IRAN. Le régime a exécuté 260 prisonniers en un mois

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IRAN / ROJHILAT – Le régime a exécuté au moins 260 prisonniers, dont 78 Kurdes-Lors, en novembre 2025. Il s’agit du nombre d’exécutions mensuel le plus élevé enregistré en Iran ces vingt dernières années.
 
Au moins 260 prisonniers ont été exécutés dans les prisons de la République islamique d’Iran en novembre 2025. Cela représente une augmentation d’au moins 134 cas, soit 106 %, par rapport à novembre 2024, où 126 prisonniers avaient été exécutés. Il s’agit du nombre d’exécutions mensuel le plus élevé enregistré en Iran ces vingt dernières années. Selon les données enregistrées par le Centre de statistiques et de documentation de l’ONG de défense des droits humains Hengaw, l’identité de 257 prisonniers exécutés a été vérifiée en novembre 2025, tandis que l’identité de trois autres reste en cours d’examen. Aucune exécution de prisonniers politiques ou religieux n’a été enregistrée ce mois-ci. Au moins sept femmes ont été exécutées dans des prisons iraniennes en novembre. Mitra Zamani, originaire de Khorramabad, Kobra Rezaei, originaire de Yazd, Qomri Abbaszadeh, originaire de Sari, et Mahin Rahimi, originaire de Mashhad, ont été exécutées pour « meurtre avec préméditation ». Quatre autres prisonnières, Zahra Mirghafari, originaire de Hashtrud, Zahra Khan-Babaei, originaire de Bandar Abbas, Shawkat Veysi, originaire de Damghan, et Mina Sadoughi, originaire de Karaj, avaient été arrêtées et condamnées à mort pour des faits liés à la drogue. Hengaw souligne que sur les 260 prisonniers exécutés, seuls deux cas – soit moins de 1 % – ont été annoncés par les sources officielles iraniennes et les sites web affiliés au pouvoir judiciaire. Les condamnations à mort de quatre prisonniers ont également été exécutées en secret et sans préavis à leurs familles, les privant ainsi d’une dernière visite. Répartition par minorités nationales et ethniques D’après ce rapport, au moins 43 prisonniers Lor ont été exécutés dans les prisons iraniennes en novembre, soit 16,5 % de l’ensemble des exécutions. Par ailleurs, 35 prisonniers kurdes (13,5 %), 22 prisonniers turcs et 13 prisonniers arabes ont également été exécutés. Prisonniers de Lor : 43 cas Prisonniers kurdes : 35 cas Prisonniers turcs : 22 cas Prisonniers arabes : 13 cas Prisonniers de Gilak : 12 cas Prisonniers baloutches : 6 cas Prisonniers de Tat : 2 cas Prisonniers turkmènes : 1 cas Ressortissants afghans : 5 cas Prisonniers de Fars : 76 cas Origine ethnique non vérifiée par Hengaw : 45 cas Répartition des prisonniers exécutés par chef d’accusation En novembre, la plupart des exécutions ont eu lieu pour « meurtre avec préméditation », soit 135 cas, représentant 52 % du total. 119 autres prisonniers ont été exécutés pour des infractions liées à la drogue. Meurtres avec préméditation : 135 cas Infractions liées aux stupéfiants : 119 cas Viols : 6 cas Répartition des exécutions par province D’après les données de Hengaw, c’est dans la province de Razavi Khorasan que l’on a enregistré le plus grand nombre d’exécutions le mois dernier, avec 23 cas. Au total, des exécutions ont eu lieu dans 29 provinces. Après Razavi Khorasan, ce sont le Lorestan (21 cas) et le Khuzestan (19 cas) qui ont enregistré les chiffres les plus élevés. Province du Khorasan-e Razavi : 23 cas Province du Lorestan : 21 cas Province du Khuzestan : 19 cas Province de Fars : 16 cas Province d’Ispahan : 14 cas Provinces de Kermanshah (Kermashan), Yazd, Alborz et Azerbaïdjan oriental : 11 cas chacune Province de Qom : 10 cas Province d’Azerbaïdjan occidental (Urmia) : 9 cas Provinces de Semnan, Markazi et Khorasan du Nord : 8 cas chacune Provinces d’Hormozgan, Hamedan, Khorasan du Sud, Kerman, Qazvin, Zanjan et Kohgiluyeh-et-Boyer-Ahmad : 7 cas chacune Provinces d’Ilam et de Gilan : 6 cas chacune Provinces de Golestan et de Mazandaran : 5 cas chacune Province de Bushehr : 4 cas Province d’Ardabil : 3 cas Provinces du Kurdistan (Sanandaj/Sine) et du Sistan-Baloutchistan : 1 cas chacune Hengaw

