TURQUIE / KURDISTAN – La journaliste de l’agence féminine JINNEWS, Öznur Değer a été arrêtée violement par la police turque à Mardin lors de rafles politiques ciblant les milieux kurdes. Elle est accusée d’avoir « fait de la propagande d’une organisation terroriste ».
Bien que la journaliste Öznur Değer ait déclaré avoir été battue à l’hôpital, le médecin qui l’a vue a refusé de signaler les coups reçus. Öznur Değer a été de nouveau transportée à l’hôpital.
Les forces de police ont mené des perquisitions dans les maisons de la province de Mardin et des districts de Nusaybin et de Kızıltepe tôt ce matin et ont arrêté cinq personnes, dont la journaliste Öznur Değer. Les personnes arrêtées ont été soumises à des mauvais traitements et à la torture lors des perquisitions.
Selon l’agence de presse féminine JinNews, pour laquelle travaille Değer, la police a défoncé la porte de l’appartement et a traîné la journaliste dans la rue, en usant de la force, tandis que son appartement était fouillé et que son matériel était confisqué. Değer a ensuite été placée dans un véhicule de police, les mains attachées dans le dos, et emmenée au commissariat de police de Mardin.
Lors de son interrogatoire au commissariat de police, Öznur Değer a exigé que les tortures qu’elle avait subies soient consignées dans le procès-verbal. Sa demande ayant été rejetée, elle a exercé son droit de garder le silence et a refusé de signer le procès-verbal.
Citant ses publications sur les réseaux sociaux, la journaliste a été accusée de contenu lié aux journalistes Cihan Bilgin et Nazim Daşdan, tués lors d’une attaque de drone turc dans le nord de la Syrie en décembre 2024,
Alors que les quatre autres détenus ont été libérés, dont deux sous contrôle judiciaire, Öznur Değer a été déférée devant la juridiction pénale de paix par le parquet avec une demande d’emprisonnement.
La journaliste a été placée en détention provisoire après avoir été interrogée par le juge. A sa sortie du tribunal, elle a scandé « La presse libre ne peut être réduite au silence » et sa bouche a été couverte par la police.
Ce n’est pas la première fois qu’Öznur Değer est prise pour cible par la police et la justice turques. Elle a déjà été arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises et fait actuellement l’objet de multiples chefs d’accusation. La dernière enquête contre Öznur Değer a débuté en décembre dernier, lorsqu’elle a été accusée d’avoir insulté un fonctionnaire de Mardin. Elle a traité un policier turc de fasciste après qu’il eut tenu des propos sexistes et a qualifié ses propos d’obscènes. Dans un procès à Ankara, la journaliste de JinNews a été reconnue coupable en juillet dernier de soutien présumé au PKK. (ANF)