La Turquie va-t-elle répondre des massacres des Kurdes ?

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans une déclaration marquant l’anniversaire des massacres des Kurdes de Maraş (décembre 1978) et de Roboski (décembre 2011), le Congrès des Sociétés démocratiques du Kurdistan en Europe (KCDK-E) a appelé l’État turc à faire face à son « histoire de massacres ». Soulignant que la démocratisation ne sera pas possible tant que les massacres perpétrés en Turquie resteront impunis, le communiqué du KCDK-E publié jeudi se lit comme suit : « Selon les chiffres officiels, 120 personnes ont été tuées lors du massacre de Maraş, perpétré par l’État contre les Kurdes alévis entre le 19 et le 24 décembre 1978. Le massacre de Maraş est entré dans l’histoire comme un acte de barbarie contre les Alévis kurdes.  Le massacre de Maraş visait à étendre le génocide kurde au cœur du Kurdistan en nettoyant la région à l’ouest du Kurdistan, connue sous le nom d’ouest de l’Euphrate, de sa population kurde-alévi. Les auteurs connus du massacre de Maraş n’ont pas été traduits en justice, mais ont au contraire été récompensés, comme à Madımak [Sivas]. Les assassins des Alévis ont été, de fait, récompensés en étant admis au Parlement par l’État. La mentalité qui a perpétré le massacre de Maraş est perpétuée par les politiques monistes, racistes et statu quo de l’État turc, héritées de la tradition ottomane et dirigées contre tous ceux qui ne sont pas turco-islamiques, y compris les Kurdes, la communauté alévie et toutes les autres confessions et identités. Le 28 décembre 2011, date désormais gravée dans l’histoire, des avions de combat turcs ont perpétré une nouvelle fois le massacre délibéré et planifié de 34 civils kurdes, pour la plupart des enfants. Ce massacre était si flagrant que le commandant qui l’a exécuté a été promu et récompensé par la suite. Le massacre de Roboski est entré dans l’histoire comme un massacre planifié de Kurdes par l’État turc. Onze ans se sont écoulés depuis que 34 Kurdes, dont 19 enfants, ont été tués par des avions de guerre turcs. Les responsables n’ont toujours pas été traduits en justice. Malgré l’évidence des faits, ceux qui ont donné les ordres n’ont pas non plus été jugés, et des tentatives sont en cours pour étouffer le massacre. Nous approchons de l’anniversaire du massacre perpétré contre des prisonniers dans les prisons le 19 décembre 2000*. Les prisonniers politiques continuent de mourir les uns après les autres dans les prisons turques. Aucun massacre ne saurait être soumis à la prescription. Tant que les massacres de Maraș, Roboski, des prisons et de dizaines d’autres lieux resteront impunis, la démocratisation sera impossible. L’appel lancé par le leader Apo [Abdullah Öcalan] le 27 février a donné lieu à une initiative historique de confrontation sociale, de révélation des massacres commis dans l’histoire turque et de rétablissement de l’unité sociale, de la paix et de la vie démocratique, principalement en Turquie mais aussi au Moyen-Orient. La réalisation du paradigme de la paix et de la société démocratique permettra de faire la lumière sur tous ces massacres, d’apaiser les consciences sociales et de permettre aux peuples, aux femmes, aux cultures et aux religions de conquérir le XXIe siècle sur la base de l’égalité et de la liberté.  Nous, membres du KCDK-E, condamnons les massacres de Maraş, Roboski et [ceux commis dans les prisons], et nous rendons un hommage respectueux aux martyrs. Nous appelons toute personne qui se considère comme humaine à agir pour mettre un terme définitif à toutes les pratiques inhumaines dans les prisons, en particulier le système d’isolement à İmralı. » (ANF) *Le 19 décembre 2000, les autorités turques ont lancé l’opération armée malnommée « retour à la vie » pour faire cesser les grèves de la faim des prisonniers politiques de gauche. Lors de l’attaque militaire contre 20 prisons, 30 prisonniers ont été tués, plusieurs autres blessés.

