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PARIS. Le Prix Danielle Mitterrand 2025 décerné aux militant·es kurdes du mouvement politico-social

PARIS – Hier soir, cinq militant·es kurdes représentant le mouvement social et politique du Kurdistan de « Turquie » ont reçu le Prix Danielle Mitterrand 2025 lors d’une cérémonie organisée à l’Académie du Climat, dans le 4e arrondissement de Paris.

Journaliste et femme politique kurde ayant connu la torture et la prison en Turquie, Gultan Kisanak, co-maires actuels de la ville kurde de Diyarbakir (Amed), Serra Bucak et Doğan Hatun, militante du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad, TJA) luttant pour l’autonomie et l’émancipation des femmes, Ruken Ay Adin ainsi que Bisar Içli du Mouvement Mésopotamien pour l’eau ont reçu le Prix Danielle Mitterrand 2025 au nom du mouvement social et des résistances démocratiques du Kurdistan de « Turquie ».

Gultan Kisanak

C’est tout naturellement que Gultan Kisanak a été invitée à prendre la parole en premier, étant donné qu’elle était de la première génération des résistant.es kurdes ayant connu la prison dans les années 1980 alors que la plupart de ses autres camarades de la soirée n’étaient même par nés, comme l’a rappelé le co-maire d’Amed. Kisanak a tout d’abord salué la mémoire de Sakine Cansiz (alias Sara), co-fondatrice du PKK assassinée à Paris avec deux autres militantes kurdes le 9 janvier 2013. Elle a expliqué la source de leur force pour continuer à résister alors même qu’en face, ils ont un État colonialiste qui a tout essayé pour exterminer les Kurdes, dont il a également interdit la langue et la culture. Kisanak a déclaré que cette force était le peuple, soudé derrière ses représentant.es, quelque soit le prix à payer (déportations, massacres, emprisonnement…).

Co-maires actuels d’Amed Dogan Hatun et Serra Bucak

Serra Bucak et Dogan Hatun, actuels co-maires d’Amed ont ensuite pris la parole pour expliquer la lutte menée au niveau local, malgré la confiscation casi systématique des municipalités kurdes par le régime turque qui les met sous-tutelle des administrateurs d’État (Kayyim). Dogan Hatun a également souligné les efforts pour sauver la langue kurde menacée d’extinction (linguicide) à cause de sa criminalisation depuis des plusieurs décennies.

Ruken Adin

Après les maires d’Amed, ce fut le tour de Ruken Ay Adin, membre du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad, TJA) de prendre la parole pour partager avec le public tous la lutte des femmes kurdes pour les droits des femmes et pour la résolution pacifique de la question kurdes en Turquie.

Bisar Içli, membre du Mouvement Mésopotamien pour l’eau

Enfin, Bisar Içli du Mouvement Mésopotamien pour l’eau a déclaré que l’eau signifiait la vie, car sans l’eau, il n’y a plus de vie, rappelant que la Turquie utilisait l’eau des fleuves mythiques Tigre et l’Euphrate, tous deux prenant leur source au Kurdistan du Nord, comme une arme de guerre avec de nombreux barrages construits sur leurs lits qui assoiffent les populations d’Irak et de Syrie qu’ils traversent.

Somayeh Rostampour

Après la remise des Prix sous les applaudissements et le cri de « Jin, jiyan azadî » (femme, vie, liberté), Somayeh Rostampour, autrice du livre « Femmes en armes, savoirs en révolte », chercheuse et militante originaire du Rojhilat (Kurdistan d’Iran) et membre de l’initiative « ROJA PARIS », a salué la lutte des femmes kurdes ainsi que la résistance des peuples opprimés.

Invitée à prendre la parole, Berivan Firat, porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDK-F), a rappelé les actions du CDK-F, tout en demandant à l’État français de soutenir activement le processus de paix engagé entre la Turquie et la guérilla kurde.

Dans la deuxième partie de la soirée réservée aux résistances locales (en France), Sylvain Griffault, l’actuel maire de Melles (Deux-Sèvres) élu grâce à la liste « citoyenne et solidaire », a parlé de leur soutien au mouvement antibassines. Ombeline Dagycour, première adjointe à la mairie de Poitiers, Almamy Kanouté, acteur et militant engagé contre les inégalités dans les quartiers ainsi qu’une militante du réseau Hydre (espace de partage des savoirs des défenseur·ices de l’eau pour relier et renforcer les luttes et les initiatives pour l’eau) se sont relayé.es au micro pour parler de la démocratie locale, de leurs luttes et ont salué unanimement les militant.es kurdes pour leur luttes.

Piya Ozçelik et Yigit Menguverdi

La soirée des remises des prix s’est achevée par un mini concert offert par les artistes kurdes Piya Coline Ozçelik et Yigit Menguverdi.

 

Nazand Begikhani avec deux militantes du TJA

 

Serra Bucak avec Kendal Nazand et Gultek Kaya