La prévention de la violence masculine nécessite un réseau institutionnel

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TURQUIE / KURDISTAN – Un atelier organisé par des associations de femmes kurdes à Diyarbakir (Amed) a abordé les carences structurelles de la lutte contre les violences sexistes. Les participantes ont plaidé pour une meilleure coordination, une plus grande responsabilisation politique et des réformes sociétales profondes. Des représentantes d’organisations féministes, d’instances municipales et de groupes de la société civile ont exigé des mesures politiques, juridiques et sociales concrètes pour lutter contre les violences faites aux femmes lors d’un atelier de deux jours à Amed. La conférence, organisée les 29 et 30 novembre sous l’égide du gouvernement municipal d’Amed, dirigé par le DEM Parti, a porté sur les obstacles structurels à la lutte contre les violences sexistes et sur les perspectives de mesures coordonnées aux niveaux local et régional. L’événement, intitulé « Obstacles structurels et solutions dans la lutte contre la violence faite aux femmes », a été organisé par le Mouvement des femmes libres (en kurde :  (Tevgera Jinên Azad, TJA), le Conseil des femmes du parti DEM, la Commission DEM pour la gouvernance locale démocratique, l’Union des gouvernements locaux du sud-est de l’Anatolie (GABB) et plusieurs organisations de défense des droits des femmes et des droits humains. La violence d’État et les crises sociales aggravent la situation. La déclaration finale, publiée lundi, a mis en lumière de profondes lacunes dans la réponse politique, institutionnelle et sociétale apportée aux violences faites aux femmes. Elle affirme que ces violences ne constituent pas un problème individuel, mais bien l’expression d’un système patriarcal qui exacerbe les inégalités sociales. Les violences faites aux femmes ont des répercussions systématiques sur leur vie, leur identité et leurs droits – une réalité également présente en Turquie et au Kurdistan du Nord, sous l’influence des normes sociales, des conditions économiques et des structures politiques. L’analyse a révélé que les femmes, notamment dans les provinces kurdes, sont non seulement exposées aux violences sexistes, mais aussi à la répression d’État et aux conséquences de la guerre et des déplacements de population. Cette complexité démontre l’insuffisance des mesures purement réactives ; une transformation profonde vers une société égalitaire et libre est indispensable. Les discussions lors de l’atelier ont mis en lumière la critique selon laquelle les mesures étatiques restent souvent cantonnées à des actions symboliques. Le non-respect des lois existantes, en particulier la loi n° 6284 relative à la protection contre les violences, prive de nombreuses femmes d’un soutien efficace. L’impunité des auteurs de ces violences, la longueur des procédures judiciaires et la lourdeur du système judiciaire aggravent encore le problème. Davantage de coopération et de responsabilité politique sont nécessaires. Les participants ont souligné que la lutte efficace contre la violence n’est possible qu’à travers une coordination plus étroite entre les agences gouvernementales, les municipalités, les organisations de femmes et la société civile. Dans les faits, la responsabilité incombe souvent à certaines institutions ; une stratégie globale fait défaut. Les acteurs politiques à tous les niveaux doivent adopter une position plus claire et plus active contre les politiques misogynes et mettre en œuvre des politiques d’égalité structurelle, ont-ils exigé. Le manque de volonté politique au sein du gouvernement et du système judiciaire entrave les progrès et contribue à la légitimation sociale de la violence. Le changement social est nécessaire Un changement profond des mentalités est également nécessaire : les rôles traditionnels de genre et les schémas de pensée patriarcaux conduisent de nombreuses femmes à dissimuler les violences ou à ne pas les reconnaître comme telles. Des formes telles que la violence numérique, le harcèlement et les violences dites « de flirt » ont augmenté ces dernières années, sans que les mécanismes existants ne permettent d’y répondre efficacement. Il est donc essentiel non seulement de développer les services de protection et de soutien, mais aussi d’agir en prévention, par le biais de l’éducation, de campagnes sensibles au genre et de campagnes de sensibilisation politique. Un catalogue de mesures spécifiques a été adopté. À l’issue de l’atelier, un ensemble de mesures a été adopté. Les organisateurs ont notamment expliqué : ▪ Renforcer la coopération interinstitutionnelle entre les organisations de femmes, les municipalités et la société civile afin d’élaborer des stratégies efficaces ▪ Renforcement des structures de protection, notamment en milieu rural, comprenant des centres d’hébergement d’urgence, des conseils juridiques et un soutien psychologique. ▪ Introduction d’instruments de planification budgétaire et de financement stratégique tenant compte de l’égalité des sexes dans les municipalités ▪ Promouvoir l’économie féminine et les modèles économiques communautaires en réponse à la dépendance économique ▪ Davantage d’éducation et de sensibilisation, notamment pour surmonter les normes patriarcales (y compris par le biais de Jineolojî) ▪ Soutien aux femmes migrantes et réfugiées par le biais de services offerts dans leurs langues maternelles et de manière respectueuse de leur culture ▪ Réforme du système judiciaire : accélération des procédures judiciaires, poursuites systématiques des délinquants, réduction des obstacles bureaucratiques ▪ Création de centres de vie pour les femmes en quête d’aide, ainsi que transformation des foyers pour femmes en lieux de vie autonome ▪ Les modèles familiaux démocratiques comme alternative à long terme aux structures hiérarchiques et patriarcales En conclusion, les participants ont souligné que la lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas seulement une tâche juridique ou sociale, mais exige une profonde transformation politique et culturelle. Cette responsabilité incombe non seulement aux organisations de femmes, mais à tous les acteurs sociaux et politiques. L’atelier a clairement démontré que la construction d’une société démocratique et juste est impossible sans une perspective féministe. Le slogan kurde « Jin, Jiyan, Azadî (Femme, Vie, Liberté) » – représente une alternative fondamentale au système actuel. (ANF)

La campagne « Give a Smile » apporte une aide hivernale aux enfants du Kurdistan

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ALLEMAGNE – Dans le cadre de la campagne « Un sourire pour 2025 », une initiative de Bielefeld collecte à nouveau des dons pour les enfants du Kurdistan du Sud et du Rojava. Pour 20 euros, un sac à dos est rempli de vêtements d’hiver, de fournitures scolaires et de bonbons. Sous le slogan « Give a Smile (Offrir un sourire) », l’Initiative pour la paix et l’espoir au Kurdistan organise une nouvelle collecte de cadeaux pour les enfants du Kurdistan du Sud et de l’Ouest. Les dons sont acceptés jusqu’au 31 décembre afin d’apporter un peu de joie aux enfants défavorisés de la région en leur offrant des sacs à dos remplis de provisions. Pour la septième année consécutive, l’association basée à Bielefeld organise cet événement. Les années précédentes, grâce à un large soutien, plusieurs milliers d’enfants issus de différents milieux sociaux ont pu bénéficier de cette action : écoles, orphelinats, camps de réfugiés, hôpitaux, établissements de soins et cités HLM. Cette année encore, les organisateurs comptent sur la solidarité et la générosité de tous pour perpétuer cette tradition. Un sac à dos pour 20 euros Cette initiative vise à aider les enfants des régions kurdes d’Irak (Kurdistan du Sud) et de Syrie (Rojava) touchées par la guerre, les déplacements de population ou la pauvreté. Chaque sac à dos contiendra des vêtements d’hiver, des fournitures scolaires et des friandises. La valeur indicative par sac à dos est de 20 €. Les fournitures sont achetées directement dans les régions concernées, une approche qui permet non seulement de réduire les coûts de transport, mais aussi de soutenir l’économie locale. Compte de don Initiative pour la paix et l’espoir au Kurdistan Sparkasse Bielefeld IBAN : DE53 4805 0161 0025 4829 77 BIC : SPBIDE3BXXX Référence : Give a Smile PayPal : paypal.me/IfFuHiK Coordonnées: Initiative pour la paix et l’espoir e.V. c/o Grüner Würfel  Kesselbrink 2, 33602 Bielefeld  www.initiative-kurdistan.org info@initiative-kurdistan.org  015775399487  Instagram : @initiative.frieden.hoffnung Facebook : Initiative pour la paix et l’espoir au Kurdistan ANF

10,5 millions de Kurdes vivent au Kurdistan d’Irak

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IRAK / KURDISTAN – Selon les données du recensement réalisé en 2024, 10,5 millions de Kurdes vivent au Kurdistan du Sud et dans les régions kurdes occupées par l’armée irakienne, dont Kirkouk, Khanaqin, Sinjar, Makhmur et Khurmatu. Les résultats définitifs du recensement général effectué l’an dernier en Irak et dans la région du Kurdistan ont été publiés. Selon les données communiquées au public par le ministère irakien de la Planification, la population totale de l’Irak et de la région du Kurdistan s’élève à 46 118 793 habitants. D’après ces données, la population de la région du Kurdistan et des zones kurdes contestées atteint 10 496 112 personnes. Environ 6 519 000 de ces Kurdes résident à Erbil, Souleimaniye, Douhouk et Halabja, villes placées sous l’administration officielle de la région du Kurdistan. Par ailleurs, 3 949 983 personnes vivent dans les zones kurdes situées hors de l’administration de la région du Kurdistan. Ces régions, situées dans le Kurdistan du Sud, comprennent Kirkouk, Khanaqin, Sinjar, Makhmur et Khurmatu. (Meopotamya)

