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TURQUIE. 7 journalistes risquent la prison pour avoir protesté contre le meurtre de deux journalistes kurdes

TURQUIE / KURDISTAN – Un procureur turc exige des peines de prison pour sept journalistes et deux hommes politiques pour avoir protesté contre le meurtre des journalistes kurdes Nazim Daştan et Cihan Bilgin lors d’une frappe de drone turc au Rojava.

Journaliste poursuivis en justice pour avoir dénoncé le massacre de deux journalistes kurdes

Le 19 décembre 2024, les journalistes kurdes Nazim Daştan et Cihan Bilgin ont été  assassinés lors d’une attaque de drone ciblée menée par l’État turc au sud de Kobanê. Tous deux travaillaient depuis de nombreuses années pour les médias kurdes et couvraient récemment depuis le front de l’Euphrate les attaques de l’armée turque et de l’alliance djihadiste SNA contre le Rojava, province autonome.

Deux jours plus tard, le 21 décembre, des associations de presse basées en Turquie ont voulu s’exprimer publiquement à Istanbul contre le meurtre de leurs collègues. Cependant, la police a empêché le rassemblement par la force et arrêté près de 60 personnes. Le lendemain, un tribunal d’urgence a ordonné l’incarcération de sept journalistes et de deux responsables politiques locaux du parti DEM.

Les journalistes Gülistan Dursun, Hayri Tunç, le journaliste du journal Yeni Yaşam Enes Sezgin, Osman Akın, Can Papila, la journaliste de l’agence de presse Etkin (ETHA) Pınar Gayıp et la journaliste de Mücadele Birliği Serpil Ünal, ainsi que deux hommes politiques, Hacı Ugiş et İmam Şenol, ont été placés en détention provisoire pour « faire de la propagande pour une organisation illégale » et « s’opposant à la loi n° 2911 sur les réunions et manifestations ».

La troisième audience de l’affaire contre neuf personnes s’est tenue jeudi au palais de justice d’Istanbul Çağlayan.

Deux policiers qui ont témoigné au procès ont affirmé que le bureau du gouverneur du district de Beyoğlu avait interdit la manifestation et qu’ils étaient donc intervenus contre le groupe rassemblé devant la municipalité de Şişli. Les policiers ont affirmé avoir lancé un avertissement avant leur intervention.

Dans son avis sur l’affaire, le procureur a demandé que chacun des neuf accusés soit condamné séparément pour « propagande pour une organisation interdite [PKK] » et « organisation d’une manifestation non autorisée ».

Alors que les avocats des journalistes ont demandé un délai pour répondre à l’avis, le tribunal a reporté l’audience à une date ultérieure. (ANF)