorisme !
Détenue au Centre de Rétention Administrative d’Oissel, Zehra Kurtay a été libérée sous contrôle judiciaire six jours plus tard grâce à la mobilisation des militants internationalistes.
Le 17 juin, Zehra Kurtay a eu deux procès : l’un pour annuler l’extradition vers la Turquie et la deuxième pour annuler le contrôle judiciaire. Mais elle n’a toujours pas de titre de séjours, elle doit se présenter tous les jours au commissariat et menacée d’extradition vers un pays.
Devant tant d’injustices, Zehra Kurtay a entamé une nouvelle grève de la faim le 3 juillet dernier et installé une tente à la Porte de Saint-Denis à Paris (boulevard Saint-Denis, 75010 Paris) où un collectif de militants l’épaule tandis que de simples passants viennent écouter l’histoire invraisemblable d’une féministe révolutionnaire ayant résisté au fascisme turc et qui est prête à mourir pour obtenir justice pas uniquement pour elle mais avant tout pour les laissés-pour-compte de la société, les étrangers, les victimes du racisme…
Zehra Kurtay est atteinte du syndrome de Wernicke-Korsakoff (SWK), maladie neurodégénérative provoquée par une grave carence en thiamine (vitamine B1), provoquée par sa grève de la faim qu’elle avait menée alors dans les geôles turques, la santé de Zehra Kurtay est très affaiblie. Elle souffre de nombreux maux, dont des problèmes d’amnésie, d’équilibres, de vue. Une nouvelle grève de la faim pourrait être fatale pour Kurtay, si les autorités françaises tardent à répondre à ses demandes de justice.
Par ailleurs, une pétition a été lancée par le comité de soutien à Zehra Kurtay (lien de la pétitition est ici) : PÉTITION – Justice Pour Zehra Kurtay ! À l’attention de la préfecture du Val-de-Marne et de l’OFPRA Zehra Kurtay, journaliste et militante antifasciste turque, est aujourd’hui menacée d’expulsion par les autorités françaises. La France lui refuse l’asile politique, malgré les risques évidents qu’elle encourt en cas de retour dans son pays d’origine. Face à cette injustice, Zehra Kurtay a entamé une grève de la faim le 2 juillet 2025. Elle se bat pour faire valoir ses droits fondamentaux. Nous, signataires de cette pétition, exigeons : 1. L’octroi immédiat de l’asile politique à Zehra Kurtay 2. L’annulation de la décision d’expulsion vers un pays tiers Refuser l’asile à une opposante politique en danger, c’est bafouer les droits fondamentaux. Nous exigeons que les demandes de Zehra Kurtay soient acceptées ! Soutenez-la. Signez. Partagez. Mobilisez-vous.
*Le Parti-Front de libération des peuples de Turquie (turc : Türkiye Halk Kurtuluş Partisi-Cephesi, THKP-C)

Les Kurdes mettent en garde contre l’intensification de la répression suite à la guerre Iran-Israël

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IRAN / ROJHILAT – Arrestations massives, torture, exécutions… les partis et formation politiques du Kurdistan sous l’occupation iranienne sont catastrophés face à l’intensification de la répression ciblant les militants politiques et les civils à la suite de la récente guerre Iran-Israël et mettent en garde contre une répétition du massacre de milliers de prisonniers politiques commis par le régime durant l’été 1988. Dans un communiqué commun publié par huit formations politiques et associatives du Kurdistan oriental, on signale qu’« avec l’annonce d’un cessez-le-feu dans la guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël, la République islamique a lancé une nouvelle vague de répression, caractérisée par des arrestations arbitraires, des poursuites et des condamnations à mort, en particulier au Kurdistan, mais aussi dans tout le pays. » La déclaration, dont l’agence ANHA a reçu une copie, indique que les services de sécurité iraniens ont créé un environnement dangereux pour les prisonniers politiques en portant contre eux des accusations fabriquées et en les poursuivant, tandis que la loi sur « l’espionnage » est examinée par le parlement et le pouvoir judiciaire pour renforcer la répression légale. Les organisations kurdes ont signalé que le nombre de détenus a dépassé le millier, tandis que le rythme des exécutions s’accélère. Le communiqué mentionne l’exécution d’Idris Ali, Azad Shojaei et Rasoul Ahmed, trois kolbars (colporteurs de marchandise transfrontalière) kurdes, accusés de « collaboration avec Israël ». Parallèlement, plusieurs prisonniers kurdes, notamment ceux de Bukan, sont sous la menace d’une exécution imminente après avoir été condamnés à mort il y a trois ans. Les partis et organisations ont souligné que le régime iranien recourait systématiquement à la répression interne chaque fois qu’il échouait face aux crises extérieures. Ils ont expliqué que l’absence persistante de réponses nationales et internationales fortes pourrait ouvrir la voie à une répétition de la tragédie de 1988, lorsque des milliers de prisonniers politiques avaient été exécutés après le cessez-le-feu avec l’Irak. Appel à l’action internationale Le communiqué met en garde contre les risques croissants qui pèsent sur les militants politiques et civils, en particulier les prisonniers politiques, et appelle la communauté internationale à agir d’urgence. L’appel s’adresse spécifiquement à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les droits humains en Iran, Mai Sato, aux centres et organisations internationaux de défense des droits humains, ainsi qu’à l’opinion publique mondiale. Le communiqué appelle à « s’opposer à cette politique répressive et inhumaine par tous les moyens et à ne pas permettre au régime iranien de continuer à commettre des crimes contre ceux dont le seul crime est de revendiquer leurs droits politiques, civils et humains ». Il a également appelé les partis et organisations politiques iraniens, ainsi que les militants iraniens et kurdes à l’étranger, à « élever la voix à travers des événements et des réunions, en solidarité avec les prisonniers politiques et en soutien à un mouvement de protestation national et kurde capable de briser le silence et d’ouvrir un nouvel horizon de lutte démocratique dans le pays ». Partis et formations politiques signataires du communiqué : Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK) Parti pour la libération du Kurdistan (PAK) Parti démocratique du Kurdistan iranien (PDKI) Parti Komala du Kurdistan iranien Organisation Khabat du Kurdistan iranien Parti Komala du Kurdistan Organisation Komala du Parti communiste iranien  

