TURQUIE / KURDISTAN – Dans une déclaration marquant l’anniversaire des massacres des Kurdes de Maraş (décembre 1978) et de Roboski (décembre 2011), le Congrès des Sociétés démocratiques du Kurdistan en Europe (KCDK-E) a appelé l’État turc à faire face à son « histoire de massacres ».
Soulignant que la démocratisation ne sera pas possible tant que les massacres perpétrés en Turquie resteront impunis, le communiqué du KCDK-E publié jeudi se lit comme suit :
« Selon les chiffres officiels, 120 personnes ont été tuées lors du massacre de Maraş, perpétré par l’État contre les Kurdes alévis entre le 19 et le 24 décembre 1978. Le massacre de Maraş est entré dans l’histoire comme un acte de barbarie contre les Alévis kurdes.
Le massacre de Maraş visait à étendre le génocide kurde au cœur du Kurdistan en nettoyant la région à l’ouest du Kurdistan, connue sous le nom d’ouest de l’Euphrate, de sa population kurde-alévi.
Les auteurs connus du massacre de Maraş n’ont pas été traduits en justice, mais ont au contraire été récompensés, comme à Madımak [Sivas]. Les assassins des Alévis ont été, de fait, récompensés en étant admis au Parlement par l’État.
La mentalité qui a perpétré le massacre de Maraş est perpétuée par les politiques monistes, racistes et statu quo de l’État turc, héritées de la tradition ottomane et dirigées contre tous ceux qui ne sont pas turco-islamiques, y compris les Kurdes, la communauté alévie et toutes les autres confessions et identités.
Le 28 décembre 2011, date désormais gravée dans l’histoire, des avions de combat turcs ont perpétré une nouvelle fois le massacre délibéré et planifié de 34 civils kurdes, pour la plupart des enfants. Ce massacre était si flagrant que le commandant qui l’a exécuté a été promu et récompensé par la suite.
Le massacre de Roboski est entré dans l’histoire comme un massacre planifié de Kurdes par l’État turc.
Onze ans se sont écoulés depuis que 34 Kurdes, dont 19 enfants, ont été tués par des avions de guerre turcs. Les responsables n’ont toujours pas été traduits en justice. Malgré l’évidence des faits, ceux qui ont donné les ordres n’ont pas non plus été jugés, et des tentatives sont en cours pour étouffer le massacre.
Nous approchons de l’anniversaire du massacre perpétré contre des prisonniers dans les prisons le 19 décembre 2000. Les prisonniers politiques continuent de mourir les uns après les autres dans les prisons turques.
Aucun massacre ne saurait être soumis à la prescription. Tant que les massacres de Maraș, Roboski, des prisons et de dizaines d’autres lieux resteront impunis, la démocratisation sera impossible.
L’appel lancé par le leader Apo [Abdullah Öcalan] le 27 février a donné lieu à une initiative historique de confrontation sociale, de révélation des massacres commis dans l’histoire turque et de rétablissement de l’unité sociale, de la paix et de la vie démocratique, principalement en Turquie mais aussi au Moyen-Orient.
La réalisation du paradigme de la paix et de la société démocratique permettra de faire la lumière sur tous ces massacres, d’apaiser les consciences sociales et de permettre aux peuples, aux femmes, aux cultures et aux religions de conquérir le XXIe siècle sur la base de l’égalité et de la liberté.
Nous, membres du KCDK-E, condamnons les massacres de Maraş, Roboski et [ceux commis dans les prisons], et nous rendons un hommage respectueux aux martyrs. Nous appelons toute personne qui se considère comme humaine à agir pour mettre un terme définitif à toutes les pratiques inhumaines dans les prisons, en particulier le système d’isolement à İmralı. » (ANF)