LYON – Les associations de la diaspora kurde et iranienne manifestent demain, samedi 24 septembre, en soutien à la révolte populaire en Iran menée par les femmes et les peuples opprimées.
RDV à 15h, place Bellecour
Voici le communiqué du collectif organisateur du rassemblement de demain:
« Le 13 septembre dernier, Masha Amini, 22 ans, a été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour « tenue indécente ». Après trois jours de coma, elle est finalement décédée.
Alors qu’elle venait rendre visite à sa famille à Téhéran, la police des mœurs a décidé d’arrêter la jeune femme originaire de la région du Kurdistan (nord-ouest) le 13 septembre. Après son arrestation, Mahsa tombe dans le coma et décède trois jours plus tard.
Une vague de manifestation traverse le pays en premier lieu dans les régions kurde ou une grève générale a été annoncée par les militants kurdes. Puis les manifestations ont gagné toutes les ville en Iran.
Les femmes coupent leurs cheveux, un symbole de deuil chez les iranien.e.s et aussi un geste de contestation contre l’islam et le régime islamique en Iran.
13 morts par balle réel après 4 jours de manifestations et des milliers de personne arrêté par la police.
Pour soutenir le peuple iranien et la lutte des femmes en Iran, nous nous rassemblons samedi 24 septembre, à 15h, place Bellecour.
Nous invitons tout le monde afin d’être solidaire avec le peuple iranien et les femmes iraniennes. Nous avons besoin du soutien de toutEs celles et ceux qui crois à la libertés et l’égalité. »
En complément un texte de comités locaux qui résume la situation sur place.
« La mort en garde à vue de Jina Mahsa AMINI, jeune femme kurde originaire de la ville de Saqqez, continue de susciter des vagues d’indignation et de protestations un peu partout en Iran.
Les manifestations sont particulièrement massives au Kurdistan iranien où depuis 5 jours des dizaines de milliers de manifestants pacifiques descendent dans les rues au cri de « A bas le dictateur (Khamenei), A bas la république islamique ! Non au voile islamique ». Des femmes brûlent en public leur voile islamique, lancent le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadi » (Femme, Vie, Liberté). Les forces de sécurité iraniennes interviennent avec une extrême brutalité contre les manifestants pacifiques. Le bilan de la répression est difficile à établir. Il s’alourdit de jour en jour. La télévision d’Etat iranienne, le 22 septembre, a parlé d’au moins 17 morts sans plus de précision. L’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo et généralement bien informée affirme qu’au moins 31 civils ont été tués par les forces de sécurité iraniennes. De son côté, l’ONG HENGAW, basée au Kurdistan, a publié une première liste des victimes :
– Reza LOTFI à Dehgolan, Fereydoun MAHMOUD à Saqqez, Zakaria KHIA, 16 ans, à Piranshahr, Mino MAJDI à Qasréshirin, Fuad QADIMI, Mohsen MOHAMMADI et Farjad DARVISH à Diwandara, Amin MARA, 16 ans, Milan HAGIGHI, 21 ans et Sadruddin LITANIN, 27 ans à Shino. Ces trois derniers ont été assassinés le mercredi soir par des tirs d’AK 47 (kalachnikov) dans la tête et la poitrine des forces iraniennes.
On compte aussi plus de 450 blessés, dont certains graves, dans les manifestations qui se déroulent dans les principales villes du Kurdistan iranien : Saqqez, ville natale de Jina AMINI, Sanandaj, Kermanchah, Bokan, Mahabad, Baneh, Ourmia, Kamyaran, Diwandara, Ilam, Naghadeh, Piranshahr, Maku, Bijar, Dehgolan, Marivan, Shino
La police iranienne est allée jusqu’à intervenir brutalement lors des funérailles de la jeune Jina (Mahsa) à Saqqez.
A l’appel de la coordination des partis politiques kurdes iraniens, une grève générale a été massivement suivie dans l’ensemble du Kurdistan le jour des funérailles.
Dans une interview accordée à la chaîne d’info kurde irakienne RUDAW, le père de la victime, Ahmed AMINI, a affirmé que sa fille était en bonne santé, sans aucun précédent médical, et qu’elle avait reçu des coups mortels à la tête lors de son arrestation et de sa garde à vue par la police des mœurs pour « port inadéquat du voile » car son hidjab ne couvrait pas toute sa chevelure abondante. Il ajoute qu’il a dit cela au président iranien Raïssi qui l’avait appelé pour présenter ses condoléances. Sa demande d’autopsie n’a pas été acceptée par les autorités. Celles-ci semblent inquiètes que les manifestations de protestation s’étendent aussi à Téhéran, à Mashhad qui comptent d’importantes communautés kurdes et à d’autres villes iraniennes.
Il y a depuis le 20 septembre une extension de ces manifestations à Ispahan, Tabriz et dans une dizaine d’autres villes iraniennes. En raison de la coupure, par le régime, de l’accès aux réseaux sociaux, notamment au Kurdistan et depuis mercredi soir (le 21.09) à Téhéran et dans d’autres villes en ébullition, les informations sur ces manifestations et surtout les images deviennent très difficiles à obtenir.
Le régime iranien s’engage dans une répression féroce à huis clos et mobilise ses multiples milices et auxiliaires dans cette répression contre les manifestants qualifiés d’agents de l’étranger et de contre-révolutionnaires
L’émotion de l’opinion politique internationale indignée par le meurtre d’une jeune femme de 22 ans « coupable » du « port inadéquat » du voile islamique a suscité des réactions de condamnation de l’Union européenne, des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. Le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme de l’ONU a demandé une enquête indépendante sur le meurtre, demande qui risque fort de rester sans suite. Le président américain Joe Biden a tenu à saluer, à la tribune de l’ONU, le courage des femmes iraniennes.
Le port du voile islamique par les femmes a été imposé par la République islamique dès son avènement en 1979. Cependant l’application de cette obligation a été plus ou moins stricte selon l’air du temps. Depuis l’élection de l’ultra conservateur Raïssi à la présidence la police des mœurs a été considérablement renforcée et la répression est devenue encore plus sévère. Aussi, selon le chef de la police de Kermanchah, Ali Akbar Javidan, cité par l’agence iranienne HRANA le 13 août dernier, on ne compte pas moins de 26 checkpoints publics de la police des mœurs et 6 autres opérant sous couvertures diverses dans cette grande ville kurde. Le policier en chef annonce fièrement que depuis le début du printemps 1700 femmes ont été arrêtées par la police des mœurs pour « infraction au port obligatoire du voile ».
Les femmes kurdes, de tradition laïque et jouissant traditionnellement d’une plus grande liberté par rapport à leurs consoeurs de la plupart des société musulmanes, sont très rétives au port du voile. Elles sont très engagées dans les mouvements politiques, associatifs et sociaux du Kurdistan. Elles paient un prix fort pour la défense de leurs droits dans cette république liberticide. »
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