TURQUIE. Commémorations du massacre des Kurdes-alévis de Maras

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TURQUIE / KURDISTAN – Entre le 19 et le 26 décembre 1978, une vague d’attaques sanglantes orchestrée par l’extrême-droite turque a ciblé les Kurdes alévis de Maraş, coutant la vie à au moins 120 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants. Les paramilitaires ont également incendie de 559 maisons et détruits près de 290 entreprises appartenant à la population kurde-alévie. 47 ans après ce pogrom ciblant les Kurdes alévis de Maras, les survivants exigent que l’État turc affronte son passé sanglant pour éviter de nouveaux pogroms dans le pays. Les traumatismes du pogrom de Maras restent vifs 47 ans après le massacre  En décembre 2023, Müslüm İbili, président de l’Association Culture et Solidarité Erenler, s’exprimait à l’occasion du 45e anniversaire du massacre des Kurdes alévis de Maraş, rejetant la faute sur « l’État profond » et soulignant le traumatisme qui persiste encore. İbili a appelé à ce que les adeptes de la religion alévie soient enfin traités comme des citoyens égaux afin d’éviter de futurs incidents. Entre le 19 et le 26 décembre 1978, une vague de violence d’une semaine contre les Kurdes alévis de Maraş a coûté la vie à 120 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, l’incendie de 559 maisons et la destruction de près de 290 entreprises. Certaines parties de Maraş ont été complètement détruites et un couvre-feu a été imposé à la ville. Ni l’armée ni la police n’ont tenté d’arrêter les attaques. Après le massacre, de nombreux Kurdes alévis de la ville ont commencé à partir, de sorte que la démographie de Maraş a considérablement changé. La population alévie, qui représentait plus de 35% avant 1978, n’en représente plus que 10%. Malgré des années de procédures judiciaires contre les auteurs du massacre, la justice reste insaisissable. Les décisions du tribunal de la loi martiale, qui a condamné 22 personnes à mort, sept à la réclusion à perpétuité et 321 autres à diverses peines, ont ensuite été annulées par la Cour de cassation. Les condamnations à mort n’ont pas été exécutées et les personnes reconnues coupables ont été libérées en vertu de la loi antiterroriste de 1991, ce qui suscite des inquiétudes quant à leur responsabilité. Pire encore, Ökkeş Kenger, identifié comme l’un des meneurs, a été acquitté au cours du procès et a ensuite changé son nom de famille en Şendiler. En 1991, Şendiler a été élu député du Parti du bien-être (Refah Partisi – RP). Cette récompense politique pour un personnage clé du massacre a alimenté la frustration et la colère des survivants. Müslüm İbili, président de l’Association Erenler Culture et Solidarité, une organisation confessionnelle alévie, s’est adressé à l’agence Mezopotamya à l’occasion du 45e anniversaire du massacre de Maras, déclarant que le massacre avait été orchestrée par « l’État profond » et soulignant le traumatisme persistant. İbili, qui avait alors 19 ans, a été contraint de déménager à Istanbul. Après avoir perdu une jambe dans un accident de train, il retourne dans sa ville natale et fonde l’association en 2007 pour faire face à ce traumatisme. Décrivant le massacre comme un acte délibéré visant à réprimer le mouvement socialiste des années 1970, İbili a déclaré : « Malgré le passage de 45 ans, le traumatisme demeure. » Il a déclaré que le massacre servait de « préparation à un coup d’État » et de provocation majeure mise en scène pour créer des troubles sociaux. Appelant à ce que les Alévis soient traités comme des citoyens égaux afin d’éviter de futurs incidents, İbili a exhorté tout le monde à assister à l’événement de commémoration annuel le 23 décembre, malgré l’interdiction émise par le gouvernement, qu’İbili a imputée à une provocation, déclarant qu’« on ne peut pas dissimuler la douleur sous des interdictions ».

