Plusieurs prisonniers sont en grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention dans les prisons turques ; leur état de santé est désormais extrêmement critique. La députée germano-kurde, Cansu Özdemir critique le silence du gouvernement allemand.
Dans une récente déclaration, Cansu Özdemir, membre du Parti de gauche, a exprimé son inquiétude quant aux conditions de détention dans les prisons turques de haute sécurité. Elle a appelé le gouvernement allemand à s’exprimer clairement auprès d’Ankara contre le recours persistant à l’isolement. Ce recours est motivé par la poursuite des grèves de la faim des prisonniers politiques en Turquie, dont certains sont actuellement en danger de mort.
Extension des mesures de précaution contre la torture
Depuis deux ans, des dizaines de prisonniers politiques en Turquie ont été transférés dans des prisons dites de type S et Y, des établissements de haute sécurité où l’isolement est quasi total. Les personnes concernées rapportent 23 heures d’isolement quotidien dans des cellules exiguës et mal ventilées, sans lumière ni contact humain adéquats. Les organisations de défense des droits humains et les avocats considèrent ces conditions de détention comme une forme de torture, car elles provoquent délibérément une usure psychologique et physique.
Grève de la faim illimitée et jeûne de la mort
Pour protester contre ces conditions, plusieurs prisonniers ont entamé une grève de la faim illimitée. Douze d’entre eux la pratiquent depuis des mois. Comme l’a récemment rapporté l’organisation d’aide aux prisonniers TAYAD, Serkan Onur Yılmaz (en grève de la faim illimitée depuis 346 jours) et Ayberk Demirdöğen (en grève de la faim illimitée depuis 226 jours) ont même entamé un jeûne de la mort. Cela signifie qu’ils refusent non seulement de manger, mais aussi de boire. Trois prisonniers seraient actuellement dans un état particulièrement critique.
Problème de santé potentiellement mortel
La situation de Fikret Akar, en grève de la faim depuis 206 jours (au 21 octobre), est particulièrement dramatique. Il est incarcéré à la prison de haute sécurité de Karatepe, à Çorlu. Il serait gravement amaigri, souffrirait de problèmes circulatoires et son corps absorberait à peine le sucre, sa dernière source d’énergie. Sa principale revendication : la fin de son isolement et son transfert vers un régime carcéral normal.
Malgré un transfert temporaire, Serkan Onur Yılmaz poursuit sa protestation, devenue un jeûne mortel. Il veut s’assurer que ses codétenus soient également libérés de l’isolement. Selon ses proches, son état physique est « extrêmement critique » : essoufflement, crampes musculaires et douleurs intenses dominent son quotidien.
Les médias internationaux restent silencieux
Si les médias internationaux ont jusqu’à présent peu évoqué les grèves de la faim, les critiques à l’encontre de la politique carcérale d’Ankara se multiplient en Turquie et dans certaines régions d’Europe. Les organisations de défense des droits humains réclament des « couloirs de la mort », tandis que des parlementaires et des avocats réclament la fin de l’isolement. De nombreux rassemblements de solidarité et conférences de presse ont eu lieu, souvent au risque de la répression de l’État.
« Déclarations claires contre l’action autoritaire »
Cansu Özdemir, députée de Hambourg (DIE LINKE), a déclaré : « Les conditions de détention dans les prisons turques de haute sécurité, et notamment les années d’isolement, sont clairement condamnables. Plusieurs prisonniers sont aujourd’hui en danger de mort car ils ont entamé une grève de la faim il y a plusieurs mois pour protester contre leurs conditions de détention déplorables. Cette nouvelle me choque. »
Özdemir appelle le gouvernement allemand à faire pression sur le gouvernement turc pour obtenir le transfert de prisonniers et la fin de l’isolement. « Au lieu des nominations de façade du gouvernement allemand en Turquie, nous avons enfin besoin de déclarations claires contre l’approche autoritaire du pays », critiquent les responsables politiques.
Résistance et désespoir
L’appel à un engagement international accru est également soutenu par des initiatives en faveur des droits humains. Des observateurs avertissent que le silence des gouvernements occidentaux contribue de facto à la stabilisation du système carcéral répressif turc. Les grèves de la faim sont l’expression du désespoir, mais aussi d’une résistance politique contre l’oppression systématique.
Toute personne souhaitant soutenir les manifestations peut le faire, entre autres, via une pétition en cours :