SYRIE. L’envoyé américain accusé d’agir contre les intérêts des Syriens

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SYRIE / ROJAVA – Les Syriens, principalement les Kurdes, accusent l’envoyé américain en Syrie, Thomas Barrack d’avoir outrepassé son rôle d’émissaire neutre. Ils le considèrent comme « complice et partial », servant les intérêts régionaux [notamment de la Turquie] au détriment des ententes internes syriennes.   Des militants syriens et des observateurs de la situation syrienne ont condamné les récentes déclarations de Thomas Barrack, l’Ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial du président américain Donald Trump en Syrie. Ce dernier affirme que le fédéralisme est impossible en Syrie, que le nord-est de la Syrie tarde à négocier avec le gouvernement de transition et que les Forces démocratiques syriennes n’ont qu’une seule voie : Damas. Ils estiment que ces déclarations outrepassent le rôle de médiateur neutre de l’envoyé et le placent dans une position partiale, voire complice, au détriment des efforts de rapprochement et de consensus entre les Syriens. Dans ce contexte, Rami Abdul Rahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a déclaré : « L’expérience de Paul Bremer est irréprochable en Syrie. Si vous êtes véritablement attaché à la stabilité et à l’unité du pays, votre rôle doit être celui d’un médiateur honnête, et non celui d’un acteur faisant obstacle aux accords entre Syriens. » S’adressant à l’envoyé américain, il a ajouté : « Les choses évoluaient vers une véritable entente, jusqu’à vos récentes déclarations, qui ont brouillé la situation et nous ont peut-être ramenés à la première étape. » De son côté, l’écrivain et analyste kurde Shorsh Darwish estime que la déclaration de Barak n’est pas nouvelle, mais plutôt une réitération de ce que les Kurdes eux-mêmes disent depuis des décennies, concernant l’idée que la solution à la question kurde passe par Damas. Darwish a déclaré : « Les propos de Tom Barrack sont évidents pour les Kurdes de Syrie, qui affirment depuis les années 1950 que leur problème serait résolu à Damas et avec Damas. Mais imaginons un homme d’apparence digne et sage émettant une fatwa sur la politique américaine et déclarant : les élections sont la seule option pour les Américains pour choisir leur président ! » En réponse directe, l’analyste politique et ancien conseiller américain, Walid Phares, a tweeté : « Le fédéralisme fonctionne en Amérique, au Canada, en Suisse, en Belgique, en Irak et aux Émirats… et il fonctionnera également en Syrie et au Liban. » L’activiste Delbarin Kobani a posé une question pertinente : « Un envoyé américain ? Ou un porte-parole de l’occupation turque ? » Il a souligné que les déclarations de Barrack contre le projet fédéral dans le nord et l’est de la Syrie « ne reflètent rien d’autre qu’une mentalité coloniale malsaine ». Il a poursuivi : « Monsieur l’Envoyé, les peuples de la région ont décidé de leur sort de leur plein gré. Ils n’ont besoin ni de l’autorisation de votre ambassade ni du visa de votre ministère. Le fédéralisme est un projet né du sang et du sacrifice, et non un accord négocié par des voies diplomatiques corrompues. » Dans le même contexte, l’activiste de la société civile Kabar Judy a détaillé les positions de Barak, écrivant : « Non, Thomas Barak ne montre aucun amour sincère pour la cause kurde ou les FDS. Au contraire, ses positions indiquent un rejet du fédéralisme kurde, une volonté d’intégration forcée et une adoption d’une vision turque : du fait qu’il est également ambassadeur en Turquie, il s’efforce de plaire à Ankara au détriment de la cause kurde, ignorant les sacrifices des FDS. » Elle a poursuivi : « Barak ne soutient pas un avenir politique indépendant pour les Kurdes en Syrie, et ne reconnaît pas les Forces démocratiques syriennes comme une force indépendante légitime. Ses actions servent les intérêts du gouvernement de transition et de la Turquie, et contredisent les aspirations d’un peuple qui a fait des sacrifices pour protéger son territoire et construire son projet politique. » Ainsi, les observateurs estiment que l’envoyé américain a outrepassé son rôle supposé de pont de dialogue entre les Syriens, devenant davantage un « entrepreneur politique », redessinant la carte du conflit pour servir les intérêts régionaux, et non les intérêts d’un peuple las de la guerre qui cherche à construire une paix stable qui garantisse ses droits et son identité. (ANHA)

