TURQUIE – ISTANBUL – Les Mères du Samedi organisent leur sit-in depuis 23 ans sur la place Galatasaray, mais pendant la 700ème semaine, elles ont été bannies de « leur » place. Ce samedi, comme chaque samedi, elles se sont à nouveau réunies, malgré le blocus de la police.
Le député HDP Musa Piroğlu, la comédienne Nur Sürer et des représentants de nombreuses organisations civiles se sont joints à l’action pour rendre hommage à Ismail Şahin, membre du syndicat DISK Genel-Is, disparu après avoir été arrêté le 18 janvier 1996.
Cette semaine, la déclaration de la mère a été lue par Besna Tosun, la fille de Fehmi Tosun, qui a également disparu après son arrestation.
La place Galatasaray interdite
« En Turquie, les forces de l’État ont ouvert la porte à de graves violations des droits de l’homme et à des violations par leurs méthodes répressives. L’État ne respecte pas la Constitution ni ses obligations à l’égard du droit international relatif aux droits de l’homme ».
Affirmant que critiquer cette façon antidémocratique de gouverner le pays est considéré comme un crime, Mme. Tosun a déclaré que la liberté d’expression et la critique sont des conditions indispensables dans un système démocratique. Elle rappelé qu’elles ont été empêchées d’exprimer leurs demandes de justice et de vérité au public pendant 21 semaines.
Erdoğan a été maire d’Istanbul
Tosun a raconté l’histoire d’Ismail Şahin, dont la femme, Kiraz, est décédée d’un cancer il y a quatre ans après avoir lutté toute sa vie pour récupérer les restes de son mari. Ismail a été arrêté le 18 janvier 1996 :
« Nous exigeons au nom de Kiraz Şahin : Où est Ismail Şahin ? Ismail Şahin, 36 ans, père de deux enfants, travaillait comme employé de nettoyage dans la municipalité de Beyoğlu. Il était membre du syndicat DISK Genel-Is.
Le 18 janvier 1996, à 6 h 30, Ismail travaillait avec deux employés municipaux et a commencé par nettoyer un véhicule. Il n’est jamais revenu. Deux de ses collègues se sont rendus à l’Université Mimar Sinan et ont séclaré qu’Ismail Şahin avait littéralement disparu avec son balai d’éboueur à la main.
La famille de Şahin a réalisé que ces personnes pleuraient constamment et donnaient des informations contradictoires et avaient clairement peur de parler.
En même temps, la fille de 4 ans d’Ismail a dit avoir vu son père à la télévision avec des policiers.
La famille s’est adressée à Beyoğlu Municipalité qui, à son tour, s’est adressée au quartier général de la police qui a ensuite déposé une plainte auprès du procureur pour une personne disparue.
Le maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul à l’époque était Recep Tayyip Erdoğan et les tentatives des familles pour le rencontrer ont échoué.
Kiraz Şahin faisait partie des proches des disparus qui ont finalement rencontré Erdoğan en 2011, alors qu’il était Premier ministre.
Kiraz a dit à Erdoğan : « Mon mari est sous votre responsabilité. Il a disparu pendant les heures de travail. » Kiraz est décédée en 2015 sans avoir reçu aucune information sur son mari.
Avant de mourir, Kiraz Sahin a déclaré : « Personne ne devrait dire que je meurs d’un cancer. Je meurs à cause du chaos dans ce pays », se souvient Tosun, en ajoutant : « Peut-être que Kiraz ne serait pas morte s’il y avait eu justice dans ce pays. Dors en paix, Kiraz, parce que des centaines d’enfants, des centaines de mères vont continuer à lutter. Nous n’abandonnerons jamais cette lutte. Nous n’abandonnerons pas la place Galatasaray. Nous exigerons que les coupables soient traduits en justice. Les auteurs se promènent librement, on n’a pas de tombe sur laquelle pleurer. Mais notre souffle sera sur leur cou jusqu’à notre mort. »
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