Le modèle démocratique du Rojava est le fruit de 46 ans de luttes

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SYRIE / ROJAVA – L’entrée du leader kurde Abdullah Ocalan à Kobanê il y a 46 ans a posé la première pierre de la révolution du 19 juillet et de l’établissement du système démocratique de l’Administration autonome, qui représente les aspirations des peuples, écrit l’agence ANHA dans l’article suivant. Le Rojava est la plus petite partie du Kurdistan, séparée du Kurdistan du Nord et du Kurdistan du Sud le 24 juillet 1923. Environ trois millions et demi de Kurdes sont restés dans cette région et ont été victimes de diverses politiques d’effacement menées par les autorités syriennes. Leur langue, leur culture et leurs fêtes ont été interdites, et leur existence même a été niée. De plus, leur identité originelle a été rejetée, et le régime a déchu des centaines de milliers de Kurdes de leur nationalité syrienne, refusant de les considérer comme résidents de cette terre. Comme dans les autres régions du Kurdistan, les Kurdes du Rojava ont longtemps lutté contre la répression pour défendre leur identité. La première organisation politique du Rojava est apparue avec le mouvement Khoybun (Xoybûn, fondé au Liban en 1927 et également actif à Damas). Ce mouvement a perduré jusqu’en 1946 et comptait parmi ses membres des personnalités politiques et intellectuelles telles qu’Osman Sabri, le poète Cegerxwîn, Nûreddîn Zaza, ainsi que Celadet et Kamiran Bedirxan. En 1928, sous mandat français, les Kurdes du Rojava présentèrent pour la première fois leurs revendications à l’Assemblée constituante syrienne. Celles-ci incluaient l’enseignement en langue kurde et la reconnaissance du kurde comme langue officielle. Cependant, ces demandes furent rejetées en raison des objections des nationalistes turcs et arabes. Suite à cela, les politiciens kurdes se sont tournés vers le Parti communiste syrien. Les jeunes kurdes de Damas, d’Alep et des villes kurdes se sont également organisés en syndicats et associations culturelles. Le 14 juin 1957, des hommes politiques et intellectuels kurdes, parmi lesquels Osman Sabri et Nûreddîn Zaza, fondèrent le Parti démocratique du Kurdistan de Syrie (en kurde : Partiya Demokrat a Kurdî li Sûriyê, PDKS). Cependant, le parti se scinda en raison d’ingérences de formations du Kurdistan du Sud, et divers autres partis virent le jour au fil du temps. Ces divisions empêchèrent la société du Rojava d’unifier sa conscience et sa volonté. L’année 1979 a marqué un tournant dans l’histoire du Rojava. Le 2 juillet 1979, le leader Abdullah Öcalan arriva au Rojava et en Syrie, inaugurant une nouvelle ère. Les cadres qu’il avait formés menèrent des actions d’organisation fondées sur une nouvelle philosophie prônant l’égalité, la démocratie et la liberté des femmes. Le peuple du Rojava s’est rapidement uni autour de cette philosophie, s’engageant à affirmer sa force intrinsèque. Des milliers de jeunes hommes et femmes du Rojava ont rejoint les Forces de défense du peuple (PKK), jetant ainsi les bases d’une compréhension de la société. Participation des femmes Le leader Öcalan a propagé l’idée que « la liberté des femmes est la liberté de la société ». Il a formé des milliers de femmes qui, aux côtés des hommes, ont contribué à l’émancipation des femmes du Rojava en forgeant une identité culturelle, idéologique et politique forte. Les foyers sont devenus des lieux d’autoformation, de développement intellectuel et d’éveil. Surtout, les notions de vie communautaire, de coopération et de travail collectif se sont imposées. Entre 1980 et 2000, plus de 300 femmes du Rojava ont perdu la vie dans cette lutte. Les femmes ont également joué un rôle de premier plan dans de nombreuses activités au sein de la société. Par exemple, en 1987, des femmes kurdes ont célébré le 8 mars – officiellement désigné par le régime baasiste syrien comme une journée spéciale pour le parti – comme une véritable Journée de la femme, en secret, dans une maison de Qamishlo. Impact de la résistance de la prison d’Amed Les sacrifices accomplis par les principaux cadres du PKK dans la prison d’Amed, au Kurdistan du Nord, en 1982, ont eu un impact profond sur la population du Rojava. Après 1982, la flamme de Newroz brûla avec encore plus d’éclat au Rojava. D’Afrin à Dêrik, la population célébra Newroz malgré les attaques, les arrestations et la torture perpétrées par le régime. Bien que ce dernier ait déclaré le 21 mars « Fête des Mères », les Kurdes redonnèrent à cette journée toute sa signification originelle. L’étincelle de la révolution du 19 juillet Après vingt ans de lutte incessante jusqu’au début du XXIe siècle, le peuple du Rojava a institutionnalisé sa résistance. Sous l’impulsion de la lutte pour la liberté et face aux transformations du Moyen-Orient, des opportunités importantes se sont présentées, menant à des avancées majeures. Parmi celles-ci figure la fondation du Parti de l’union démocratique (en kurde : Partiya Yekîtiya Demokrat, PYD) le 20 septembre 2003. Le 12 mars 2004, les forces du régime ont attaqué les habitants de Qamishlo lors d’un match de football opposant l’équipe locale, Jihad, à celle de Deir ez-Zor, Futuwwa. Elles ont perpétré un massacre de civils. En réaction, un soulèvement s’est propagé dans les villes de la Jazira et a rapidement atteint Afrin, Damas et Alep. Ce soulèvement a jeté les bases d’une organisation solide et a été l’étincelle de la révolution du Rojava. Il a également préparé le terrain pour la formation des Unités de protection du peuple (YPG) à cette époque. Les femmes qui ont mené ce soulèvement et de nombreuses autres activités ont ensuite créé Kongra Star en 2005, fondant de nombreuses institutions sous son égide. Révolution du 19 juillet : fruit de 46 années de lutte Le « Printemps des peuples », également connu sous le nom de « Printemps arabe », qui a débuté en Tunisie en 2010 et s’est ensuite étendu à l’Égypte et à la Libye, a aussi eu un impact sur la Syrie. Le peuple s’est soulevé contre le régime baasiste en mars 2011. Cependant, de grandes puissances mondiales et régionales, dont la Turquie et l’Iran, sont intervenues, et des groupes tels que le Front al-Nosra et l’État islamique ont émergé, faisant dévier la révolution de sa trajectoire initiale. Face à ces événements en Syrie, le peuple du Rojava a progressé vers la liberté, fort de 46 années d’expérience, amorcées plus précisément en 1979. Le 3 juillet 2011, le Mouvement pour une société démocratique (en kurde : Tevgera Civaka Demokratîk, TEV-DEM) a été créé en tant qu’organisation fédératrice de groupes politiques et sociaux. La même année, le Conseil populaire du Kurdistan occidental (MGRK) a été fondé. Au Rojava, à partir de 2011, la population – menée par ses institutions – a organisé ses propres manifestations parallèlement aux « manifestations du vendredi » qui se déroulaient dans toute la Syrie, pour protester contre la répression et les attaques. Pour faire face aux menaces et protéger leurs acquis, les Unités de protection du peuple (en kurde : Yekîneyên Parastina Gel, YPG) ont été officiellement créées en 2011. Les Unités de protection des femmes  (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ) ont été annoncées le 4 avril 2012. Parallèlement à la lutte contre les attaques et le régime, cette période a également été marquée par d’importants efforts d’unification de la politique kurde. Les relations entre le Conseil populaire du Kurdistan occidental (en kurde : Meclîsa Gel a Rojavayê Kurdistanê, MGRK), qui regroupait cinq partis – dont le PYD – et le Conseil national kurde de Syrie (en kurde : Encûmena Niştimanî ya Kurdî li Sûriyê, ENKS), soutenu par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), se sont renforcées. Le 11 juillet 2012, une rencontre a eu lieu entre les deux parties à Hewlêr, au Kurdistan du Sud. Parallèlement, le peuple du Rojava a renforcé ses capacités de défense et franchi des étapes historiques. L’étincelle de la révolution du 19 juillet a jailli à Kobanî en 2012. Fruit de 46 années de lutte, elle s’est rapidement étendue à toutes les régions, d’Afrin à Dêrik. Les rencontres entre le MGRK et l’ENKS ont abouti à la proclamation du Comité suprême kurde le 24 juillet 2012. La population du Rojava a célébré sa création sur les places publiques le 29 juillet de la même année. Cependant, malgré cet enthousiasme initial, le Conseil national kurde s’est retiré par la suite, réduisant ainsi l’influence du Comité. En 2014, les pourparlers de Duhok, visant à créer une instance politique kurde unifiée, ont également échoué en raison des positions de l’ENKS. Afin de protéger les villes libérées, les Forces de sécurité intérieure (Asayish) ont été créées en 