SYRIE. Les Kurdes sommés de capituler

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SYRIE / ROJAVA – Hier, à l’issus d’une réunion entre les représentants du Nord et de l’Est de la Syrie et les responsables du gouvernement de transition syrien, à laquelle ont assisté l’Envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Thomas Barrack, et le Chargé d’affaires français en Syrie, Jean-Baptiste Faivre, Thomas Barrack a déclaré au micro de Rudaw TV que le Fédéralisme exigé par les Kurdes syriens « ne fonctionnerait pas en Syrie* ». Il propose aux Kurdes de se rendre aux gangs jihadistes de HTC les mains et les poings liés pour être massacrés comme les Alaouites, les Chrétiens et les Druzes, alors qu’ils ont obtenu une autonomie locale en sacrifiant plus de 14 000 jeunes femmes et hommes face aux terroristes de DAECH / ISIS et de la  Turquie colonialiste. L’homme politique et porte-parole du parti Avenir de la Syrie a déclaré que l’essence de la crise syrienne réside dans « la forme du régime au pouvoir, fondée sur une centralisation absolue, et non pas seulement sur ses individus ». Il a souligné que le peuple syrien a le droit de déterminer un système de gouvernement compatible avec sa nature pluraliste. Le peuple syrien, avec toutes ses diverses composantes et cultures, a le droit d’être un partenaire efficace dans la construction de l’avenir de son pays à travers un système politique démocratique qui permet à tous, femmes, jeunes, groupes ethniques et religieux, de contribuer à l’élaboration des politiques, à la gestion des ressources et au développement du système judiciaire, de l’économie et de la société, restaurant ainsi le rôle culturel et historique de la Syrie dans la région et dans le monde.

Concernant les obstacles à cela, le porte-parole officiel du parti Avenir de la Syrie, Iyad al-Khatib, a déclaré à l’agence ANHA : « Le parti Baas a dirigé la Syrie pendant des décennies, depuis son arrivée au pouvoir en 1963. Il a adopté une centralisation absolue qui a limité tous les pouvoirs et les décisions cruciales au chef du régime, bénéficiant de la mentalité baasiste et autoritaire. »

Il a souligné que cette approche a privé le peuple syrien de sa volonté et de son rôle effectif dans la participation politique et la prise de décision, que ce soit en matière de guerre et de paix ou de politiques économiques, sociales et de subsistance.

Al-Khatib a attribué l’explosion de la situation en Syrie, à partir des événements de 2011, à ces politiques qui ont marginalisé la population et l’ont privée de son rôle sur la scène politique. Il a souligné que c’était le pouvoir en place qui avait privé le peuple de sa dignité.

Il a également averti que remplacer une personne par une autre au sein d’un même système centralisé, comme cela se produit lorsque le pouvoir est transféré de père en fils, ne change rien et conduit au renouvellement de la même dictature.

Les désastres de la monopolisation et du totalitarisme

Al-Khatib a également expliqué que la perpétuation du système de parti unique (le parti Baas), l’obligation d’y adhérer pour obtenir un poste ou un emploi, et le monopole de la famille Assad sur le pouvoir et la prise de décision, ont conduit à des catastrophes économiques et sociales et à des crises dans l’environnement régional syrien, où le régime avait le contrôle exclusif des décisions concernant la paix, la guerre et les relations internationales.

Il a qualifié les institutions démocratiques formelles, telles que l’Assemblée du peuple, d’« inefficaces ».

La vision de l’avenir de la Syrie : pluralisme et décentralisation

Al-Khatib a souligné que la solution à la crise syrienne, selon la vision du parti Avenir de la Syrie depuis sa fondation en 2018, réside dans la transition d’une « centralisation absolue » vers une « Syrie pluraliste, démocratique et décentralisée ».

Il a souligné que ce changement fondamental dans la forme du gouvernement est la seule garantie de la participation de toutes les composantes syriennes à la prise de décision et à la construction de l’avenir.

Il a expliqué que la décentralisation signifie donner aux populations et aux communautés locales les moyens de gérer leurs régions et leurs ressources économiques, et de construire leurs systèmes judiciaires, économiques et sociaux, tout en activant le rôle de tous les groupes, « en commençant par les communes », et en impliquant les femmes et les jeunes après des décennies de marginalisation et d’exclusion.

Un droit historique et civilisationnel

Al-Khatib a conclu son propos en soulignant que l’ancien peuple syrien, avec sa vaste histoire culturelle et qui a exporté des civilisations, des langues et des cultures, a le droit à un système de gouvernement cohérent avec sa nature pluraliste.

Il a souligné que le rétablissement du rôle actif du peuple dans la définition du destin de la Syrie est non seulement essentiel pour les affaires intérieures du pays, mais aura également un impact positif sur l’ensemble de la région, réaffirmant l’empreinte historique du peuple syrien au Moyen-Orient et dans le monde. (ANHA)

*L’envoyé spécial américain pour la Syrie, Tom Barrack, a déclaré à Rudaw qu’en Syrie et dans l’Irak voisin, « le fédéralisme ne fonctionne pas », tout en critiquant les FDS dirigées par les Kurdes pour leur « lenteur » dans les négociations avec le gouvernement de Damas.