TURQUIE. Un militant kurde torturé et menacé par des hommes masqués

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TURQUIE / KURDISTAN – Enes Sezgin, un militant kurde membre de l’Assemblée des jeunes du parti DEM, a été enlevé par sept hommes masqués à Van dans la nuit du 16 décembre. Il a été torturé et menacé. Enes Sezgin, membre de l’assemblée des jeunes du parti DEM, a été enlevé par sept hommes masqués dans le centre-ville de Van dans la nuit du 16 décembre. Sezgin aurait été emmené hors de la ville dans un véhicule de transport. Il aurait été torturé, menacé de quitter la ville, puis relâché dans une zone désertée. Suite à cet incident, des membres de l’Assemblée des jeunes du Parti DEM et des représentants du Parti des régions démocratiques (DBP) ont organisé une manifestation dans la rue des arts, en plein centre-ville. Le communiqué de presse publié jeudi a fait remarquer que les incidents d’enlèvement et de torture rappelaient les méthodes « contre-guérilla » utilisées dans les années 1990, et a appelé à ce que les auteurs de ces actes soient dénoncés. Adem Yılmaz, membre de l’Assemblée des jeunes du parti DEM, qui a lu la déclaration, a affirmé : « Nous déclarons que nous intensifierons notre lutte contre les gangs et les structures parallèles, et que nous mettrons en œuvre le processus de paix et de société démocratique auprès de tous. Nous sommes déterminés à contrecarrer cette politique de pression et de violence avec notre peuple en nous organisant fermement et en intensifiant la lutte contre la mentalité d’enlèvement et de menaces de mort qui a prévalu à Van ces derniers temps. » Enes Sezgin a déclaré avoir été torturé dans le véhicule lors de son enlèvement et dans des zones désertes aux abords de la ville, et avoir reçu des menaces de mort et des insultes sexistes. Il a insisté sur le fait qu’il ne quitterait pas la ville et a appelé les jeunes à s’organiser. Sezgin a déclaré : « Ces groupes font obstacle à la liberté du peuple kurde, imposant le déni et l’anéantissement. Peu importe qui se dresse sur notre chemin, nous maintiendrons notre organisation. S’ils sont sincères dans le processus de paix, ils doivent mettre fin à l’existence de ce groupe. L’intégration démocratique ne peut être atteinte par le fascisme. » La manifestation s’est terminée par des slogans. (ANF)

TURQUIE. Des policiers tuent la chienne d’une famille kurde

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TURQUIE / KURDISTAN – Lors d’un raid policier contre le domicile d’une famille kurde à Agri / Gîyadin, les policiers turcs ont abattu une chienne qui étaient entourée de ses cinq chiots.  La Direction de la lutte contre la contrebande et le crime organisé (KOM) d’Ağrı a perquisitionné le domicile de Bayram Sarı, situé dans le quartier d’İsaağa, district de Gîyadin (Diyadin). Lors de cette perquisition, la police a abattu sa chienne, qui avait eu cinq chiots. Bayram Sarı a déclaré que la perquisition avait eu lieu à 6 h du matin : « Avant d’entrer dans la maison, nous avons entendu des coups de feu dans le jardin. Puis ils ont frappé à la porte, nous avons ouvert. Ils nous ont fait nous allonger par terre. Pendant que nous étions au sol, les policiers plaisantaient et riaient entre eux. » Lors d’une descente de police dans une maison du district de Gîyadin à Agirî, la police a abattu une chienne et ses cinq chiots. 
Sarı a déclaré que la police avait mis la maison sens dessus dessous : « Avant d’entrer, ils ont abattu la chienne de berger de cinq balles. Nous avions aussi une cinquantaine de brebis qui avaient mis bas, et ils les ont toutes emmenées dehors. (…) »

TURQUIE. Création de la plateforme des journalistes de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN – Des journalistes de la province kurde-alévie de Dersim, manifestant leur volonté commune face à la pression croissante, à la censure et à la précarité de leurs conditions de travail, ont publié un communiqué annonçant la création de la Plateforme des journalistes de Dersim.