2012, d’abord à Kobanî, puis à Qamishlo, Hasakah, Dêrik et dans d’autres villes. Dans ce cadre, des Forces de protection communautaire (FPC) ont également été mises en place. Par ailleurs, un système de service d’autodéfense a été instauré. Grâce à ces efforts, les structures défensives ont été renforcées d’une part, et une ligne de résistance contre les menaces et les attaques des groupes extrémistes s’est mise en place d’autre part. Les premières attaques ont eu lieu en 2012, visant Serêkaniyê, Afrin et les quartiers de Sheikh Maqsoud et d’Achrafiyeh à Alep. En réponse, les YPG ont lancé une résistance qui a ensuite connu un large écho. Lorsque l’État islamique a attaqué Kobanê le 15 septembre 2014, après avoir conquis plusieurs zones de la Jazira, la résistance historique s’est intensifiée. Malgré des ressources limitées, la résilience des YPG et des YPJ a suscité, pour la première fois, un afflux de jeunes hommes et femmes venus de tout le Kurdistan, qui ont rejoint la région. Celle-ci a également bénéficié d’un soutien international sans précédent. Les fondements de la solidarité internationale se sont consolidés. Les soulèvements populaires se sont progressivement propagés et, le 1er novembre, une journée mondiale de solidarité avec la résistance de Kobanê a été proclamée. Cette alliance et 134 jours de résistance ont finalement abouti à la libération de Kobanî des mercenaires de l’État islamique le 26 janvier 2015. Même les principales puissances internationales ont finalement été contraintes de reconnaître cette volonté. Le parapluie militaire : les forces démocratiques syriennes Suite à cette lutte acharnée et à cette résistance intense, les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection des femmes (YPJ) ont acquis une large reconnaissance dans toute la région en tant que force nationale et internationale. Des milliers de volontaires arabes, syriaques et internationaux ont rejoint leurs rangs. Au sein de ces forces de protection, des unités spéciales ont été créées pour chaque communauté. Face à l’expansion de ces forces, les Forces démocratiques syriennes ont été établies le 15 octobre 2015, constituant une coalition militaire inclusive. Les combattants des YPG et des YPJ ont libéré Gire Spi (Tal Abyad) en 2015. Les FDS et les YPJ ont libéré Manbij en 2016, Tabqa en 2017 et Raqqa, la soi-disant capitale de l’EI, le 20 octobre 2017. Le contrôle territorial de l’EI a pris fin avec sa défaite finale à Baghuz, dans la province de Deir ez-Zor, le 23 mars 2019. Évolutions sociales et politiques et système d’administration autonome démocratique Après la libération des villes, les fondements de l’administration démocratique ont été progressivement posés. Des conseils et des communes ont été établis dans toutes les villes, des municipalités populaires ont été organisées et, le 12 novembre 2013, l’Assemblée populaire du Rojava a été proclamée. Les 7 et 12 novembre 2013, le Conseil fondateur conjoint de l’administration intérimaire a été constitué à Qamishlo avec la participation de toutes les composantes ethniques et religieuses. Des comités ont été formés sur le droit électoral, la structure de gouvernance, la législation et autres réglementations. Le 2 décembre 2013, le nom du Conseil conjoint de l’administration intérimaire a été changé en Conseil législatif, et il a été décidé qu’Afrin, Kobani et Jazira deviendraient des cantons administrativement indépendants réunis sous l’égide de l’administration autonome démocratique. Le 5 janvier 2014, le projet d’administration autonome a été approuvé, avec la participation de représentants de toutes les composantes et de nombreux partis politiques. Lors de sa réunion à Amuda le 6 janvier 2014, en présence de représentants de 52 partis, mouvements de la société civile, mouvements de femmes et de jeunes, et de 15 personnalités indépendantes, le Conseil législatif a ratifié la « structure administrative », le « contrat social » et les « lois électorales ». L’arabe, le kurde et le syriaque ont été adoptés comme langues officielles. L’administration autonome démocratique du canton de Jazira a été proclamée le 21 janvier 2014, celle de Kobani le 27 janvier et celle d’Afrin le 29 janvier de la même année. Suite à la proclamation des administrations autonomes, toutes les affaires furent placées sous l’égide d’une administration commune. L’enseignement était dispensé dans les langues officielles et chaque composante créa ses propres institutions dans les domaines culturel, social et religieux. La diplomatie a également constitué une étape importante. Le premier bureau de représentation de l’Administration autonome a ouvert ses portes à Souleimaniye, au Kurdistan du Sud, le 15 août 2015. Un second bureau a ouvert à Moscou le 10 février 2016. D’autres bureaux de représentation ont ensuite été ouverts en Autriche, en France, en Allemagne et au Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg). Un autre bureau a été ouvert en Suède pour les pays scandinaves (Suède, Danemark, Norvège et Islande), ainsi que des bureaux administratifs au Liban et aux Émirats arabes unis. L’Administration autonome a également participé aux réunions du Caire et de Moscou visant à résoudre la crise syrienne. Élections et Fédération de Syrie du Nord Afin d’harmoniser l’ensemble des régions et de mettre pleinement en œuvre le système d’administration autonome, la Fédération de Syrie du Nord a été proclamée en 2017. Le système administratif a été organisé en trois régions (Jazira, Euphrate et Afrin) et six cantons (Qamishlo et Hassaké en Jazira ; Gire Spi et Kobané en Euphrate ; Afrin et Shahba dans la région d’Afrin). Manbij, Raqqa et Tabqa ont été désignées comme administrations civiles. Les premières élections municipales ont eu lieu en 2015 et les secondes en 2017. Attaques d’occupation Le 20 janvier 2018, l’État turc occupant et ses mercenaires ont attaqué Afrin. La population a opposé une forte résistance, mais la ville a finalement été occupée le 18 mars de la même année. Puis, le 9 octobre 2019, jour anniversaire du complot international contre le dirigeant Abdullah Öcalan, l’État turc occupant a attaqué Serê Kaniyê et Gire Spi. Reconnaissance de la d’AANES Face à ces attaques d’occupation, des efforts ont été entrepris le 6 septembre 2018 pour étendre et renforcer le système d’autonomie démocratique. L’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) a été proclamée, et ce modèle d’autogouvernance a suscité un intérêt international. La première reconnaissance officielle de cette Administration autonome est venue du Parlement de Catalogne, en Espagne, à l’occasion de l’anniversaire de la libération de Raqqa (20 octobre 2021). Structure finale de l’accord de défense administrative  Avec le développement du système, des changements sont apparus dans les sphères sociale, politique, économique et éducative. Dans ce contexte, le Contrat social a été réécrit et ratifié le 12 décembre 2023. Le nouveau Contrat social comprend un préambule et quatre chapitres, soit 134 articles. Des amendements ont été apportés à la structure de gouvernance, et le nom officiel de l’administration est devenu : Administration autonome démocratique de la région du Nord et de l’Est de la Syrie. Le système provincial (Jazira, Euphrate, Afrin) a été aboli et remplacé par un système cantonal. La région compte désormais sept cantons : Afrin-Shahba, Jazira, Euphrate, Manbij, Raqqa, Deir ez-Zor et Tabqa. Sur la base du contrat social, la loi sur l’union des municipalités, la loi sur la haute autorité électorale et la loi sur les divisions administratives ont été promulguées. Les élections municipales étaient prévues pour le 11 juin 2024, mais elles ont été reportées à la demande des partis et organisations politiques y participant afin de permettre des préparatifs plus approfondis. La chute du régime et la nouvelle phase La chute du régime baasiste le 8 décembre 2024 a marqué le début d’une nouvelle phase dans la région. Un gouvernement de transition a été formé à Damas, suivi de négociations entre Damas et l’Administration autonome. Dans le but de construire l’avenir de la Syrie, l’Administration autonome est devenue un acteur central sur la scène politique. À l’issue de discussions internationales, un accord composé de 8 articles a été conclu entre Damas et l’Administration autonome le 10 mars 2025. Les pourparlers avec diverses puissances internationales et États étrangers se sont intensifiés. Face aux massacres survenus dans la région côtière et à Soueïda, l’administration autonome était perçue, même par les populations locales, comme la solution la plus appropriée. L’Administration autonome continue de proposer et de défendre le système décentralisé comme modèle optimal. (ANHA) 