TURQUIE. En six mois, des hommes ont tué au moins 136 femmes

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FEMINICIDES. En six mois, les hommes ont tué au moins 136 femmes, en Turquie, y compris dans les régions kurdes du pays. Par ailleurs, au moins 145 autres décès de femmes sont suspectés d’être des féminicides. La plateforme Nous stopperons les féminicides (Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu – KCDP) a rapporté que 136 femmes ont été tuées par des hommes au cours des six premiers mois de 2025, un chiffre inférieur au nombre de femmes assassinées au cours de la même période l’année dernière. La plateforme KCDP a publié lundi son rapport semestriel sur le nombre de femmes tuées par des hommes au cours des six premiers mois de 2025 ainsi que sur 145 autres décédées dans des circonstances suspectes. Les derniers chiffres montrent une baisse des féminicides par rapport à 2024. En 2024, au moins 394 femmes ont été  tuées par des hommes, dont 205 au cours des six premiers mois. Le nombre total de femmes tuées en 2023 s’élevait à 315. La porte-parole de la plateforme, Esin İzel Uysal, a déclaré que les données révèlent l’ampleur des « violations du droit à la vie », ajoutant que les politiques du gouvernement au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), qui donnent la priorité à la famille plutôt qu’à la sécurité des femmes, laissent les femmes confrontées à la mort. Les meurtres de cette année ont eu lieu alors que le gouvernement turc a déclaré 2025 Année de la famille, le ministère de la Famille et des Services sociaux organisant des événements tout au long de l’année pour promouvoir les valeurs familiales traditionnelles et le bien-être de l’enfant. Cependant, les militantes des droits des femmes ont déclaré que le programme renforce les rôles domestiques traditionnels plutôt que de répondre aux défis auxquels les femmes sont confrontées à la maison et sur le lieu de travail.

La maison et la famille, lieux de tous les dangers

Selon le rapport, 65 % des victimes ont été assassinées à leur domicile et 60 % par des membres de leur famille. L’arme la plus fréquemment utilisée était une arme à feu, 57 % des femmes ayant été tuées par balle. Uysal a souligné le rôle croissant des ventes d’armes non réglementées, citant le cas d’Helin Palandöken, 17 ans, abattue en 2017 avec un fusil de chasse acheté en ligne. « L’incapacité du gouvernement à contrôler l’accès aux armes coûte des vies », a-t-elle déclaré.

Échecs de la protection et de la justice

Uysal a également critiqué l’application des lois de protection en Turquie, soulignant que plusieurs femmes avaient demandé de l’aide en vertu de la loi n° 6284, qui impose des mesures de protection pour les personnes à risque, avant d’être assassinées. « Ces femmes se sont tournées vers l’État et ont dit « Protégez-moi », mais aucune protection significative n’est venue », a-t-elle déclaré. « Même neuf femmes sous protection de l’État ont été tuées », a-t-elle déclaré. Le rapport souligne également l’impunité généralisée dont bénéficient les auteurs de violences conjugales. « Dans de nombreux cas, les auteurs sont libérés sans interrogatoire ou acquittés par le tribunal. Cela envoie un message dangereux : tuer une femme est sans conséquence », a averti Uysal.

La Convention d’Istanbul et l’inégalité des sexes

Uysal a déclaré que les efforts visant à abroger la loi n° 6284 et la promotion par le gouvernement turc de « politiques centrées sur la famille » ont encore davantage mis en danger les femmes. « Déclarer une “Année de la famille” et écarter les femmes de la vie publique ne fait qu’alimenter les inégalités entre les sexes », a-t-elle déclaré. « Sans démanteler cet état d’esprit, les meurtres ne cesseront pas. » Elle a également critiqué l’exclusion des femmes du marché du travail, soulignant que près de 20 millions de femmes ne sont pas comptabilisées dans les statistiques de l’emploi et que de nombreuses jeunes femmes ne travaillent pas et ne sont pas scolarisées. « La Convention d’Istanbul demeure une norme internationale contraignante pour la Turquie », a déclaré Uysal, malgré le retrait de la Turquie de la convention. « Si nous voulons mettre fin aux féminicides, nous devons la mettre pleinement en œuvre. » Malgré l’opposition de la communauté internationale et des groupes de défense des droits des femmes, le président Recep Tayyip Erdoğan a décidé le retrait de la Turquie de la convention en mars 2021. Le traité exigeait des gouvernements qu’ils adoptent une législation poursuivant les auteurs de violences domestiques et d’abus similaires, ainsi que de viols conjugaux et de mutilations génitales féminines. La Turquie s’est officiellement retirée de la Convention d’Istanbul en juillet 2021. Erdoğan avait alors affirmé que le traité avait été « détourné par un groupe de personnes tentant de normaliser l’homosexualité », ce qui, selon lui, était « incompatible » avec les « valeurs sociales et familiales » de la Turquie.

Les familles s’expriment

Les familles des victimes se sont jointes à la plateforme pour réclamer justice. Hüsniye Yıldırım, dont la fille Aysun est décédée des suites d’une chute suspecte en 2018, a déclaré que les procureurs avaient négligé l’affaire. « Ils changent constamment de direction. Les dossiers sont classés. Mais nous ne marcherons pas seuls. » La militante Şirin Yalıcakoğlu a évoqué une tendance à classer les morts suspectes comme des suicides. « On raconte que des femmes se sont pendues dans des logements de police, des voitures, voire des toilettes. Mais il s’agit clairement de meurtres », a-t-elle déclaré. « Les auteurs sont en liberté, tandis que les familles attendent que justice soit faite. » Un rapport de Human Rights Watch (HRW) de 2022   a critiqué l’approche de la Turquie face aux violences faites aux femmes, soulignant que le gouvernement présente le problème de manière paternaliste, considérant les femmes comme ayant besoin de protection plutôt que de promouvoir l’égalité des sexes. Emma Sinclair-Webb, de HRW,  a souligné que cette approche compromet les efforts visant à lutter efficacement contre les violences sexistes.

