GENEVE – Kajal Abbasi, ancienne combattante kurde vivant en Suisse, exhorte l’Occident à œuvrer à la résolution de la question kurde pour que le Moyen-Orient connaisse enfin la paix.
Kajal Abbasi, accompagnée de 4 autres militants.e.s kurdes, a assisté au Congrès national du Parti socialiste Suisse tenu hier à Genève où elle a interpellé l’Occident sur la question iranienne et les conflits au Moyen-Orient dans son discours que nous partageons avec vous ci-dessous:
« Je suis ici en tant que femme kurde qui a consacré sa vie à la lutte pour la libération des Kurdes et du Kurdistan depuis l’âge de 15 ans, en tant que militante politique, en tant que Peshmerga [combattant.e], en tant que réfugiée et aujourd’hui en tant que Suissesse.
Comme vous le savez, les Kurdes luttent depuis plus d’un siècle pour préserver l’expression de leur langue et de leur culture et pour défendre leurs terres et leur pays.
Ensemble, nous avons été témoin de la lutte entamée à Kobanê, au Rojavaa de Kurdistan, où les kurdes et notamment les femmes kurdes se sont battus contre les terroristes de Daesh.
Plus récemment, suite au meurtre de Jina Amini à Téhéran en septembre 2022 par les forces terroristes de la République islamique d’Iran, les kurdes ont mené la révolution de Jina sous le slogan de « Jin, Jiyan, Azadi » (Femmes, vie et liberté) pendant 5 mois. Cette révolution a reçu comme réponse une forte répression de la part du régime iranien. En effet, cette répression a mené à plusieurs centaines de morts et de blessés, à une dizaine de condamnations à mort, et à des milliers d’emprisonnements en Iran et surtout au Balûchistân et au Kurdistan.
En novembre 2023, l’organisation Iran Human Rights dénonçait le nombre d’exécutions annuelles le plus élevé depuis huit ans. 746 personnes ont été exécutées par la justice iranienne, dont 80 % sont des kurdes.
N’oublions pas que les Kurdes ont toujours essayé de résoudre le conflit kurde par la voie du dialogue et de la négociation. Malheureusement, leurs dirigeants ont toujours été tués, martyrisés et réduit au silence par la force à la table des négociation.
Une paix durable au Moyen-Orient paraît impossible sans que soit résolue la question kurde et que le Kurdistan soit reconnu tel que les 40 à 50 millions de kurdes actuellement persécutés et assimilés de force le demandent.
Les puissances occidentales ne peuvent parler des conflits du Moyen-Orient et d’une paix durable dans la région sans tenir compte de la politique de colonisation des pays occupant le Kurdistan. Cette politique s’inscrit à travers la violation constante des droits humains, les changements démographiques forcés, la discrimination et la répression, les tensions massives et les exécutions toujours plus importantes des Kurdes.
Depuis plus de 40 ans, l’Iran a rassemblé une coalition de groupes, de partis politiques et de milices chiites qui défendent ses intérêts à travers le Moyen-Orient. Les relations entre l’Iran et ces milices consistent en une aide militaire, financière et politique, s’appuyant sur la politique de développement du chiisme et de l’hégémonie iranienne au Moyen-Orient.
Ainsi, sans une position politique et économique claire envers l’Iran en tant que principal soutien du terrorisme, la paix au Moyen-Orient demeurera difficile à atteindre.
Aujourd’hui, nous sommes présents au congrès à la fois comme kurdes, et à la fois comme des Suisses, nous sommes soucieux pour la Suisse, le pays dans lequel on réside et pour le Kurdistan, le pays que nous souhaitons libérer un jour. »
Congrès national du Parti socialiste 24 février 2024- Genève
Suisse