Le Canada exhorte Damas à reconnaitre le Rojava pour la fin des sanctions et pour être reconnu par le Canada
SYRIE. Les Alaouites s’organisent et appellent à un système fédéral
Les cendres des villages, les mots du professeur : naissance et cendres
Diyarbakır, Suriçi
Les années passèrent. Du village ne restaient que des pierres, des pierres tachées de fumée et une douille rouillée sur une pierre. La famille fut conduite à Diyarbakır. Leyla grandit dans les ruelles étroites de Suriçi, à l’ombre des vieilles maisons de pierre. Ils trouvèrent refuge auprès de leurs proches ; ils furent façonnés par la faim, la pauvreté et le mépris. Son père se remaria après avoir perdu sa femme au village. Une nouvelle femme, un nouvel ordre à la maison ; mais un vieux chagrin les habitait. L’enfance de Leyla s’est déroulée non pas au son des billes sur les pavés de Suriçi, mais au son des bombes qui explosaient. En 2015, lorsque les espoirs de paix ont été anéantis, le conflit a de nouveau fait irruption dans leur vie. Et cette fois, c’est le frère de Leyla qui a été emporté. Son corps est tombé au sol dans les rues pavées de Sur, et avec son sang, la paix s’est tarie sur place.Tarlabaşı, Istanbul…
Une fois de plus, ils émigrèrent. Cette fois vers Istanbul. Ils trouvèrent refuge dans les balcons rouillés et les pièces humides de Tarlabaşı. La ville était grande mais sans cœur ; bruyante mais sourde. Leyla s’éleva de ce silence, de cette pauvreté, de ces cendres de chagrin. Elle étudia, résista, gagna. Elle obtint son diplôme de la faculté de droit de l’université d’Istanbul. Elle devint avocate. Mais pas une avocate assise à un bureau à rédiger des contrats. Elle est devenue l’avocate des auteurs inconnus, des évacuations de villages, des personnes disparues. Elle a pris la parole devant les tribunaux, traité des dossiers. Et dans chaque pétition, elle parlait de sa mère, de son frère, de son village. Puis un jour, une voix sur l’écran la frappa. Une voix solennelle, représentant la sagesse ancestrale de l’État : İlber Ortaylı. Il parlait d’installer des Turcs de la région ouïghoure dans les villages désertés entre le Tigre et l’Euphrate. Froide, technique, comme s’il parlait de poser des briques. Leyla ne pouvait bouger de son siège. Elle se sentait clouée au sol. Un film défilait dans son esprit : les douleurs de l’accouchement de sa mère, l’incendie du village, la mort de son frère, la destruction de Sur, les pièces exiguës de Tarlabaşı, les murs froids des couloirs du tribunal. Et maintenant, un professeur effaçait toute cette vie, tous ces morts, toutes ces migrations d’un trait de plume, les remplaçant par un nouveau peuple.Affrontement
La vie d’une personne, le deuil d’un peuple, le premier cri d’un enfant… Tout cela était désormais appelé « villages vides ». Leyla a compris à ce moment-là : le feu ne vient pas seulement des fusils des soldats ; il jaillit parfois de la bouche des intellectuels. Aujourd’hui… On parle d’un nouveau processus de résolution. La paix ? Peut-être. Mais Leyla le sait : si les feux du passé ne sont pas affrontés, cette paix pourrait elle aussi être réduite en cendres par une nouvelle étincelle. Des villages ont été incendiés, des villes rasées, des milliers de personnes se sont retrouvées sans sépulture. Et maintenant, la même mentalité, sous des masques différents, fait semblant de s’asseoir à la table des négociations de paix. Leyla, assise parmi ses dossiers, réfléchit : « Si nous voulons vraiment la paix sur cette terre, nous devons d’abord nommer les incendies. Sinon, certains incendieront les villages, d’autres attiseront le feu avec leurs paroles. Et il ne nous restera que des cendres. » Et à cet instant, le cri de l’enfant que sa mère a mis au monde dans la neige résonne à nouveau en Leyla. Cette fois, ce n’est pas un cri, mais un appel : il ne peut y avoir de paix sans confrontation. (Bianet)La Turquie s’oppose à l’option démocratique en Syrie
Le retrait du gouvernement de Damas des prochaines négociations de Paris illustre cette réalité. Il est clair que la Turquie a exigé ce retrait, et Damas s’y est conformé. Les États-Unis et la France sont pleinement conscients de cette dynamique. La Turquie refuse la présence d’une force incluant des Kurdes dans les discussions internationales. Ankara a donc misé sur le HTS, se positionnant en opposition totale avec les Kurdes et refusant de changer de position. De son côté, le HTS n’incarne pas un esprit démocratique. Il rejette le pluralisme et s’accroche à un modèle de gouvernance autoritaire et centralisé, ce qui le rend incapable de résister aux projets de la Turquie ou d’affirmer son indépendance face à l’influence d’Ankara.
