Le Parti démocratique des peuples (HDP) a lancé une pétition pour la libération immédiate du leader kurde Selahattin Demirtas.
Voici le communiqué du HDP concernant la pétition (à signer ici) :
« Le parquet turc a requis jusqu’à 142 ans de prison contre Selahattin Demirtas, coprésident du principal parti prokurde HDP, accusé d’appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le parquet de Diyarbakir (sud-est) a en outre requis jusqu’à 83 ans d’emprisonnement pour Mme Figen Yüksekdag, qui copréside avec Selahattin Demirtas le Parti démocratique des peuples (HDP), selon l’agence pro-gouvernementale Anadolu. Ils avaient été arrêtés en novembre avec une dizaine d’autres députés du parti dont l’immunité avait été levée. Ils sont accusés d’appartenir ou de soutenir le PKK, qui mène depuis trois décennies une lutte armée pour demander plus de droits et d’autonomie pour les Kurdes. De ce fait la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) a « ordonné » ce mardi 20 novembre 2018 à la Turquie de libérer l’opposant kurde M. Demirtas mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté la décision rendue plus tôt par la CEDH « ordonnant » à Ankara de libérer « dans les plus brefs délais » l’opposant kurde et ancien député Selahattin Demirtas incarcéré depuis 2016.
« Les décisions de la CEDH ne nous contraignent aucunement. Nous allons contre-attaquer et mettre un point final à cette affaire », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par l’agence de presse étatique Anadolu.
Mais contrairement aux affirmations d’Erdogan, les arrêts rendus par la CEDH ont bel et bien un caractère contraignant pour les pays signataires, comme la Turquie, de la Convention européenne des droits de l’Homme. « Aux termes de l’article 46 de la Convention, les arrêts de la Cour ont un caractère contraignant pour tous les États membres », a indiqué à l’AFP le porte-parole du Conseil de l’Europe, Daniel Holtgen.
Détenu depuis novembre 2016, l’opposant kurde âgé de 45 ans, candidat malheureux à la présidentielle de juin en Turquie, est l’une des figures de proue du Parti démocratique des peuples (HDP), dont il était le coprésident.
« Étouffer le pluralisme » politique
Dans son arrêt, la Cour de Strasbourg condamne la Turquie, à l’unanimité des juges, pour la durée excessive de la détention provisoire de Selahattin Demirtas et pour violation du droit à des élections libres en raison du statut de l’intéressé. Selon elle, si l’arrestation et la détention reposent sur la base de « raisons plausibles » de le soupçonner d’avoir commis une infraction pénale, la prolongation de son emprisonnement est injustifié et vise à « étouffer le pluralisme » politique en Turquie. La CEDH a également condamné Ankara à verser 10 000 euros au requérant pour dommage moral, et 15 000 euros pour frais et dépens.
Selahattin Demirtas, qui a été condamné en septembre dernier à 4 ans et 8 mois de prison pour « propagande terroriste », est poursuivi dans de nombreux dossiers et encourt jusqu’à 142 ans de prison dans le cadre de son principal procès.
Son incarcération est régulièrement critiquée par les organisations de défense des droits de l’Homme qui accusent Recep Tayyip Erdogan de chercher à étouffer toute voix d’opposition, en particulier depuis la tentative de coup d’État du 15 au 16 juillet 2016.
Après le coup de force, les autorités turques ont lancé des purges d’une ampleur sans précédent qui, au-delà des putschistes et de leurs partisans présumés, ont également visé les milieux pro-kurdes et la presse critique.
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