Salih Muslim : « Sans démocratie, il n’y a pas d’intégration »

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SYRIE / ROJAVA – Alors que les négociations autour de l’accord du 10 mars sont au point mort, l’homme politique kurde, Salih Muslim a pointé du doigt la coordination en coulisses entre la Turquie et Damas, les zones ouvertes à l’EI et les attaques contre les Alaouites et Druzes, en déclarant : « Sans démocratie, il n’y a pas d’intégration. » Les négociations entre l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et le gouvernement intérimaire de Damas, fondées sur l’accord du 10 mars, demeurent incertaines. Suite à une rencontre à Washington entre le président américain Donald Trump et le président du gouvernement intérimaire Ahmed al-Charia, des progrès ont été annoncés concernant l’intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS) à l’armée syrienne et un « accord de sécurité » avec Israël. Dans le même temps, face à l’escalade des attaques contre les populations alaouites et druzes sur le terrain, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le gouvernement de Damas faciliterait l’implantation de l’État islamique. À la lumière de cette situation, Salih Muslim, membre du Conseil présidentiel du Parti de l’union démocratique (PYD), s’est entretenu avec notre agence au sujet du blocage des négociations, du rôle de la Turquie et du nouveau contexte politique régional. Muslim, rappelant que des discussions avaient eu lieu avec l’Administration autonome avant le départ de Sharaa pour Washington, a indiqué que des comités avaient été mis en place pour appliquer l’Accord du 10 mars. Constatant que le processus n’avait pas progressé, Muslim a déclaré : « Nous nous sommes mis d’accord sur quelques points. Apparemment, il s’agissait d’adoucir le ton et d’aller aux États-Unis en disant : “Nous rencontrons l’Administration autonome et nous nous efforçons de résoudre les problèmes.” De fait, les États-Unis souhaitent également que ces problèmes soient résolus et ils ont un plan. L’Accord du 10 mars a fait l’objet de nombreuses discussions. Hakan Fidan a également été présent et a déclaré : “L’Accord du 10 mars doit être appliqué.” Ses discours étaient modérés. Mais ensuite, les paroles sont restées lettre morte et aucune mesure concrète n’a été prise. » La Turquie tente de créer des obstacles Muslim, constatant que la Turquie a toujours insisté sur la mise en œuvre de l’Accord du 10 mars, mais n’a pas mené de politique concrète en conséquence, a déclaré : « Elle agit en catimini. Il existe des liens entre la Turquie et l’administration de Damas, et Damas est sous l’influence turque. Elle fait tout ce que la Turquie lui demande. Des groupes affiliés à la Turquie lancent régulièrement des attaques contre les frontières de l’Administration autonome. Ils cherchent à attiser les tensions à Deir ez-Zor, Sheikh Maqsud et Achrafiya. À ce jour, ils forment toujours un groupe et bénéficient du soutien de la Turquie. Il semble que la Turquie prenne diverses mesures et tente de créer des obstacles. » Muslim, soulignant que certains groupes en Turquie exploitent les problèmes en Syrie à leur propre avantage, a déclaré : « Ils veulent semer le chaos à Bakur et perturber le processus. Certains en Turquie ne souhaitent pas que ce processus aboutisse. D’après ce que nous constatons, il est actuellement piloté par des individus. Shara et Sheybani, entre autres. Ils ont des liens avec l’étranger et ne recherchent donc pas réellement une solution. Les événements du 10 mars concernaient toute la région syrienne. Si nous comprenons bien, les puissances hégémoniques aspiraient à la paix et à la tranquillité en Syrie. Bien sûr, c’était pour leurs propres intérêts. La paix et la tranquillité dépendent de l’Accord du 10 mars. Par conséquent, personne ne peut prétendre être contre l’embargo. Ils veulent détruire de l’intérieur ; ils refusent d’appliquer l’Accord du 10 mars. » Muslim a souligné la nécessité d’ouvrir les frontières avec la Turquie et a déclaré que son pays œuvrait à l’amélioration des relations avec ce pays. Il a affirmé : « Il s’agit d’une demande de l’Administration autonome. Puisque nous vivons ensemble, nous partageons tout. L’accord du 10 mars devrait être négocié avec la Turquie ou Bachar, dans la région de l’Administration du Rojava. Le gouvernement syrien n’a formulé aucune demande en ce sens à ce jour. Nous souhaitons également un accord. Nous voulons que nos citoyens puissent circuler librement. » Concernant les récentes attaques lancées par le gouvernement de Damas contre les Alaouites et les Druzes, Muslim a déclaré : « L’accord du 10 mars concernait toute la Syrie. Les articles 1 et 2 s’appliquaient à tous les groupes ethniques du pays. Il y a des Druzes et des Alaouites. Cet accord a été conclu pendant le massacre des Alaouites. Il visait à mettre fin à ce massacre. Il semble que la position du gouvernement ne soit pas en accord avec cet accord. Jusqu’à présent, le gouvernement a toujours souhaité un gouvernement unique, un pouvoir unique. Il veut que tout le monde gouverne et que personne n’ose s’exprimer. Ce qui arrive aujourd’hui aux Alaouites et aux Druzes est une réalité, et les Alaouites devront se protéger. Les Druzes ont toujours défendu la Syrie depuis sa fondation en 1946. Mais le gouvernement prétend : “Tout le monde doit être musulman.” Or, les Druzes ne sont pas musulmans, les Alaouites ont renié leur religion. » C’est pourquoi on observe actuellement une forte contestation du gouvernement. Ce dernier souhaite maintenir l’hostilité, notamment sur la question kurde. Cela compromet l’avenir de la Syrie. » Muslim qui a souligné la coopération entre le gouvernement de Damas et Daech, a déclaré : « Pendant que Daech nous combattait, tout le monde fuyait. Ils sont allés à Idlib et ont changé de nom et d’uniforme. Ce qui s’y passait était une opération secrète. Lorsque le gouvernement de Hayat Tahrir al-Sham est arrivé au pouvoir, ils étaient toujours là. Les cellules dormantes se sont également réveillées. Après la chute du gouvernement, de nombreux groupes ont pris les armes. Leur mufti a déclaré : « Ce sont des musulmans, ne les combattez pas. » Ils ont dit : « Ahmet Shara, vous rencontrez les ennemis de l’islam, ce n’est pas permis. » Ceux de Deir ez-Zor se sont réveillés et ont pris les armes. C’est pourquoi nous ne pouvons pas dire que le gouvernement combattra Daech. Ils sont idéologiquement identiques, nous ne prenons donc pas cette question au sérieux. Les puissances internationales ont également commencé à s’y intéresser. » Évoquant la visite de la commission parlementaire créée dans le cadre du processus de paix et de société démocratique auprès du leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, à İmralı, et le contenu de la réunion, Muslim a déclaré : « Ils voulaient que le leader du peuple kurde déclare : “Nous sacrifions toute la Syrie, tous les Kurdes.” Mais le leader du peuple kurde a une fois de plus fait preuve de fermeté. Il ne dira pas : “Le peuple du Rojava se rendra aux djihadistes.” Il affirme : “Il faut un système démocratique pour que l’intégration soit possible. Sans système démocratique, il ne peut y avoir d’intégration en Syrie.” L’instauration d’un système démocratique aura également un impact sur la Turquie. Il insiste sur la démocratie. Sans démocratie, il ne peut y avoir d’intégration. Il ajoute : “L’intégration doit impérativement se faire dans un cadre démocratique.” » Nous défendons aussi la démocratie, mais si nos esprits ne sont pas démocratiques, l’intégration est difficile. Nous le disons sans cesse : notre peuple, dans les quatre régions, lutte constamment. Le peuple kurde est à la tête de ce processus. Nous voulons instaurer la démocratie, où qu’elle se trouve, car si elle s’installe, elle nous apportera une solution. Le peuple kurde est à la tête de ce processus. » (Mezopotamya)

