TURQUIE – Aujourd’hui, le jour du 28e anniversaire de la veillée des Mères Du Samedi à Istanbul/Galatasaray contre les disparitions en détention, la police a attaqué le rassemblement et détenu une vingtaine de participant.e.s, dont Eren keskin, avocate kurde et présidente de l’Association des droits de l’Homme de Turquie (İnsan Hakları Derneği – IHD).
Il y a 28 ans, les mères du samedi descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus. Aujourd’hui, elles ont voulu laisser des œillets sur la place Galatasaray pour marquer le 28ème anniversaire de leur action. Mais la police a attaqué le rassemblement et détenu plusieurs mères et proches des disparus et des défenseurs des droits humains, dont l’avocate kurde Eren Keskin.
Les personnes détenues sont:
Besna Tosun
Eren Keskin
Özge Bakır Efe
Mehmet Mert Karatağ
Maside Ocak
Hanife Yıldız
Ali Ocak
Mikail Kırbayır
Leman Yurtsever
İrfan Bilgin
Hasan Karakoç
İkbal Eren
Hünkar Yurtsever
Hüseyin Aygül
Coşkun Üsterci
Ümit Efe
Cüneyt Yılmaz
Gülseren Yoleri
Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » déclarent que l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant, mais manifestement la police d’Erdogan refuse de se conformer aux lois de son propre pays.
Le 5 mai dernier, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe dénonçait les violations des droits en Turquie, en attirant l’attention sur les violences subies par les Mères du Samedi : « Les autorités ne respectent toujours pas le droit à la liberté de réunion pacifique des « Mères du samedi » et des autres personnes qui manifestent ce jour-là pour demander que la lumière soit faite sur la disparition de leurs proches, alors que la Cour constitutionnelle turque a déjà conclu deux fois à la violation de leur droit de manifester. Les membres de ce groupe font même l’objet d’une procédure pénale, engagée tout récemment, pour avoir exercé ce droit. La manière dont sont traitées les « Mères du samedi » est une illustration supplémentaire des risques inhérents à un contexte dans lequel les droits humains ne sont pas protégés de manière effective. »