Le communiqué soulignait que les médias locaux luttent pour survivre dans un espace restreint en raison de pressions économiques et politiques, insistant sur le fait que le journalisme n’est pas seulement une profession mais aussi une responsabilité de rechercher la vérité, de préserver la mémoire collective et de défendre le droit du public à l’information.

Il a été affirmé que cette responsabilité ne peut être renforcée que par la solidarité, la conscience collective et un socle éthique commun, et que la Plateforme des journalistes de Dersim a été créée dans cet esprit.

Le communiqué souligne que la plateforme est un réseau de solidarité regroupant journalistes, reporters, rédacteurs, cameramen et tous les professionnels des médias travaillant à Dersim et dans ses environs, et qu’elle rassemble des professionnels des médias issus de différentes institutions et ayant des lignes éditoriales différentes, mais partageant les mêmes valeurs éthiques professionnelles.

Les objectifs fondateurs de la plateforme étaient les suivants :
défendre la liberté de la presse et d’expression ainsi que le droit du public à l’information ;
développer une position commune contre les pressions, les menaces, la censure et le harcèlement des journalistes ;
apporter des solutions solidaires aux problèmes économiques, structurels et éthiques rencontrés par les médias locaux ; et
protéger l’éthique professionnelle et l’honneur journalistique.

Le communiqué souligne que la Plateforme des journalistes de Dersim est un effort collectif créé pour renforcer le concept de journalisme libre et collaboratif au niveau local.

Le communiqué, qui affirmait : « Le journalisme n’est pas un crime. On ne peut faire taire la voix de la vérité », se concluait par ces mots : « Tant que nous resterons unis, nous amplifierons cette voix. » (Pirha)

KURDISTAN. Commémorations d’Ayse San

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TURQUIE / KURDISTAN – Depuis hier, Ayşe Şan, une des figures importantes de la musique kurde, est commémorée à l’occasion du 29e anniversaire de sa mort.

 
Hier soir, la municipalité métropolitaine de Diyarbakir (Amed), en collaboration avec Ma Music, l’Association pour la culture, l’art et la littérature féminines (KASED), le Conservatoire Aram Tigran et l’Association culturelle et artistique Dicle, a commémoré Ayşe Şan (disparue le 18 décembre 1996) à l’occasion du 29e anniversaire de sa disparition. De nombreuses personnes ont assisté à la cérémonie qui s’est tenue à la salle culturelle Ali Emiri. 
 
Lors de la commémoration, qui a rassemblé une foule nombreuse, une pièce de théâtre mise en scène par Berfin Zenderlioğlu, retraçant la vie artistique d’Ayşe Şan, ses années d’exil et son héritage pour la musique kurde, a été jouée. La pièce a été longuement applaudie par le public. La commémoration s’est conclue par la remise de fleurs à l’actrice par Serra Burcak, co-maire de la municipalité métropolitaine d’Amed.
Commémorée sur sa tombe
 

Aujourd’hui, la dengbêj kurde légendaire, Eyşe Şan a été également commémorée sur sa tombe à Amed en présence de nombreuses femmes, militantes féministes et des proches d’Ayse San.

La municipalité métropolitaine d’Amed, l’association Ma Music, L’association féminine des arts et de la littérature (KASED), le conservatoire Aram Tîgran et l’association culturelle et artistique Dicle ont commémoré l’artiste kurde Ayşe Şan sur sa tombe.
Lors de la cérémonie commémorative au bord de sa tombe, Zeynep Yaş, cheffe du département de la Culture et des Affaires sociales de la municipalité métropolitaine d’Amed, a déclaré : « On souhaitait depuis des années qu’Ayşe Şan soit commémorée ici ; c’était son souhait et celui de tous. » 
Murat Kersen, le fils d’Ayşe Şan, prit ensuite la parole : « Après 29 ans, nous avons ramené ma mère dans son pays natal. C’était un peu tard, mais les circonstances l’exigeaient. Je confie ma mère à son peuple ; c’est ce qu’elle aurait souhaité. Je suis très heureux ; que ma mère repose en paix. »
 
