IRAK / KURDISTAN – Des milliers d’histoires tragiques se sont déroulées lors du génocide des Kurdes yézidis (Êzdî) de Shengal en 2014. L’histoire de deux jeunes amoureux en fait partie. Leur amour, resté inachevé dans les ténèbres du génocide, s’est transformé en un récit poignant.
En 2014, lorsque la grande offensive a commencé, le peuple yézidi de Shengal a subi un massacre impitoyable. Des centaines de milliers d’innocents ont été déplacés et arrachés de force à leurs foyers. Des milliers d’histoires déchirantes ont été racontées au cours de cette catastrophe, mais certaines ont laissé de profondes cicatrices et sont devenues des symboles de la résistance et de l’espoir d’un peuple.
Voici l’histoire de deux jeunes gens, Elmas de Shengal et Selah de Til Qeseb. Amoureux, ils luttaient pour survivre et croyaient que leur amour survivrait même à l’ombre du génocide. Comme beaucoup d’autres familles yézidies, ils se sont réfugiés au mont Shengal pour sauver leur peau.
Pendant des millénaires, le mont Shengal a été témoin de souffrances. Avec ce génocide, il est devenu un refuge pour des populations abandonnées et sans défense. Sans nourriture, sans eau, elles étaient entourées de peur, de maladie et de la chaleur torride de l’été. Mais le mont Shengal ne les a pas abandonnés ; il est resté un ami fidèle.
Elmas et Saleh n’ont jamais perdu l’espoir de retrouver un jour leur liberté et de vivre leur amour librement. Ils ont lutté ensemble au cœur de ce grand désastre, gravissant la montagne côte à côte. Cependant, avec le temps, les conditions sont devenues de plus en plus difficiles. La montagne, qui était un refuge, était aussi devenue un lieu d’épreuve.
La jeune femme s’effondra sous le soleil brûlant, épuisée par la faim et la peur. Peu à peu, son corps perdit ses forces, et la mort approcha. Saleh la protégea de toutes ses forces, mais ce ne fut pas suffisant. Ce cœur magnifique, empli d’amour et d’un désir de liberté, s’éteignit sous le soleil d’août, dans les bras de celui qu’elle aimait. Telle une fleur emportée par une tempête printanière, elle se fondit dans la terre.
L’amour s’évanouit comme un flocon de neige fondant dans la chaleur estivale. Alors que le corps d’Elmas se refroidissait, Saleh était en proie à une rébellion impuissante. Que faire ? Où aller ? Shengal était une région rocailleuse ; la terre était rare et les roches abondantes. Même en temps normal, creuser une tombe était difficile, mais à cette époque où la mort avait déjà envahi chaque recoin, trouver une tombe n’était plus qu’un rêve lointain.
Le cœur de Saleh était brisé par le rêve d’un avenir libre qu’ils avaient construit ensemble. Maintenant, ces rêves reposaient silencieusement près du corps sans vie de sa bien-aimée.
Le cœur rempli de douleur, Saleh entreprit de creuser une tombe, les mains tremblantes. Non pas avec de la terre, mais avec des pierres… Les pierres froides et dures avaient témoigné de cet amour ; elles devenaient maintenant sa tombe. Tandis qu’il plaçait les pierres les unes sur les autres, le cri silencieux qui montait du cœur de Saleh atteignit le ciel.
Ce tombeau de pierre n’était pas seulement le lieu où le corps d’Elmas était enterré, mais aussi un symbole de l’éternité de leur amour et de leur tragédie. Cette tombe n’était pas seulement un lieu de sépulture, mais aussi un monument, un souvenir. Elle représentait l’amour et la souffrance de deux jeunes gens, et des milliers d’histoires similaires.
Cette histoire, enfouie parmi les pierres du mont Shengal, n’est qu’une parmi des dizaines de milliers d’autres récits du génocide. Mais elle démontre clairement que l’amour et l’humanité peuvent survivre et lutter même au cœur des ténèbres. Quel que soit le prix à payer, la lutte pour l’amour et la liberté est porteuse d’une signification infinie.
Cette tombe silencieuse est un appel à la justice, un témoignage qui refuse de rester silencieux face à l’oppression. (ANF)