SYRIE. Rencontre entre les Kurdes et le régime de Damas

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SYRIE – Une réunion entre les représentants du Nord et de l’Est de la Syrie et les responsables du gouvernement de transition a débuté, avec la participation de l’Ambassadeur des États-Unis en Turquie, Thomas Barrack, et du Chargé d’affaires français en Syrie, Jean-Baptiste Faivre. L’agence kurde, ANHA rapporte qu’une réunion entre le commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi ; la coprésidente du département des relations extérieures de l’AANES, Ilham Ahmed ; et les coprésidents de la délégation représentant le nord et l’est de la Syrie, Foza Yusif et Abid Hamid Mhbash et des responsables du gouvernement de transition syrien a débuté à Damas, avec la participation de l’Ambassadeur des États-Unis en Turquie Thomas Barrack et un représentant de la France. Une délégation politique et militaire du nord et de l’est de la Syrie est arrivée aujourd’hui à Damas pour poursuivre les réunions et le dialogue avec le gouvernement de transition, dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’accord du 10 mars signé entre les FDS et le gouvernement de transition. Le 1er juin de cette année, une réunion officielle s’est tenue à Damas entre une délégation du Nord et de l’Est de la Syrie et une délégation du Gouvernement de transition syrien, dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’accord du 10 mars signé entre la direction des FDS et les autorités de Damas. Une déclaration commune a été publiée lors de la réunion, incluant les points convenus, après avoir discuté de plusieurs questions d’intérêt commun. Il a également été convenu de programmer prochainement une autre session afin de conclure les discussions et de suivre la mise en œuvre des accords conclus. (ANHA)

TURQUIE. L’appel historique d’Abdullah Öcalan

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Le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, détenu depuis 1999 dans la prison d’Imrali, a pour la première fois envoyé un message vidéo. Appelant le PKK à renoncer aux armes, Öcalan a déclaré :
 
« Je crois en la force de la politique et de la paix sociale, non en celle des armes. Et je vous appelle à mettre en œuvre ce principe. »
 
Le message vidéo d’Öcalan a été publié par l’agence de presse kurde ANF. L’agence a également diffusé une nouvelle photo d’Öcalan. Sur cette image, on peut voir qu’en réponse à sa demande de création d’un « secrétariat », plusieurs détenus ont été placés à ses côtés.
 
Le message d’Öcalan intervient à la veille d’une cérémonie symbolique de reddition des armes par un petit groupe de membres du PKK au Kurdistan d’Irak, et s’inscrit clairement comme un appel direct à ce désarmement annoncé.
 
Dans son message, Öcalan souligne que « le mouvement du PKK fondé sur le déni de l’existence et l’objectif d’un État séparé, ainsi que la stratégie de guerre de libération nationale sur laquelle il s’appuyait, ont pris fin. » Il ajoute que l’objectif de « Paix et Société Démocratique » qu’il a appelé à réaliser le 27 février peut être atteint « à travers une perspective d’intégration positive. »
 
Il avertit également que la politique ne tolère aucun vide et appelle ses camarades à combler ce vide avec un programme intitulé « Paix et Société Démocratique ».
 
Voici le message d’Öcalan :
 
« Chers camarades,
Je considère comme un devoir éthique envers vous d’apporter, même de manière répétée, des réponses claires et créatives aux questions relatives à l’étape atteinte par notre mouvement de camaraderie communaliste, à la situation concrète, aux problèmes et aux solutions, à travers une lettre détaillée.
 
1. Je continue à défendre l’Appel pour la Paix et la Société Démocratique du 27 février 2025.
2. Je considère comme une réponse historique votre réaction positive, avec un contenu très pertinent, à travers le 12ᵉ Congrès de Dissolution du PKK.
3. L’étape atteinte doit être considérée comme précieuse et historique. Les efforts des camarades en lien de médiation sont tout aussi précieux et méritent reconnaissance.
4. Au terme de tous ces développements, j’ai préparé un Manifeste de la Société Démocratique qui doit être considéré comme une transformation historique. Ce manifeste est à même de remplacer avec succès le manifeste « La voie de la Révolution du Kurdistan » élaboré il y a près de 50 ans. Je suis convaincu qu’il porte un contenu social et historique non seulement pour la société kurde, mais aussi à l’échelle régionale et mondiale. Je n’ai aucun doute qu’il constitue un exemple réussi de la tradition des manifestes historiques.
5. Je dois clairement indiquer que tous ces développements ont eu lieu à la suite des discussions menées à Imrali. Un soin extrême a été apporté à ce que les échanges se fassent sur la base de la volonté libre.
6. L’étape atteinte nécessite de passer à la pratique par de nouvelles initiatives. Il est impératif de comprendre que cette étape et les pas à franchir sont d’une nature historique, de rester fidèle à leurs exigences et de progresser en conséquence.
 