PARIS. Colloque « Quel avenir pour le Rojava ? »

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PARIS – Le 13 décembre 2025, le Palais du Luxembourg accueillera un colloque organisé par l’Institut kurde de Paris sur l’avenir du Rojava dans le nouveau contexte syrien. (Inscription obligatoire avant le 6 décembre à 14h pour assister au colloque) Le colloque accueille des universitaires, spécialistes et personnalités politiques d’horizons divers partageront avec le public leurs analyses et leurs éclairages. « Un an après la chute de la dictature bassiste de la dynastie des al-Assad, un nouveau régime issu de la mouvance islamiste tente d’imposer son autorité à l’ensemble de la Syrie, y compris les territoires contrôlés et administrés par l’Administration autonome du nord et du nord-est syrien, mieux connue sous le nom kurde de Rojava.

Quelle est la nature du nouveau régime syrien ? Quel est son projet de société ? Ses alliances locales et régionales ? Quel projet pour l’avenir de la Syrie et des multiples composantes nationales et religieuses de sa mosaïque ?

De fortes pressions s’exercent sur les dirigeants du Rojava pour que ses forces armées à dominante kurde, et ses institutions, intègrent l’armée syrienne et les institutions de l’État syrien. Un accord de principe a été signé le 10 mars entre le président syrien par intérim al-Charas et le général kurde Mazlum Abdi sur un processus d’intégration. Mais les négociations n’avancent guère, car on ne sait pas comment une armée de près de 100.000 combattantes et combattants kurdes pourront intégrer une armée syrienne composée d’un assemblage d’environ 30.000 miliciens, y compris de 7000 à 8000 djihadistes étrangers ? Comment intégrer un « Parlement » non élu, désigné ? Comment accepter une « déclaration constitutionnelle » qui ne prévoit aucune garantie ni reconnaissance pour les Kurdes, les Druzes, les Alaouites, les chrétiens et les Arabes sunnites laïcs ? »
RDV le samedi 13 décembre à 14h30
Salle Clémenceau
15 rue Vaugirard
75006 PARIS

ROJAVA. En novembre, les gangs de la Turquie ont tué 5 Kurdes à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – En novembre dernier, cinq Kurdes ont été tués et six autres blessés, tandis que les olives d’environ 8 700 arbres ont été pillées par des gangs de la Turquie à Afrin occupée. Les crimes commis par les mercenaires et colons de la Turquie contre la population autochtone d’Afrin se poursuivent. Selon des documents de l’Organisation des droits de l’homme à Afrin (Syrie), en novembre 2025, cinq personnes ont été tuées dans des circonstances douteuses et une personne a été enlevée à Afrin. Un civil a également été blessé par balle par des voleurs, une autre personne a été abattue par des colons, et une femme et son mari ont été tués par des voleurs armés. Deux personnes ont été battues et maltraitées lors de tentatives de vol de leurs biens par des voleurs, tandis qu’un jeune homme du village de Nairabiya a été agressé par des mercenaires de l’occupation turque. Vol d’olives Concernant la récolte des olives, les événements les plus marquants se sont produits en octobre et novembre, période durant laquelle l’organisation a recensé une partie de ces vols. La récolte d’environ 8 700 oliviers a été volée par des colons et des mercenaires de l’occupation turque dans la région d’Afrin. Des arbres forestiers ont également été abattus dans les villages de Baflion, Arab Wiran, la ville de Sharan, Turmusheh, Arinde, Ramadana et la ville de Shieh dans la campagne d’Afrin, pour en faire le commerce du bois. Les violations des droits des habitants de la ville occupée se poursuivent, notamment l’incendie d’un kiosque appartenant à un riverain dans des circonstances qualifiées de suspectes par les habitants. (ANHA) 

TURQUIE. Appel à l’auto-organisation collective contre la dégradation du tissu social

