IRAK / KURDISTAN – Le journaliste kurde Sîham Roj a souligné l’imminence d’un processus électoral difficile à Kirkouk, où la Turquie, l’Iran, l’Irak et les États-Unis se disputent le contrôle de la ville riche en pétrole.
Les puissances extérieures et les divisions internes intensifient la lutte pour le contrôle de Kirkouk, ce qui a un impact sur le paysage démographique et politique de la ville, a affirmé Sîham Roj, un journaliste kurde basé dans la région kurde d’Irak (KRI), dans une interview accordée à Ömer Akın de l’agence Mezopotamya.
Abordant la dynamique complexe entourant les élections du gouverneur à Kirkouk, Roj a souligné que les puissances régionales, notamment la Turquie, l’Iran, l’Irak et les États-Unis, souhaitent affirmer leur domination sur cette ville riche en ressources.
Au milieu des opérations militaires turques en cours à Zap, Avaşîn et Metîna, régions montagneuses du nord de l’Irak, et de la création prochaine d’une nouvelle administration à Kirkouk, d’importantes activités diplomatiques ont été notées. Le chef de l’Organisation nationale du renseignement (MIT), İbrahim Kalın, a participé, aux côtés de sa délégation, à une série de réunions en Irak, suivies d’entretiens avec le président du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Masoud Barzani, à Erbil (Hewlêr). Par la suite, le ministre turc de la Défense, Yaşar Güler, s’est rendu en Irak, où il a rencontré les principaux dirigeants kurdes à Bagdad et dans la région kurde, soulignant l’importance d’une coopération continue pour la sécurité et la stabilité régionales. Un sujet central lors de ces discussions a été « l’Accord de Sinjar (Şengal) », ciblant la gouvernance de l’administration autonome de Sinjar.
Roj a expliqué les efforts déployés par la Turquie pour empêcher la nomination d’un gouverneur kurde à Kirkouk, en particulier après que l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) ait obtenu le plus grand nombre de voix. Selon Roj, ces manœuvres de la Turquie à travers les factions turkmènes et arabes sunnites déclenchent de nouvelles crises dans la région. Après les élections, un accord a été conclu entre l’UPK et le PDK pour nommer un gouverneur kurde, nécessitant le soutien d’au moins neuf des 16 membres du conseil de l’assemblée de la ville.
Roj a exprimé son inquiétude face à la lutte continue contre la population kurde dans des régions comme Kirkouk et Mossoul, où des changements démographiques sont imposés pour diminuer la présence kurde. « Kirkouk est positionnée comme une ville arabe ou turkmène, mettant ainsi de côté son identité kurde. En particulier, l’aspiration de la Turquie à inclure Kirkouk dans les limites de son « Pacte national » se manifeste dans son intention de contrôler la ville », a déclaré Roj.
Le journaliste a également souligné la complexité des alliances et des stratégies politiques au sein de Kirkouk, où la Turquie, l’Iran et l’Irak ont chacun leurs agendas, entraînant souvent des divisions entre factions kurdes. Le succès électoral inattendu de l’UPK, selon Roj, reflète un effort collectif des Kurdes pour conserver le caractère kurde de Kirkouk, au milieu d’importantes pressions extérieures.
Roj a mis en garde contre une bataille qui se profile à Kirkouk, exacerbée par le boycott des membres turkmènes et arabes du conseil lors des récentes réunions de l’assemblée, signalant une période difficile à venir. Malgré l’unité entre l’UPK et le KDP pour la gouvernance de la ville, le défi primordial reste de naviguer dans un paysage politique complexe façonné par les influences externes et les divisions internes. (Medya News)