 
1. Le mouvement du PKK fondé sur le déni de l’existence et visant un État séparé, ainsi que la stratégie de guerre de libération nationale sur laquelle il reposait, a pris fin. L’existence a été reconnue, et par conséquent, l’objectif principal a été atteint. C’est dans ce sens qu’il est dit que le mouvement a atteint ses limites. Le reste a été évalué comme répétitif et sans issue. Sur cette base, une autocritique approfondie se poursuivra.
2. Puisque la politique ne tolère aucun vide, ce vide doit être comblé par un programme intitulé « Paix et Société Démocratique », une stratégie de « politique démocratique », et une législation globale comme tactique fondamentale. Il s’agit d’un processus historique et décisif.
3. Dans le cadre du processus global, l’abandon volontaire des armes et le travail d’une commission établie légalement au sein de la Grande Assemblée nationale turque (TBMM) sont importants. Il est essentiel de faire preuve de vigilance et de sensibilité dans les étapes à franchir, sans tomber dans une logique stérile du type « toi d’abord ». Je sais que les pas déjà franchis ne seront pas vains. Je vois la sincérité et j’ai confiance.
 
On cherche donc à passer à des étapes plus pratiques et concrètes de déblocage. Voici les principales thèses que je propose :
 
1. Il est possible d’atteindre l’objectif de Paix et Société Démocratique, si chacun accomplit son devoir, à travers une perspective d’intégration positive. La conclusion à tirer de tout ce qui a été dit est la suivante :
2. Le PKK a renoncé à son objectif d’un État-nation, et avec cet abandon, il a également renoncé à sa stratégie principale de guerre, mettant ainsi fin à son existence. Il est attendu que cette étape historique soit portée encore plus loin.
3. Il est naturel que vous assuriez, de manière ouverte aux parties concernées et à l’opinion publique, l’abandon des armes, à la fois pour donner du sens à la Grande Assemblée nationale turque et à sa commission, et pour dissiper les doutes du public et tenir parole. La mise en place d’un mécanisme de désarmement fera avancer le processus. C’est une transition volontaire de la phase de lutte armée à celle de la politique démocratique et du droit. Ce n’est pas une perte, mais doit être considéré comme un gain historique. Les détails du désarmement seront définis et mis en œuvre rapidement.
4. Le DEM, qui siège sous le toit du Parlement, accomplira sa part du travail, avec les autres partis, pour assurer le succès de ce processus.
5. Quant à ma situation de liberté, qui figure comme condition indispensable dans tous les textes de décision : vous savez que je n’ai jamais considéré ma propre liberté comme un problème individuel. Philosophiquement, la liberté individuelle ne peut être séparée de la société. Plus l’individu est libre, plus la société l’est, et plus la société est libre, plus l’individu peut l’être. Il est évident que cette logique sera respectée.
 
Je crois en la force de la politique et de la paix sociale, non en celle des armes. Et je vous appelle à mettre en œuvre ce principe.
 
Les récents développements dans la région confirment clairement l’importance et l’urgence de cette étape historique que nous avons franchie.
 
Je tiens à dire que j’attends avec impatience toutes vos critiques, suggestions et contributions sur ce processus. Je suis très optimiste, prêt, désireux et enthousiaste à l’idée que ces débats amèneront les Forces de la Modernité Démocratique à un nouveau programme théorique, à une nouvelle étape stratégique et tactique au niveau national, régional et mondial, et que les efforts de préparation ont déjà commencé.
 
Mon appel pour la période à venir est de nous engager dans cette direction sur la base des décisions du congrès et des opinions et propositions exprimées dans cette lettre, afin de progresser vers le succès.
 
Recevez mes salutations et mon affection camarades, en toute fidélité.
 
Le 19 juin 2025
Abdullah Öcalan »
 
Via Maxime Azadî

KURDISTAN. Guerre fratricide kurde sur fond de conflit foncier à Erbil

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KURDISTAN – De violents affrontements ont éclaté mardi à l’ouest de la province d’Erbil (Hewler) entre les forces de sécurité kurdes et les partisans d’un chef tribal, à la suite d’une tentative d’arrestation liée à un conflit foncier en cours. Le régime iranien frotte les mains devant cette guerre fratricide, espérant mobiliser ses milices chiites basées au sud du Kurdistan d’Irak pour s’emparer de champs pétroliers kurdes, selon certaines sources. Les tensions entre les forces de sécurité et les membres de la tribu Harki se sont intensifiées dans la ville de Khabat, dans la province d’Erbil, à la suite d’une tentative d’arrestation de l’éminent chef tribal Khurshid Harki.
Le mardi 8 juillet 2025, une source des forces de sécurité d’Erbil a déclaré aux médias l’incident : « Plusieurs individus étaient recherchés par la justice. Ce soir, une force de sécurité s’est rendue dans un village du district de Khabat dans le but de les arrêter, mais un affrontement a éclaté. »
Le 3 juillet 2025, des affrontements ont éclaté entre la tribu Gorran et la tribu Herki, dans le district de Khabat, dans la province d’Erbil, à cause d’un conflit foncier. Le lendemain, la Direction de la sécurité d’Erbil a annoncé dans un communiqué : « Trois des individus qui ont utilisé des armes lors de l’incident ont été arrêtés sur ordre du tribunal d’Asayish. » « Chacun doit veiller à ne pas laisser des individus perturbateurs et illégaux vous exploiter ou vous entraîner dans le chaos. J’espère que les problèmes actuels seront résolus rapidement et que la loi et les tribunaux constitueront les voies appropriées pour résoudre les différends », a déclaré Bashar Mushir Agha Goran, chef de la tribu Gorran. (Via Wladimir van Wilgenburg) Xurshid Herki a déclaré à NRT de Nouvelle Génération qu’il ne se rendrait pas (il existe un mandat d’arrêt contre lui) et qu’il était prêt à mourir, mais qu’il était prêt à négocier si les forces gouvernementales se retiraient.
Deux personnes ont été tuées lors des affrontements, l’une d’elles était un peshmerga du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) et était originaire de Kufri, l’autre était membre de la tribu Harki. Plusieurs autres personnes ont été blessées.
 