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans la province kurde de Diyarbakir (Amed), la consommation de drogue est en hausse et l’âge de la première consommation diminue. Une initiative tire la sonnette d’alarme, dénonçant l’érosion sociale causée par la pauvreté, le désintérêt politique et des stratégies de subversion délibérées. Leur réponse : l’auto-organisation collective. Selon les organisations de la société civile, la consommation de drogue chez les jeunes du Kurdistan du Nord est en constante augmentation. Amed (Diyarbakır), la capitale provinciale, est particulièrement touchée, et la situation s’aggrave dans plusieurs districts. Murat Kan, co-porte-parole de la plateforme kurde antidrogue « Şiyar Be ! », évoque une crise sociale caractérisée par un abaissement drastique de l’âge de la première consommation et une prévalence croissante. Il attribue ces phénomènes aux évolutions socio-économiques et politico-stratégiques de ces dernières années. Drogues, prostitution, jeux d’argent : symptômes d’érosion sociale « À Amed, comme dans de nombreuses autres régions du Kurdistan, nous constatons une recrudescence du trafic de drogue, mais aussi de la prostitution, des jeux d’argent illégaux et du crime organisé », a déclaré Kan à l’agence ANF. Ces phénomènes témoignent d’une crise qui s’aggrave : la pauvreté, l’exclusion sociale, la désorientation et l’aliénation par rapport à leur environnement ne cessent de croître. « Les gens ont perdu tout lien avec les valeurs collectives. Ce déracinement crée un vide, et des structures destructrices s’y engouffrent », a ajouté Kan. Il est particulièrement alarmant que cette évolution touche d’abord les enfants et les jeunes, qui n’ont plus accès à aucun filet de sécurité sociale. Méthodes de « guerre spéciale » au Kurdistan Outre la négligence structurelle de l’État, la plateforme dénonce également une stratégie politique délibérée à l’origine de la situation. Kan évoque une prétendue « politique de guerre spéciale » qui cible la résilience sociale de la population kurde. Selon lui, cette politique vise à affaiblir l’identité collective, à neutraliser tout potentiel de résistance et à saper systématiquement la cohésion sociale. Kan considère également que la tolérance, voire la propagation délibérée, de la consommation de drogue et d’autres dynamiques destructrices font partie intégrante de cette stratégie. La pauvreté et la guerre comme terreaux fertiles « Depuis le plan de désintégration de 2014, le système des forces spéciales est devenu un instrument de destruction directe de la société », a déclaré Kan. Il ne s’agit plus seulement de répression politique, mais d’une « érosion à tous les niveaux de la vie ». Un autre aspect est la pauvreté persistante, exacerbée par les crises économiques et le manque de perspectives. « Une société qui vit pendant des années dans la guerre, l’insécurité et les difficultés économiques perd inévitablement son filet de sécurité sociale », a poursuivi Kan. Cela conduit des jeunes en situation précaire à se tourner vers des structures destructrices, souvent faute d’alternatives. Contre-stratégie : Organisation et retour aux valeurs La négligence de l’État, les mesures de sécurité répressives et le déclin des infrastructures sociales ont engendré un climat où la dégradation est devenue la norme. La plateforme appelle donc à une réponse sociétale globale : par l’auto-organisation collective, l’éducation et la reconstruction de valeurs partagées. « Nous devons commencer là où, en tant que société, nous sommes devenus les plus vulnérables », a déclaré Kan. Cela signifie créer des espaces sociaux où la solidarité, l’égalité, la dignité et le sentiment d’appartenance peuvent à nouveau être vécus. « Notre réponse à cette situation n’est pas le repli sur soi, mais la construction : nous devons réintégrer nos principes éthiques et politiques dans la vie quotidienne – à l’école, dans les quartiers, en famille et au sein des communautés », a déclaré Kan. Pour y parvenir, il est essentiel de mettre en place des structures sociales organisées qui offrent protection, accompagnement et participation. La plateforme « Şiyar Be! » est active dans plusieurs villes, dont Amed, Êlih (Batman), Şirnex (Şırnak) et Mêrdîn (Mardin), et propose un soutien aux victimes et à leurs familles, ainsi qu’un travail de prévention. Son objectif est de sensibiliser le public aux causes profondes du problème, et non seulement à ses symptômes. (ANF)
Le « Plan de décomposition » (en turc : « Çöktürme Planı », que l’on pourrait traduire par « Mettre à genoux ») est une stratégie militaro-politique d’anéantissement de la société kurde, élaborée par l’État turc durant le processus de dialogue entre Ankara et le représentant kurde Abdullah Öcalan, qui s’est déroulé de 2013 à 2015. Les méthodes employées sont extrêmement diverses : au sein du mouvement kurde, le terme « guerre spéciale » désigne les moyens clandestins ou indirects de contrôle et de subversion étatiques, notamment la guerre psychologique, la désinformation, les pressions économiques et l’affaiblissement délibéré des structures sociales par le biais de problèmes sociaux tels que la drogue, la criminalité ou l’aliénation culturelle.

« Les femmes qui ont vaincu Daech refusent de se soumettre au HTS »

