TURQUIE / KURDISTAN – Un tribunal turc a condamné mercredi l’avocate kurde et défenseure des droits humains Suna Bilgin à plus de six ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » a rapporté l’agence de presse Mezopotamya (MA).
Le 1er tribunal pénal de Tunceli a reconnu Bilgin coupable d’appartenance à une organisation terroriste, faisant référence au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Pour sa défense, Bilgin a plaidé qu’elle avait été jugée pendant près de dix ans pour sa participation à des manifestations et événements publics pacifiques en faveur des droits humains, et a affirmé que les témoignages à charge étaient inexacts. Ses avocats ont insisté sur le caractère non violent et fondé sur les droits de l’homme de ses activités, ajoutant qu’il était inacceptable de la condamner comme membre du PKK sur la base d’un seul témoignage.
Fondé à la fin des années 1970 par Abdullah Öcalan, le PKK mène une insurrection armée contre l’État turc depuis 1984. (…) Öcalan purge une peine de prison à perpétuité en Turquie depuis 1999.
En mai, le PKK a annoncé qu’il déposerait les armes afin de mener une lutte démocratique pour défendre les droits de la minorité kurde, conformément à l’appel d’Öcalan. Le Parlement turc a créé en août une commission parlementaire spéciale chargée de superviser les efforts de paix.
Bilgin a été arrêtée le 7 novembre à Istanbul à son retour de Suisse, où elle résidait depuis une précédente condamnation en avril 2018, assortie d’une peine de prison équivalente, pour sa participation à des manifestations en sa qualité de secrétaire de la section de Dersim (Tunceli) de l’Association des droits de l’homme (İHD). Ces manifestations protestaient contre le massacre d’Uludere/Roboski en 2011, au cours duquel 34 villageois avaient été tués lors d’un bombardement aérien turc, et contre le meurtre de trois femmes kurdes à Paris en 2013.
Avant 2018, Bilgin était l’une des avocats d’Öcalan.
L’utilisation par la Turquie des lois antiterroristes contre les défenseurs des droits de l’homme, les avocats et les figures de l’opposition a suscité des critiques soutenues de la part d’organismes internationaux, notamment les Nations Unies, l’ Union européenne et le Conseil de l’Europe, qui ont tous exhorté Ankara à mettre fin aux violations des normes internationales relatives aux droits huamins et à rétablir les principales garanties juridiques. (Stockholm Center for Freedom)