TURQUIE / KURDISTAN – « Alors que le traité de Lausanne était considéré comme l’acte de fondation de la République de Turquie, il s’est transformé en un populicide pour ceux qui n’ont pas d’identité turque et sunnite », déclare le communiqué final de l’atelier « Les femmes discutent de Lausanne à l’occasion de son centenaire » organisé par le Mouvement des femmes libres (en kurde: Tevgera Jinen Azad – TJA) à Diyarbakır le 16 juillet.
La TJA vient de faire une déclaration finale rappelant que « le traité de Lausanne signé le 24 juillet 1923 a entraîné le génocide, l’assimilation, la migration forcée et les massacres associés aux peuples vivant dans cette géographie ». La déclaration indiquait en outre qu’il ne s’agissait pas d’un traité de paix, mais plutôt « d’un document de l’État turc » et qu’« il est entré dans l’histoire comme un produit de l’esprit masculin, essayant d’établir son existence en détruisant différentes cultures et identités ».
« Ils ont essayé d’effacer les Kurdes de l’histoire »
« Dans le contrat signé par la délégation turque avec l’Occident, un engagement a été pris que seule l’administration turque aurait son mot à dire dans cette géographie, alors que seuls les Arméniens, les Grecs et les Juifs étaient reconnus comme minorités, même les droits contractuels de ces peuples n’étaient pas appliqués », dit la déclaration finale du TJA.
« Ils ont essayé d’effacer les Kurdes de l’histoire, d’autre part, en disant « Turc et Kurde ne font qu’un » de manière trompeuse, même leurs noms n’ont pas été mentionnés.
Alors que ce traité était considéré comme l’acte de fondation de la République de Turquie, il s’est transformé en un populicide pour ceux qui n’ont pas d’identité turque et sunnite. Les Kurdes, les Arméniens, les Grecs, les Assyriens, les Juifs, les Yézidis et de nombreuses autres identités qui sont les anciens peuples de cette géographie ont été confrontés aux méthodes violentes des politiques de l’État-nation, les poussant à la disparition.
La cible principale des politiques d’assimilation qui ont suivi le traité de Lausanne était les filles et les femmes. Il fallait en finir avec la culture que portent les femmes, c’était la méthode de base utilisée pour les politiques visant à rendre la société homogènes », soutient la déclaration.
« L’objectif était de créer un État-nation homogène »
« Lausanne n’est pas un traité de « paix », mais un prélude historique aux politiques d’extermination systématique des minorités. Dès le retour de l’Etat turc de Lausanne, la première chose qu’ils ont faite a été de changer la Constitution de la République de Turquie, et en déclarant tous ceux qui vivent dans cette géographie comme « Turcs », des politiques d’assimilation systématique ont été lancées », souligne la déclaration du TJA.
« Dans ce processus, les minorités ont été soumises à des atrocités de masse, même les droits accordés aux minorités à Lausanne et signés par la délégation turque n’ont pas été appliqués, et le seul objectif était de créer un État-nation homogène », lit-on et ajoute que « toutes ces mesures ont été prises, non pas malgré l’Occident, mais avec l’approbation de l’Occident ».
« Une nation démocratique »
»Le peuple kurde doit rassembler sa réalité sociale brisée à Lausanne et assurer son unité nationale sera l’étape la plus significative pour invalider la conspiration internationale.
Cela dit, la seule façon pour les peuples de vivre de manière égale et libre sera à l’intérieur d’une nation démocratique. Le Rojava est la seule administration capable d’y parvenir et son statut doit être reconnu », indique la déclaration finale. Il a fait valoir que le problème kurde devait être résolu de manière démocratique et que des mesures devaient être prises pour que les croyances et les cultures des minorités continuent d’exister dans cette géographie. »
« Il faut un système confédéral démocratique »
« Lausanne n’a aucune légitimité pour les peuples et il faut l’annuler, conclut l’atelier et réitère la nécessité de la construction d’une nation démocratique et d’un système confédéral démocratique », a conclu le TJA.
Bianet