TURQUIE / KURDISTAN – Le parti d’opposition « pro-kurde » DEM a appelé à une enquête parlementaire approfondie sur les meurtres non résolus de trois femmes politiques kurdes assassinées à Paris en 2013, soulignant les liens potentiels avec les services de renseignement turcs (MIT).
L’appel, lancé exactement 11 ans après le triple assassinat politique, souligne la nécessité de résoudre l’affaire non résolue, citant l’implication potentielle de forces secrètes et une conspiration internationale.
Les meurtres ont eu lieu à Paris le 9 janvier 2013, coïncidant avec le début des pourparlers de paix en Turquie, ce qui a donné lieu à des spéculations sur leur intention de perturber le processus de paix. L’absence de résolution dans les systèmes juridiques turc et français a suscité des appels à la transparence et à une enquête approfondie de la part du parti DEM.
La proposition du parti suggère l’implication d’éléments secrets, potentiellement liés à l’agence de renseignement turque (MIT), comme le suggèrent diverses allégations et preuves. La résolution de cette affaire est considérée comme vitale pour favoriser des solutions pacifiques à la question kurde et prévenir de futures violences politiques.
La proposition indique que la clarification de ces meurtres, y compris le rôle des forces secrètes turques et un complot international en coulisses, constituera un pas en avant significatif. Malgré le temps écoulé, l’affaire n’est toujours pas résolue, et ni les tribunaux turcs ni français n’ont progressé de manière satisfaisante. Une commission créée sous l’égide du Parlement pourrait produire un rapport bénéfique au développement de l’affaire.
La proposition réitère le souvenir des négociations qui ont débuté le 3 janvier 2013 entre le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, et l’État turc, dans le but de résoudre démocratiquement la question kurde. Cependant, suite à l’assassinat à Paris de Cansız, Doğan et Şaylemez, le 9 janvier 2013, personnalités importantes du mouvement kurde et de la lutte de libération des femmes, ont déclaré qu’il s’agissait d’un complot visant à saboter le processus de paix.
Le Premier ministre de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, lors d’une réunion du parti le 15 janvier 2013, a reconnu l’importance de résoudre l’assassinat pour sauvegarder le processus de paix. Malgré les appels de diverses parties, y compris le mouvement kurde, en faveur d’une enquête immédiate et de la dénonciation des forces obscures opposées à la résolution, ni les autorités françaises ni turques n’ont mené une enquête approfondie.
L’enquête menée en France a débouché sur une procédure judiciaire en Turquie, mais le secret entourant l’enquête du procureur d’Ankara demeure. Des allégations ont fait surface concernant l’implication directe ou indirecte du MIT dans le massacre, renforcées par des preuves telles que des enregistrements audio et des liaisons de télécommunications confirmées avec le MIT. Les déclarations des responsables du MIT, y compris celle de Hakan Fidan, alors chef de l’époque et aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, suggèrent l’existence de factions internes au sein de l’agence et la reconnaissance de leur rôle dans le crime. Cependant, les procédures judiciaires en Turquie semblent s’être davantage concentrées sur la dissimulation du crime et de ses liens que sur la révélation de la vérité. La mort discutable du principal suspect, Ömer Güney, alimente encore les inquiétudes quant à l’obscurité de l’affaire.
L’absence de progrès dans la mise en lumière de cette atrocité et dans la dissimulation d’autres incidents similaires aurait facilité davantage de violence. La fusillade au Centre culturel kurde Ahmet Kaya de la rue d’Enghien, à Paris le 23 décembre 2022, qui a fait des morts et des blessés, réitère l’urgence d’apporter des éclaircissements sur ces questions afin de prévenir de futurs assassinats politiques. La persistance des politiques d’impunité encourage les assassinats politiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.