Le président turc Erdogan a été « réélu » grâce au soutien de l’électorat nationaliste et islamiste à qui il a promis l’anéantissement des « terroristes kurdes » (qu’il s’agisse des Kurdes du Rojava ou ceux à l’intérieur des frontières turques ou encore au Kurdistan irakien).
D’après l’analyste turc, Fehim Tastekin, Erdogan va décevoir son électorat, essentiellement sur le dossier syrien. En effet, lors de pourparlers début mai, la Turquie et la Syrie ont convenu de poursuivre le dialogue vers la normalisation lors d’une réunion à quatre à Moscou impliquant la Russie et l’Iran. Néanmoins, Damas soutient que le retrait des forces turques de Syrie est une condition préalable à toute rencontre entre les dirigeants des deux pays, ce qui ne peut se faire sans le lâchage des groupes jihadistes syriens par la Turquie. De plus, Erdogan s’est engagé à renvoyer des réfugiés syriens vers la Syrie.
Concernant les Kurdes syriens qualifiés de terroristes par Erdogan, Fehim Tastekin affirme que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis encourageaient Damas – avec l’approbation tacite des États-Unis – à intégrer les forces kurdes dans l’armée syrienne dans le cadre des efforts visant à repousser l’influence iranienne. De tels mouvements vont également à l’encontre des intérêts d’Ankara.
L’adhésion à l’UE tombée à l’eau
Sur le dossier EU – Turquie, Tastekin déclare que l’hypothèse d’une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne est un mirage lointain auquel plus personne ne croit, ni en Turquie ni en Europe.
Double jeu d’Erdogan entre l’OTAN et la Russie
Concernant la place controversée de la Turquie au sein de l’OTAN depuis le rapprochement d’Erdogan avec la Russie de Poutine ses dernières années, Tastekin déclare qu’on va assister à une continuité de double-jeu d’Erdogan qui maintiendra son partenariat avec Poutine, tout en restant au sein de l’OTAN, sans se débarrasser des systèmes de défense aérienne russes S-400.
L’analyste turc cite un responsable américain, en déclarant que « le rôle de pont de la Turquie entre l’Ouest et l’Est se poursuivrait, mais l’attention d’Ankara pourrait désormais se déplacer vers être ancrée à l’Est et disposée à tenir l’Ouest, c’est-à-dire l’Europe et les États-Unis, plus à distance. »
Article compet à lire sur al-Monitor: How Erdogan’s reelection will shift Turkey’s foreign policy goals