TURQUIE / KURDISTAN – Les femmes descendantes des rescapés du génocide de Dersim commis en 1938 par l’État seront dans la rue le 25 novembre contre les violences étatiques et masculines ciblant les femmes.
Les femmes de Dersim mobilisées dans le cadre de la semaine du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ont appelé à participer aux événements du 25 novembre. Ce jour-là, elles organiseront une exposition de peintures, une conférence, une cérémonie de dédicace pour Gülistan Doku une étudiante kurde disparue de manière suspecte à Dersim le 5 janvier 2020, ainsi qu’une marche contre la guerre spéciale ciblant les femmes de Dersim et les violences masculines.
Soulignant qu’il y a une augmentation de la violence contre les femmes dans la ville, Raife Yılmaz de la Plateforme des Femmes de Dersim a déclaré : « Il y a aussi des cas intenses de violence économique, physique et psychologique ici. Les raisons ne sont pas isolées des autres provinces. Nous subissons les conséquences à la fois des pratiques de l’État masculin et du patriarcat. Ces dernières années, les cas d’abus, de négligence et de violence à l’égard des femmes ont considérablement augmenté. Des demandes sont déposées notamment en cas de violence au sein de la famille, de harcèlement et de harcèlement moral [à la maison] et au travail. Particulièrement ces dernières années, il y a eu des incidents de harcèlement et de violence subis par nos amies de l’université. »
Rappelant que les résultats de nombreux événements sociaux se traduisent par de la violence ciblant les femmes, Yılmaz a déclaré : « La pauvreté économique revient sous forme de violence psychologique. En outre, il existe des structures que la société supprime. Ce 25 novembre, nous voulons élever encore une fois notre rébellion et élargir encore plus notre lutte. Nous invitons les femmes qui construisent la société ce 25 novembre (…) dans la rue Sanat contre les inégalités, la pauvreté, la guerre, l’exploitation et la violence masculine. »
La coprésidente provinciale du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (HEDEP), Dêrsim, Eylem Yamaç, a déclaré : « C’est notre appel à toutes les femmes pour prévenir la violence, nous sommes partout ensemble et nous continuerons d’être partout. Des politiques de guerre spéciales se poursuivent au Dersim, comme dans toutes les régions du Kurdistan. Les jeunes femmes, en particulier, sont ciblées par des politiques de guerre spéciales. Soyons dans la rue pour mettre un terme à cela. »
Nazlı Çelik Öz, membre du HEDEP, a souligné l’histoire combative de Dêrsim et a déclaré que les femmes devraient descendre dans la rue avec cet esprit, ajoutant : « Nous sommes dans la ville d’Aysel Doğan [une ancienne prisonnière et femme politique kurde de Dersim décédée en 2022], nous sommes honorées de magnifier la lumière de nos amies qui ont éclairé notre histoire. »
« LE GÉNOCIDE CONTINUE DEPUIS 38 »
« Il est vraiment important de parler la langue de ces terres », a déclaré Öz, ajoutant : « Notre langue maternelle est le kirmancki (dialecte kurde appelé également zazakî ou dimilî), mais nous sommes confrontés à la réalité qu’un génocide a eu lieu dans notre langue. Des politiques de guerre spéciales et de génocide se poursuivent depuis 1938. Les viols et les meurtres se produisent depuis 1938. Il existe une tradition immuable dans le système dominé par les hommes. Il y a eu des tentatives de viol, mais les courageuses femmes de Dêrsim, Bese, Zarife (…) ont montré cette position en jetant leurs corps dans les falaises. Nous élèverons également notre voix contre la guerre spéciale. »
Déclarant qu’elles portent le drapeau des femmes en lutte et pionnières, Öz a ajouté: « Notre colère est grande. Un grand combat est en cours pour cela, et il reste encore beaucoup à faire. Le processus est vraiment difficile pour les femmes. Cet environnement a besoin de paix le plus rapidement possible. Une atmosphère de paix doit être créée, en particulier pour les femmes. Malheureusement, il existe une domination psychologique provoquée par la guerre au Dêrsim. » Soulignant qu’il n’y a aucun développement concernant l’affaire de disparition suspecte de Gülistan Doku dans une ville où tout est surveillé par des caméras de surveillance, Öz a déclaré : « L’organisation des femmes doit être forte pour éviter de telles disparitions. »