Pendant ce temps, hier soir, certains jeunes de Qaladze ont organisé une manifestation et bloqué la route principale de la ville, exigeant qu’on s’occupe d’eux et qu’ils n’avaient ni emploi ni salaire.
 
Hier soir, un journaliste de NRT a été kidnappé par les forces du PDK à Bardarash et emmené vers un lieu inconnu. (Via NRT)

IRAN. 5 civils kurdes de Bukan condamnés à mort

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IRAN / ROJHILAT – Le régime sanguinaire iranien à condamné à mort 5 Kurdes de Bukan ayant participé aux manifestations antigouvernementales « Femmes, vie, liberté (jin, jiyan, azadî) » déclenchées par le meurtre barbare de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, rapporte l’ONG de défense des droits humains, Hengaw. Rezgar Beigzadeh Babamiri, Pejman Soltani, Soran Ghasemi, Kaveh Salehi et Tayfur Salimi Babamiri, cinq prisonniers politiques kurdes de la ville de Bukan, ont été condamnés à mort par la justice iranienne. Au total, ils ont également été condamnés à 75 ans de prison. Six autres personnes impliquées dans la même affaire ont également été condamnées à des peines de prison. Selon les informations reçues par l’organisation Hengaw pour les droits de l’homme, les cinq hommes – Salimi Babamiri, 47 ans ; Ghasemi, 28 ans ; Soltani, 30 ans ; Salehi, 40 ans ; et Beigzadeh Babamiri, 42 ans – ont tous été condamnés à mort par la première chambre du tribunal révolutionnaire d’Ourmia pour « baghi ​​» (rébellion armée) et « attaques terroristes attribuées au réseau Moharebeh [guerre contre Dieu, en persan] ». Chacun a également été condamné à 15 ans de prison pour « appartenance à des groupes terroristes ». Les verdicts ont été officiellement communiqués à leurs avocats le lundi 7 juillet 2025. Il est à noter que dans cette affaire, Ghasemi, Salehi et Soltani ont chacun été condamnés à trois peines de mort (dont trois à être pendus). Beigzadeh Babamiri a été condamnée à mort à deux reprises (dont deux à être pendues). Salimi Babamiri, actuellement en liberté sous caution fixée à cinq milliards de tomans, a été condamné à mort une fois. De plus, Soltani avait déjà été condamné à mort dans une affaire distincte par la première chambre du tribunal pénal pour mineurs de la province d’Azerbaïdjan occidental. De plus, Beigzadeh Babamiri et Ghasemi ont été condamnés respectivement à 15 ans et 10 ans et un jour de prison pour « complicité de meurtre ». Salehi a été acquitté de toutes les accusations dans cette partie de l’affaire. Français Entre-temps, des audiences ont également eu lieu pour cinq autres accusés politiques kurdes de Bukan : Hemin Kermanj ; Ahmad Mamzadeh, 65 ans ; Abubakr Mamzadeh, 53 ans ; Jalil Moloudi ; et Javanmard Mam-Khosrawi, 50 ans. Hengaw publiera les verdicts dans leurs affaires une fois officiellement rendus. Les arrestations ont eu lieu au printemps 2023. Mam-Khosrawi a été arrêté le 25 mars ; Kermanj le 18 avril ; Beigzadeh Babamiri et Moloudi le 15 avril ; et Ahmad Mamzadeh, Abubakr Mamzadeh, Ghasemi, Soltani et Salehi le 14 avril. Tous ont été transférés dans des centres de détention à Ourmia. Salimi Babamiri a été arrêté plus tôt en mars 2023 dans la ville de Baneh par les forces de sécurité sans ordonnance du tribunal. Toutes ces personnes ont été arrêtées par les forces de sécurité de la République islamique en lien avec le mouvement « Femme, Vie, Liberté ». Après leur détention, elles ont été soumises à des mois de disparition forcée, détenues au secret, gravement torturées et contraintes à des aveux auto-incriminants sous la contrainte.

La Turquie déclare au Conseil de l’Europe que certains prisonniers seront privés du « droit à l’espoir »