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SYRIE / ROJAVA – La journaliste kurde Beritan Sarya a déclaré que les femmes qui ont vaincu l’EI à Kobanê résistent désormais au régime du HTS avec la même détermination. Le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC ou HTS) et ses groupes affiliés ont marginalisé les femmes dans la vie publique et perpétré des actes ayant entraîné la mort de centaines de femmes. Pourtant, les Syriennes refusent de se résigner à ce « moindre mal ». La journaliste Beritan Sarya a déclaré que des structures telles que l’Assemblée des femmes syriennes s’organisent d’Idlib à Damas, de Lattaquié à Alep, malgré la répression. Elle a ajouté que la révolution du Rojava est aussi une « révolution des femmes » et continue d’inspirer l’espoir dans le monde entier. Le soulèvement populaire qui a débuté au Rojava le 19 juillet 2012 demeure, quatorze ans après, l’une des expériences de transformation sociale les plus abouties menées par des femmes. Les forces patriarcales et réactionnaires, intolérantes à la révolution féminine, ont lancé une offensive tous azimuts contre les acquis des femmes. Pourtant, ces dernières ne capitulent pas et refusent le moindre mal. Guidées par la ligne des Unités de défense des femmes (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ), elles poursuivent leur lutte à travers les communes, les structures d’autodéfense et l’organisation de la base. Avec la prise de contrôle de Damas par HTS et les forces qu’il dirige le 8 décembre 2024, les acquis des femmes dans la région sont confrontés à la vague d’attaques la plus violente de l’histoire moderne. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, la journaliste Beritan Sarya s’est entretenue avec ANF au sujet de la situation des femmes quatorze ans après la révolution du Rojava. La révolution des femmes qui ont vaincu Daech La journaliste Sarya a déclaré que la révolution du Rojava est, par essence, une révolution des femmes. Depuis 2012, les femmes se sont organisées dans tous les domaines de la vie, des forces d’autodéfense aux assemblées populaires, des communes à l’administration autonome, grâce à un système de quotas de 50 % et de coprésidence. Sarya a souligné que les femmes ont infligé à Daech sa première défaite majeure lors de la résistance de Kobanê et a ajouté : « Cette révolution est la révolution des femmes qui ont vaincu Daech. Quatorze ans après sa création, la révolution du Rojava a survécu grâce à un travail acharné et à de lourds sacrifices. Elle continue d’évoluer tout en préservant son existence avec détermination. Cette révolution a été définie de multiples façons, mais sa définition la plus forte est la suivante : c’est une révolution des femmes. Au Moyen-Orient, une région en proie au sexisme, au nationalisme, au fondamentalisme religieux et au capitalisme, une crise profonde de l’État se développe. C’est précisément dans cette obscurité que la naissance, l’enracinement et la croissance d’une révolution des femmes revêtent une signification rarement observée dans l’histoire. » Le fruit de décennies de travail Sarya a déclaré que la révolution du Rojava est, à la base, le résultat de vingt années de travail intense d’Abdullah Öcalan en Syrie à partir de 1979, ainsi que de la lutte du mouvement de libération kurde et, en particulier, du mouvement de libération des femmes. Elle expliqua : « Abdullah Öcalan entra en Syrie par Kobanê le 2 juillet 1979. Il vécut d’abord à Damas, puis au Liban. Durant cette période, des milliers de personnes, non seulement des Kurdes, mais aussi des Syriaques, des Arméniens et des Arabes, découvrirent ses idées, en furent influencés et rejoignirent le Mouvement. Dès les années 1980, la population du Rojava, et notamment les femmes, prit conscience du rôle pionnier des femmes. Un nombre important de militantes formées à l’Académie Mahsum Korkmaz étaient des femmes. Après leur formation, elles furent envoyées dans les villages et les villes, où elles éduquèrent la population et apprirent d’elle. Des mères envoyaient leurs filles rejoindre la guérilla, lutter pour la liberté. Les analyses d’Öcalan sur les femmes étaient ouvertement débattues lors de réunions de femmes et de rassemblements publics à travers le Rojava. La répression sexiste et religieuse intense exercée par le régime syrien apparut également clairement lors de ces discussions. Dans ce contexte, la confiance envers les femmes au sein de la base militante du Mouvement se développa rapidement. » Ils ont tissé la révolution fil par fil Sarya a souligné que les femmes ont été à l’avant-garde de la révolution dès le début. Elle a rappelé que le Parti de l’union démocratique (PYD) a été fondé en 2003, suivi par Yekîtiya Star en 2005 ; et que lorsque la révolution a véritablement commencé en 2011, de jeunes femmes défendaient les frontières avec des bâtons, faute d’armes adéquates. Elle a décrit ainsi l’organisation des femmes dans les sphères militaire, politique et sociale : « Dès les premiers mois de la révolution, la toute première institution créée fut la « Mala Jinê » (Maison des Femmes). Peu après, les femmes ont rejoint les forces d’autodéfense et, le 4 avril 2013, les Unités de défense des femmes (YPJ), une formation sans précédent au monde, ont été officiellement fondées. Les attaques ont commencé peu après : d’abord du régime, puis d’al-Nosra, de l’Armée syrienne libre (ASL) et enfin de Daech. Daech a subi sa première défaite majeure au monde à Kobanê. Les femmes ont joué un rôle décisif dans la résistance de Kobanê. Avec des ressources quasi inexistantes, les femmes du Rojava ont mené une résistance extraordinaire. Des femmes et des jeunes internationalistes du monde entier ont rejoint ce combat. Daech, l’incarnation la plus brutale du système dominé par les hommes, a reçu son premier coup dur au Rojava de la part des femmes. C’était le début de sa fin. » La plus grande force de la révolution La plus grande force de la Révolution des femmes du Rojava réside dans l’organisation des femmes dans tous les domaines de la vie. En matière de défense physique, on trouve les YPJ, une force pionnière du genre au monde. Dans la défense idéologique, les académies féminines jouent un rôle central. Sur le plan culturel, les femmes mènent la lutte pour préserver une culture féminine considérée comme le fondement d’une société naturelle et démocratique. Et en politique et en économie, elles occupent des postes importants grâce au système de coprésidence et à un quota obligatoire de 50 %. Dans l’Administration autonome établie en 2014, le système de coprésidence a été rendu obligatoire. Des lois sur les femmes ont été promulguées, et l’un des premiers articles du Contrat social a défini un principe fondamental : « La liberté des femmes est le principe fondamental de cette administration. » Ce contrat a été mis à jour en 2016, 2020 et, plus récemment, en décembre 2023. Fondée en 2017, l’Assemblée des femmes du Nord et de l’Est de la Syrie fédère toutes les organisations féminines. Elle élabore des lois sur les femmes, établit des conseils de justice pour les femmes et supervise la mise en œuvre de l’égalité des sexes dans toute la société. Réalisé dans des conditions de guerre Aujourd’hui, grâce à un quota de 50 % et au système de coprésidence, les femmes participent à tous les niveaux de la vie politique, des communes aux assemblées populaires, et de la base aux plus hautes instances de gouvernance. Cette participation est essentielle car nous vivons encore dans un contexte profondément marqué par les inégalités de genre. Bien qu’une révolution menée par les femmes soit en marche depuis 14 ans, la transformation sociale ne se fait pas du jour au lendemain ; elle exige un travail constant d’éducation, d’efforts et de lutte. Tout cela a été accompli malgré le contexte de guerre. Après les attaques de Daech, les occupations turques ont commencé. Afrin (Efrîn) a été occupée en 2018, suivie de Serêkaniyê et Girê Spî en 2019. Afrin, en particulier, connue comme une ville de femmes, est devenue un foyer de nettoyage ethnique et de féminicides après l’occupation. Le régime actuel est également hostile aux femmes Sarya a affirmé que le régime de Bachar el-Assad en Syrie n’a jamais été socialiste ni laïc, citant des clauses de la constitution telles que « Le président doit être musulman » et l’autorisation pour un homme d’épouser quatre femmes. Elle a poursuivi : « Bien que quelques réformes limitées aient été entreprises ces dernières années sous la pression de la révolution du Rojava, la véritable transformation s’est opérée dans le nord et l’est de la Syrie. Le 8 décembre 2024, Hayat Tahrir al-Sham, anciennement connu sous le nom d’al-Nosra, et ses partisans ont pris le contrôle de Damas. Le régime d’Assad était réactionnaire et sexiste, mais ceux qui lui ont succédé sont les forces les plus réactionnaires et les plus salafistes-djihadistes, des groupes qui ont ouvertement érigé le féminicide en politique. Dès leur arrivée au pouvoir, une force misogyne, misanthrope et antidémocratique a commencé à se légitimer sur la scène internationale. » La force qui donne confiance aux femmes Sarya a souligné que dans une région où la violence d’État masculine est la plus forte, les YPJ demeurent la seule force qui inspire une véritable confiance aux femmes. Elle a déclaré : « Ce sont de jeunes femmes, qui venaient à peine d’apprendre à manier une arme, qui ont vaincu Daech, l’organisation masculine la plus brutale au monde ; qui ont tenu bon et résisté là où les armées d’État ont fui. À Kobanê, à Minbic, à Raqqa, à Deir ez-Zor, les femmes ont mûri à travers la guerre et ont accédé au commandement. La société a été témoin de la force des femmes et sa confiance en elles s’est renforcée. La révolution des femmes arabes a également émergé de ce processus. Dès le début de la révolution, des femmes arabes, syriaques, arméniennes et turkmènes ont combattu côte à côte. Le paradigme d’Abdullah Öcalan, celui de l’unité démocratique des peuples et d’une vie libre partagée, a trouvé une expression concrète dans la pratique. » Des centaines de femmes ont été tuées La journaliste Sarya a déclaré que la mentalité du pouvoir étatique masculin cherchant à détruire la révolution des femmes est aujourd’hui alimentée par le soutien de HTS et de la Turquie, et que les femmes arabes éprises de liberté sont spécifiquement ciblées dans des régions telles que Deir ez-Zor, Minbic et Tabqa. Sarya a poursuivi : « Depuis le 8 décembre, les massacres se poursuivent. Des femmes alaouites et druzes sont enlevées, violées et contraintes d’abandonner leur culture. Selon les chiffres officiels de juillet 2025, plus de 710 femmes ont été tuées ; le nombre réel est bien plus élevé. Des centaines de femmes sont toujours portées disparues. L’administration du HTS a rédigé la constitution sur la base de la charia. Les femmes ne bénéficient quasiment d’aucun droit ; voyager seules est interdit, dans les transports en commun, elles sont obligées de s’asseoir au fond, et même le fait de s’asseoir côte à côte est considéré comme un crime. Ils ont nommé une « ministre féministe » chrétienne pour la forme, mais elle ne représente en rien les femmes syriennes. Des journalistes, des universitaires et des militantes sont arrêtées, menacées et tuées. Malgré cette politique insidieuse de régression forcée, les femmes syriennes refusent d’accepter le moindre mal. Des structures telles que l’Assemblée des femmes syriennes s’organisent d’Idlib à Damas, de Lattaquié à Alep. C’est par l’organisation que les femmes renforcent leur autodéfense. » (ANF)