BERLIN – Le Bundestag allemand a reconnu le génocide des Yézidis massacrés en masse par DAECH en août 2014. Une député germano-kurde a dénoncé la duplicité des autorités allemandes qui reconnaissent le génocide yézidi commis par DAECH, tout en soutenant la Turquie qui a armée DAECH et qui attaque aujourd’hui les Yézidis qui n’ont pas quitté Shengal.
Présentée conjointement par la coalition gouvernementale et l’opposition conservatrice, la mesure visant à reconnaitre le « génocide » commis en 2014 sur la communauté yézidie a été votée par le parlement allemand ce jeudi. Ce massacre avait été orchestré par le groupe djihadiste État islamique (EI) en Irak. Le texte voté par les élus a déterminé que « l’EI avait notamment pour objectif l’éradication totale de la communauté yézidie. Plus de 5 000 Yézidis ont été torturés et brutalement assassinés par l’EI ». (Le Journal du dimanche)
« La reconnaissance du génocide n’est pas une coquille vide », a souligné la députée sociale-démocrate, Derya Türk-Bachbaur. Si la qualification de génocide par le Parlement allemand ne change rien juridiquement parlant, elle symbolise un positionnement clair de la part des députés allemands.
Ces derniers sont en effet en mesure de formuler une série d’exigences au gouvernement allemand, allant de l’aide au retour des réfugiés à la création d’un centre d’archives et de documentation, en passant par la poursuite des enquêtes sur les exactions commises par l’Etat islamique contre cette minorité. (Deutsche Welle)
Le vote au Bundestag a été suivi par des représentants yézidis. La députée de gauche Sevim Dağdelen a déclaré lors du débat avant le vote que l’EI est soutenu par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie et que les armes mises à la disposition des milices terroristes proviennent également de la production allemande. Dağdelen a critiqué le fait que les YPG ne soient pas nommément mentionnés dans le texte de la résolution. Pendant que les peshmergas fuyaient, les forces de défense du Rojava ont atteint Shengal, sauvant des milliers de vies. Cela doit être nommé. La résolution ne mentionne que les « unités kurdes » qui ont joué un rôle clé dans la victoire territoriale sur l’EI en Irak. En fait, ce sont surtout les combattants du PKK et des YPG / YPJ qui sont venus secourir les milliers de Yézidis piégés au pied du mont Sinjar.
Dağdelen a également critiqué le soutien du gouvernement allemand au régime d’Erdogan et a souligné que la Turquie continue d’attaquer la communauté yézidie de Shengal. Si la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock veut protéger les Yézidis et le Shengal, elle doit dénoncer les attaques de la Turquie, qui violent le droit international. En ce qui concerne la situation d’insécurité à Shengal, la résolution déclare ce qui suit sur le rôle de l’État turc : « Les opérations militaires de la Turquie violent également la souveraineté de l’État irakien et ont le potentiel de déstabiliser le nord de l’Irak, y compris la région du Kurdistan d’Irak ».
La résolution contient des exigences envers le gouvernement fédéral. Cela devrait étendre le traitement judiciaire et la poursuite des auteurs dans leur propre pays et à l’étranger, fournir un soutien financier plus important pour la collecte de preuves sur place en Irak, soutenir un centre de documentation sur les crimes internationaux commis par l’EI en Allemagne, exhorter l’Irak à protéger les droits des yézidis et aider à reconstruire les colonies yézidies détruites. Elle s’appuyait sur une pétition de l’association berlinoise « Bureau des affaires yézidies », qui militait pour sa reconnaissance. Les organes des Nations Unies et le Parlement européen ont déjà reconnu les crimes de l’EI comme un génocide ; de même que l’Arménie, l’Australie, la Chambre des représentants des États-Unis et le Parlement écossais. (ANF)