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans son plan d’action soumis au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, le gouvernement turc a déclaré que leader kurde emprisonné à Imrali était exempté de libération conditionnelle. Dans son Plan d’action communiqué au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, la Turquie a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas le « droit à l’espoir » à certains détenus condamnés à la réclusion à perpétuité aggravée. Le plan d’action, daté du 27 juin 2025, évalue les obligations concernant les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans les affaires Emin Gurban, Civan Boltan, Hayati Kaytan et Abdullah Öcalan (n° 2). La Cour européenne des droits de l’homme a jugé que l’absence de perspective de libération ou de possibilité de révision de la peine pour les personnes condamnées à la réclusion à perpétuité aggravée dans ces affaires constituait une violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme (interdiction de la torture et des traitements inhumains), stipulant que même les personnes reconnues coupables des crimes les plus graves doivent avoir la possibilité de démontrer leur réadaptation et de demander leur libération. La Cour a demandé à la Turquie de modifier la législation pertinente. Bien qu’Abdullah Öcalan soit maintenu à l’isolement depuis 1999, le Plan d’action affirme qu’« aucune mesure individuelle supplémentaire n’est nécessaire ». Cela indique que l’isolement d’Abdullah Öcalan à İmralı se poursuivra malgré la décision de la CEDH. Sous la rubrique « Exceptions à la libération conditionnelle », le gouvernement turc a déclaré que la peine de réclusion criminelle à perpétuité aggravée ne s’applique qu’aux infractions les plus graves, mais a ajouté : « Les personnes condamnées à la réclusion criminelle à perpétuité aggravée pour des infractions prévues au deuxième livre, chapitre 4, sous-chapitres 4, 5 et 6 du Code pénal (atteintes à la sûreté de l’État, à l’ordre constitutionnel et à la défense nationale) commises au sein d’une organisation terroriste ne peuvent bénéficier de la libération conditionnelle. Certaines infractions les plus graves sont exemptées de cette possibilité. » La Turquie a ainsi annoncé officiellement qu’elle ne modifierait pas la législation sur le « droit à l’espoir ». En mai, le ministre de la Justice, Yılmaz Tunç, a déclaré qu’« il n’existe pas de situation de ce genre » concernant le droit à l’espoir d’Abdullah Öcalan. Le Plan d’action de la Turquie révèle que cette approche est devenue une politique officielle. La position de la Turquie soulève de sérieuses questions quant à sa capacité à respecter ses obligations internationales et à poursuivre sa politique d’isolement malgré les décisions de la CEDH. Arrière-plan Après l’appel à la paix et à une société démocratique lancé par Abdullah Öcalan   le 27 février et l’annonce de la dissolution du PKK le 12 mai, l’attention s’est portée sur les mesures juridiques que l’État turc pourrait prendre.  Le dixième paquet de réformes judiciaires, présenté avant l’Aïd al-Adha, n’a pas répondu aux attentes et il a été annoncé que la poursuite des réformes serait reportée à septembre. Lors des discussions sur ce paquet, les propositions de l’opposition, notamment celles du parti démocrate-démocrate (DEM), ont été largement ignorées. Depuis l’annonce de la dissolution du PKK, des appels répétés ont été lancés pour améliorer les conditions de détention physique d’Öcalan, mais aucun progrès n’a été réalisé. Dans ce contexte, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a abordé la question du « droit à l’espoir » pour Öcalan lors de sa réunion des 17 et 18 septembre 2024 et a accordé à la Turquie un délai d’un an pour agir. Le « droit à l’espoir » est devenu un sujet de débat politique en Turquie lorsque le chef du Parti d’action nationaliste (MHP), Devlet Bahçeli, l’a mentionné lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti le 22 octobre 2024. Bahçeli a déclaré : « Si le gouvernement fait preuve de détermination et de résolution, des réglementations juridiques concernant le « droit à l’espoir » devraient être promulguées, et ce droit devrait être pleinement accessible. » L’État turc n’a pris aucune mesure officielle à cet égard jusqu’à présent. Le « droit à l’espoir » fait référence à une disposition légale concernant les détenus condamnés à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Ce principe s’appuie sur l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de 2013 dans l’affaire Vinter et autres c. Royaume-Uni , où la Cour a jugé que la réclusion à perpétuité sans perspective de libération violait l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme (qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants). La décision du Comité des Ministres de se saisir du cas d’Öcalan fait suite à un arrêt de la CEDH du 18 mars 2014. Les avocats d’Öcalan avaient déposé une plainte en 2003, arguant que les conditions de sa peine violaient l’article 3 de la CEDH. Dans sa décision, la CEDH a conclu que la peine de réclusion à perpétuité aggravée d’Öcalan, qui n’offre aucune possibilité de libération ou de révision, et son placement en isolement constituaient une violation de l’article 3, tout comme elle l’avait jugé dans l’ affaire Vinter. La Cour a également déclaré que des réformes juridiques appropriées devaient être mises en œuvre. Il s’agissait de la première décision contre la Turquie concernant le « droit à l’espoir ». Par la suite, la CEDH a rendu deux arrêts similaires : l’un dans l’  affaire Hayati Kaytan c. Turquie  le 15 septembre 2015, et l’autre dans l’  affaire Gurban et Civan Boltan c. Turquie  le 15 décembre 2015. Dans les deux cas, la Cour a réaffirmé que les peines de prison à vie sans mécanisme de révision ou de libération conditionnelle violent l’interdiction de la torture et des traitements inhumains. Bien que dix ans se soient écoulés depuis les deux arrêts concernant Öcalan, la Turquie n’a toujours pas adopté de réformes juridiques pour remédier aux violations. En conséquence, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, qui surveille la mise en œuvre des arrêts de la CEDH, a lancé un processus de suivi afin de promouvoir des changements juridiques et pratiques concernant le droit à l’espoir et la réclusion à perpétuité aggravée. Lors de sa réunion des 17 et 18 septembre 2024, le Comité a accordé à la Turquie un dernier délai d’un an. Bien que la déclaration de Bahçeli ait suivi peu après cette décision, aucune mesure législative n’a été prise à ce jour. (ANF)