La situation en Syrie exige une attention particulière. En apparence, l’Administration autonome et les Forces démocratiques syriennes (FDS) négocient avec Damas. En réalité, c’est la Turquie qui dicte ses conditions, tandis que Damas n’est guère plus qu’une autorité subordonnée à Ankara. Damas a désormais inscrit les élections législatives à son ordre du jour, annonçant que le scrutin n’aurait pas lieu à Soueida, ni dans le nord et l’est de la Syrie pour des raisons de « sécurité ». Or, en réalité, les régions les plus sûres se trouvent précisément dans le nord-est. Ce récit est une déformation délibérée, destinée à ouvrir la voie à de nouvelles attaques. Tout comme Damas a utilisé la « sécurité » comme prétexte pour envoyer des troupes à Soueida et y perpétrer des massacres, il présente désormais les régions autonomes comme dangereuses. Le véritable objectif est d’exclure du pouvoir les communautés qui refusent de se soumettre (celles qui sont devenues organisées et politiquement conscientes). Bien qu’entretenant certains liens avec l’Administration autonome, le HTS l’a totalement exclue des discussions sur les élections. De fait, HTS a transformé le processus en un simple système de nomination : sur 210 sièges parlementaires, 70 doivent être directement attribués par Ahmad al-Sharaa [Jolani]. Il ne s’agit pas d’une élection, mais d’une sélection imposée, une pratique que les régions autonomes refusent d’accepter. Pendant ce temps, la société syrienne demeure désorganisée et profondément appauvrie. La faim, la pauvreté et le chômage ont écrasé la population. À cela s’ajoutent les massacres d’Alaouites et de Druzes et le climat de peur qu’ils ont créé, érodant la capacité de la société à exprimer ses revendications et à exercer sa volonté politique. L’appareil médiatique autrefois contrôlé par le régime Baas est désormais sous l’autorité du HTS. Les voix et perspectives alternatives ne peuvent être exprimées ni publiées. Au lieu de cela, le HTS se livre à une incitation systématique à la haine contre les régions autonomes, ainsi que contre les Alaouites et les Druzes, les qualifiant de « traîtres », de « séparatistes » ou d’« agents des États-Unis et d’Israël ». Cette campagne, ancrée dans la religion et le nationalisme arabe, dresse les communautés les unes contre les autres et attise délibérément les tensions sociales. Les élections sont utilisées comme un écran de fumée pour modifier le discours et fabriquer de la légitimité. En réalité, il n’existe ni partis politiques, ni loi électorale, ni forces organisées en compétition libre. Une commission triée sur le volet par HTS se contente de déclarer certains noms « élus ». Il ne s’agit pas de démocratie, mais d’une nomination déguisée en élection. Pourtant, après l’effondrement d’un système répressif comme le Baasisme, les conditions ont été réunies pour l’enracinement de la démocratie. En temps normal, le peuple aurait dû se mobiliser et envahir les places pour réclamer la liberté, tandis que les forces démocratiques entraient sur la scène politique dans un climat de liberté et d’ouverture. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. L’ONU et les puissances occidentales n’auraient pas dû accepter cela. La résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU stipule clairement que les élections doivent se dérouler selon des règles précises et avec la participation de toutes les parties concernées. Pourtant, cette résolution est ignorée comme si elle n’avait jamais existé. En gardant le silence, les puissances occidentales et l’ONU permettent à la Turquie de manipuler le HTS à sa guise. Le gouvernement turc soutient HTS sans réserve, le poussant à imposer un système centralisé et autoritaire. Ankara non seulement s’accroche aux territoires qu’elle occupe, mais s’ingère aussi directement dans les affaires intérieures de la Syrie, hypothéquant ainsi l’avenir du pays. La Turquie cherche à annihiler l’option démocratique en Syrie, permettant au HTS d’imposer un système encore plus dur que le Baasisme et s’efforçant de démanteler les administrations autonomes par le biais de complots et de violences. Loin de résoudre la guerre civile sanglante en Syrie, Ankara alimente activement les conditions d’une nouvelle guerre civile : elle cherche à dresser les Arabes contre les Kurdes et à semer les germes de nouvelles hostilités. Ce partenariat entre Ankara et le HTS ne peut être considéré comme une simple relation bilatérale. Lorsque les négociations de Paris ont été inscrites à l’ordre du jour, le ministre turc des Affaires étrangères s’est précipité à Damas, a convoqué les ministres syriens à Ankara, a imposé ses conditions et a obtenu les accords souhaités. La Syrie est dirigée sous tutelle turque. Il est essentiel que le peuple syrien – et toutes les forces engagées en faveur de la démocratie et de la liberté – reconnaissent cette réalité. (ANF)Les États-Unis réitèrent leur soutien aux FDS lors d’une rencontre à Amman
SYRIE. 700 civils kidnappés à Afrin transférés vers des zones occupées par la Turquie
ROJAVA. Les tirs des soldats turcs blessent un enfant à Kobanê
SYRIE. Une délégation américaine rencontre Mazloum Abdi et al-Sharaa
La délégation comprenait la sénatrice américaine Jeanne Shaheen, membre senior de la commission des relations étrangères du Sénat, le membre du Congrès Joe Wilson et l’envoyé spécial américain pour la Syrie Thomas Barak.
Au cours de sa visite, la délégation a tenu deux réunions distinctes : la première avec le commandant kurde Mazloum Abdi et la seconde avec Ahmad al-Shar’a. Les deux entretiens ont porté sur l’évolution de la situation politique et sécuritaire dans la région, les moyens de soutenir la stabilité et le renforcement de la lutte contre le terrorisme.
Cette visite intervient dans un contexte d’attention internationale croissante portée à la situation en Syrie, ainsi que d’appels renouvelés à faire progresser le dialogue politique et à relever les défis régionaux et internationaux. (ANHA)
KURDISTAN. Silêmanî accueille la 2e Conférence internationale sur le génocide kurde
SYRIE. « L’accord du 10 mars ravive l’espoir d’une unité syrienne »
