42 ONG internationales, dont Amnesty et Human Rights Watch (HRW), ainsi que des ONG iraniennes, kurdes et baloutches exhortent l’ONU à enquêter d’urgence sur la répression sanglante des manifestations en Iran.
Depuis le début des manifestations anti-régime provoquées par le meurtre de Jina Mahsa Amini, des centaines de civils ont été abattus par les forces de sécurité iraniennes. Des milliers d’autres ont été arrêtés alors que la torture en détention est généralisée selon les ONG iraniennes.
Les 42 organisations de défense des droits humains ont appelé à une réunion urgente du Conseil des droits de l’homme des Nations unies afin d’établir un mécanisme d’enquête international sur les crimes commis par la République islamique d’Iran, tout en exprimant leur profonde préoccupation face aux violations flagrantes des droits humains lors des manifestations en Iran.
Voici un extrait de l’appel signé par 42 ONG:
« Nous vous écrivons pour exprimer nos profondes inquiétudes quant à la mobilisation par les autorités iraniennes de leur mécanisme de répression bien rodé pour écraser impitoyablement les manifestations nationales en cours.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies devrait agir de toute urgence en tenant une session extraordinaire et – compte tenu de la gravité des crimes de droit international et d’autres graves violations des droits de l’homme commis en Iran et de l’impunité systémique qui prévaut – mettre en place un organisme d’enquête indépendant , rapport et mécanisme de responsabilisation.
Les récentes manifestations ont été déclenchées par l’indignation suscitée par la mort en garde à vue de Jina Mahsa Amini, une femme de 22 ans issue de la minorité kurde, le 16 septembre 2022 jours après avoir été arrêtée par la police des « bonnes mœurs » pour non-respect des règles discriminatoires du pays. et des lois abusives sur le port obligatoire du voile, qui perpétuent la violence contre les femmes et les filles en Iran et les privent de leur droit à la dignité et à l’autonomie corporelle. L’objectif des protestations s’est depuis rapidement étendu à des griefs plus larges et a englobé des demandes de changement politique et social fondamental vers la protection et la réalisation des droits humains.
Les preuves recueillies par un certain nombre d’organisations soussignées montrent que les forces de sécurité iraniennes tirent délibérément et illégalement à balles réelles et à plombs métalliques (…), sur des manifestants et des passants, dont des enfants. Les organisations soussignées documentent un nombre croissant de manifestants et de passants tués, certains signalant déjà plus de 200 morts, dont au moins 23 enfants identifiés, au Sistan et Balouchistan, au Kurdistan et dans d’autres provinces d’Iran (…). Les chiffres réels, cependant, sont susceptibles d’être beaucoup plus élevés (…).
Depuis le 18 septembre 2022, plus d’un millier de manifestants, défenseurs des droits humains, militants de la société civile, journalistes, étudiants universitaires et écoliers ont été arbitrairement arrêtés et détenus, certains sont déjà accusés d’avoir « agi contre la sécurité nationale ». Ce cycle de répression meurtrière dans le contexte des manifestations est devenu alarmant au cours des dernières années. Au cours des précédentes vagues de manifestations de masse, notamment en décembre 2017-janvier 2018, novembre 2019, juillet 2021, novembre 2021 et mai 2022, un certain nombre de nos organisations ont documenté des schémas similaires et répandus de crimes au regard du droit international et d’autres violations graves des droits humains, tels que des homicides illégaux résultant de crimes injustifiés, recours à la force, y compris la force létale, les arrestations et détentions arbitraires massives, les disparitions forcées, la torture (…), et la condamnation de personnes à de lourdes peines de prison et à la mort à l’issue de procès manifestement inéquitables.
(…)
De nombreux membres de la famille des défenseurs des droits humains ont été menacés tandis que les défenseurs des droits humains ont été violemment arrêtés et leurs domiciles perquisitionnés. Les défenseurs des droits humains et les proches des victimes font écho à la frustration croissante face à l’incapacité de la communauté internationale à prendre des mesures significatives pour faire face aux vagues successives de meurtres de protestation en Iran. Le père de Milan Haghigi, un homme de 21 ans tué par les forces de sécurité le 21 septembre, a déclaré : « Les gens attendent de l’ONU qu’elle nous défende, nous et les manifestants. Moi aussi, je peux condamner [les autorités iraniennes], le monde entier peut les condamner mais à quelle fin cette condamnation ? Une action significative de la communauté internationale, sous la forme de la création d’un mécanisme indépendant d’enquête, de signalement et de responsabilisation, se fait attendre depuis longtemps. »
ONG signataires:
Abdorrahman Boroumand Center for Human Rights in Iran
The Advocates for Human Rights
All Human Rights for All in Iran
Amnesty International
Article18
Article 19
Arseh Sevom
Association for the human rights of the Azerbaijani people in Iran (AHRAZ)
Association for Women’s Rights in Development (AWID)
Baloch Activist Campaign
Balochistan Human Rights Group (BHRG)
Cairo Institute for Human Rights Studies
Center for Human Rights in Iran
Centre for Supporters of Human Rights
CIVICUS
Ensemble Contre la Peine de Mort
FEMEN
Freedom from Torture
Front Line Defenders
Global Centre for the Responsibility to Protect
Gulf Center for Human Rights
Haalvsh
Hengaw Organization for Human Rights
Human Rights Activists in Iran (HRA)
Human Rights Watch
Impact Iran
International Commission of Jurists
International Federation for Human Rights (FIDH)
International Service for Human Rights (ISHR)
Iran Human Rights
Iran Human Rights Documentation Center (IHRDC)
Justice for Iran
Kurdistan Human Rights Association-Geneva (KMMK-G)
Kurdistan Human Rights Network
Kurdpa Human Rights Organisation
League for the Defence of Human Rights in Iran
Miaan Group
Minority Rights Group International (MRG)
Rasank
Siamak Pouzand Foundation
6Rang (Iranian Lesbian and Transgender Network)
Women’s International League for Peace and Freedom
World Organisation against Torture (OMCT)