La femme politique Yüksel Avşar, qui a déclaré que le dernier souhait d’Ayşe Şan avait été exaucé en ramenant sa dépouille à Amed, a dit : « J’en suis très heureuse. Pendant quatre ans et demi, j’ai œuvré pour que le corps d’Ayşe Şan soit rapatrié dans sa ville natale. Puisse ce retour ici être un symbole de paix, de liberté et de fraternité dans les quatre régions du Kurdistan. »
Evin Dulek, membre du groupe Ma Music, a déclaré : « Ayşe Şan est l’une des figures emblématiques qui ont marqué l’histoire. Elle est entrée dans la légende comme une artiste immortelle. Nous nous efforçons de perpétuer son héritage. »
Ayse San

Ayşe Şan (Eyşe Şan), reine de la musique kurde ayant subi la double oppression (le patriarcat et le colonialisme) en tant que femme et kurde, nous a quitté le 18 décembre 1996 à l’âge de 58 ans.
 
Née à Diyarbakır (Amed), Eyşe  est considérée comme l’une des plus grands chanteurs de la musique kurde contemporaine.
 
Le père d’Eyşe était un dengbêj (conteur kurde traditionnel). Eyşe commence à chanter à soirées de chant traditionnels, puis, à partir de 1958, malgré l’opposition de sa famille, a se produire en public.
 
Après une tentative infructueuse de mariage, qui lui avait été imposé, elle s’est installée à Antep (Dilok), où elle a commencé à enregistrer des chansons turques pour la radio locale, chanter en kurde étant alors interdit. Puis, elle est partie à Istanbul, où elle enregistre son premier album en langue kurde en 1963. La première chanson qui contribue à sa notoriété est Ez Xezalım [Je suis une gazelle]. En 1972, suite à des tracas administratifs, elle s’est installée en Allemagne. Une de ses chansons les plus connues, Qederê [Oh le destin], est écrite après la mort de sa fille de 18 mois.
 
En 1979, elle s’est rendue au Kurdistan irakien, où elle a rencontré de nombreux musiciens et chanteurs kurdes telles que Mihemed Arif Cizîrî, Îsa Berwarî, et Tahsin Taha. Le morceau d’Arif Cizîrî, Eysana Elî, lui est dédiée. À partir de années 1980, elle s’est installée à Izmir. Dans les années 1990, elle écrit en réaction à l’oppression des Kurdes des chansons telles que Werin pêsmerge [Venez les combattants kurdes]. Elle a écrit également des chansons sur la condition des femmes telles que Derdê hewîyê [Chagrin de polygamie] ou encore Hey wax dayê [Ô mère]. tout sa vie, elle a dû faire face à la double oppression (le patriarcat et le colonialisme).
 
Ayse San est décédée d’un cancer à Izmir le 18 décembre 1996, laissant derrière elle un précieux et magnifique héritage artistique pour les générations futures. Elle avait exprimé comme dernière volonté d’être enterrée à Amed. Ce souhait a été exaucé cet été, 29 ans après sa mort.

TURQUIE. Un boxeur menacé de mort à cause du mot « Kurdistan »

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TURQUIE – Récemment, lors d’une compétition de boxe à Ankara, un camarade d’un boxeur victorieux du Rojhilat a crié « Shîri Kurdistan » (Lion du Kurdistan) sur le ring au moment des remises des médailles. Le speaker turc l’a immédiatement menacé de mort. Lors d’un événement de combat organisé à Ankara, Zanko Samadi, un Kurde de Rojhilat (Kurdistan oriental), a vaincu son adversaire Nazir Gafuri. Lorsqu’un proche de Samedi a crié « Shîri Kurdistan » (Lion du Kurdistan), le présentateur Tarık Sayın l’a coupé en lui disant: « Chut ! Chut ! Chut ! Qu’on n’entende pas ce que tu as dit. Nous allons t’arracher la cervelle et t’enterrer ici. On te donnera bientôt un linceul, sache-le. Vas-y dégages maintenant. »   Les camarades de Samadi ne comprenaient pas ce qui se passait. On peut également entendre des proches de Samadi se faire insulter dans la vidéo de l’événement.

MONTPELIER. Marche vérité et justice pour les martyrs kurdes de Paris

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MONTPELIER – Ce samedi 20 décembre, les Kurdes de Montpelier et leurs ami·es manifesteront* pour demander vérité et justice pour les militant·es kurdes assassiné·es à Paris en 2013 et 2022. RDV Le samedi 20 Décembre 2025, à 15h / Départ : Jardin du Peyrou * La manifestation honorera la mémoire de Sakine Cansız, cofondatrice du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), de Fidan Doğan, représentante du KNK (Congrès national du Kurdistan) à Paris, et de Leyla Şaylemez, membre du Mouvement de la jeunesse kurde, assassinés à Paris le 9 janvier 2013, ainsi que d’Evîn Goyî, membre du conseil exécutif du KCK (Union des communautés du Kurdistan), de l’artiste kurde Mir Perwer et de l’activiste Abdurrahman Kızıl, assassinés devant le siège du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) et du centre culturel kurde Ahmet Kaya à Paris le 23 décembre 2022.

SYRIE. La Turquie accusée de saboter l’accord du 10 mars

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SYRIE / ROJAVA – La Turquie œuvre à saboter l’accord du 10 mars conclu entre les autorités arabo-kurdes du Rojava et Damas, rappelle l’écrivaine syrienne Mays Kraydi citée par l’agence ANHA.
L’écrivaine politique syrienne Mays Kraydi
Une écrivaine syrienne estime que l’ingérence croissante de la Turquie dans les affaires syriennes vise à étendre son influence et à entraver tout dialogue interne en Syrie. Elle considère que la position de la Turquie concernant l’Accord du 10 mars s’inscrit dans une stratégie plus large visant à priver l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et les Forces démocratiques syriennes (FDS) de leur statut spécial, tout en instrumentalisant le gouvernement de transition pour servir ses intérêts régionaux. L’écrivaine politique syrienne Mays Kraydi a évoqué l’évolution de la scène politique syrienne après la chute du régime baasiste et le rôle croissant de la Turquie dans l’ingérence directe dans les négociations entre les parties syriennes, notamment sur les dossiers politiques et sécuritaires sensibles. Elle a soutenu que la Turquie poursuit la mise en œuvre de son projet expansionniste en Syrie, s’appuyant sur son occupation des villes et des régions syriennes, et cherchant à étendre son influence vers d’autres zones, atteignant la côte en raison de son importance stratégique et économique, notamment en ce qui concerne les ports et les voies énergétiques. Kraydi a expliqué que la Turquie suit une politique de procrastination et exploite les accords principalement pour gagner du temps, dans le cadre d’un mécanisme visant à réhabiliter le gouvernement de transition en Syrie, en prélude à un projet plus vaste qui s’inscrit dans un contexte de changements régionaux et internationaux. Elle a souligné que la Turquie fait obstacle à toute voie qui limite ses politiques expansionnistes ou freine son influence. Elle a fait remarquer que la Turquie considère la Syrie comme un champ d’influence régionale et cherche, par son intermédiaire, à assurer une position avancée à son projet d’islam politique, soulignant que les politiques d’Ankara découlent du programme du Parti de la justice et du développement plutôt que des intérêts des Syriens. Kraydi a souligné que la Turquie s’emploie à démanteler progressivement les structures politiques et militaires des composantes syriennes et cherche à vider de sa substance tout projet national d’envergure. Elle a déclaré : « Les Forces démocratiques syriennes figurent parmi les principales cibles de ce plan, car Ankara ne reconnaît l’existence d’aucune composante syrienne indépendante et instrumentalise les factions affiliées à Hayat Tahrir al-Sham pour mettre en œuvre son agenda. » Elle a souligné que s’opposer au projet turc exige la cristallisation d’une position nationale syrienne qui protège la diversité des composantes et rejette l’instrumentalisation des accords internationaux pour imposer des modèles de gouvernance unilatéraux servant des intérêts extérieurs. Elle a affirmé que l’adhésion au principe de partenariat et de fédéralisme politique constitue une garantie fondamentale de stabilité. Kraydi a indiqué que le gouvernement de transition, tant sur le plan idéologique que pratique, constitue un outil entre les mains d’Ankara pour mettre en œuvre ses plans en Syrie, dans le cadre de ses efforts pour combler tout vide régional potentiel et faire revivre son projet ottoman sous une nouvelle forme. Concernant les déclarations répétées et la gestion par les responsables turcs de l’accord du 10 mars, et les pressions exercées pour intégrer les Forces démocratiques syriennes aux forces du gouvernement de transition, elle a confirmé que leur essence est « le désarmement des Forces démocratiques syriennes en faveur de Hayat Tahrir al-Sham ». Depuis le 10 mars dernier, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) s’efforce de mettre en œuvre l’accord conclu entre les Forces démocratiques syriennes et le gouvernement de transition. Cependant, les négociations entre les deux parties sont au point mort, et de nombreuses dispositions de l’accord restent suspendues.  Les observateurs estiment que cela est dû, d’une part, à la procrastination et à l’esquive du gouvernement de transition, et d’autre part, à des ingérences extérieures. (ANHA)

TURQUIE. Une avocate kurde condamnée à six ans de prison

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TURQUIE / KURDISTAN – Un tribunal turc a condamné mercredi l’avocate kurde et défenseure des droits humains Suna Bilgin à plus de six ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » a rapporté l’agence de presse Mezopotamya (MA).
 
Le 1er tribunal pénal de Tunceli a reconnu Bilgin coupable d’appartenance à une organisation terroriste, faisant référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
Pour sa défense, Bilgin a plaidé qu’elle avait été jugée pendant près de dix ans pour sa participation à des manifestations et événements publics pacifiques en faveur des droits humains, et a affirmé que les témoignages à charge étaient inexacts. Ses avocats ont insisté sur le caractère non violent et fondé sur les droits de l’homme de ses activités, ajoutant qu’il était inacceptable de la condamner comme membre du PKK sur la base d’un seul témoignage.
 
Fondé à la fin des années 1970 par Abdullah Öcalan, le PKK mène une insurrection armée contre l’État turc depuis 1984. (…) Öcalan purge une peine de prison à perpétuité en Turquie depuis 1999.
 
En mai, le PKK a annoncé qu’il déposerait les armes afin de mener une lutte démocratique pour défendre les droits de la minorité kurde, conformément à l’appel d’Öcalan. Le Parlement turc a créé en août une commission parlementaire spéciale chargée de superviser les efforts de paix.
 
Bilgin a été arrêtée le 7 novembre à Istanbul à son retour de Suisse, où elle résidait depuis une précédente condamnation en avril 2018, assortie d’une peine de prison équivalente, pour sa participation à des manifestations en sa qualité de secrétaire de la section de Dersim (Tunceli) de l’Association des droits de l’homme (İHD). Ces manifestations protestaient contre le massacre d’Uludere/Roboski en 2011, au cours duquel 34 villageois avaient été tués lors d’un bombardement aérien turc, et contre le meurtre de trois femmes kurdes à Paris en 2013.
 
Avant 2018, Bilgin était l’une des avocats d’Öcalan.
 
L’utilisation par la Turquie des lois antiterroristes contre les défenseurs des droits de l’homme, les avocats et les figures de l’opposition a suscité des critiques soutenues de la part d’organismes internationaux, notamment les Nations Unies, l’ Union européenne et le Conseil de l’Europe, qui ont tous exhorté Ankara à mettre fin aux violations des normes internationales relatives aux droits huamins et à rétablir les principales garanties juridiques. (Stockholm Center for Freedom)