TURQUIE – Can Atalay, Çiğdem Mater, Hakan Altınay, Mine Özerden, Mücella Yapıcı, Yigit Ali Emekçi, Tayfun Kahraman et Osman Kavala ont été condamné à la prison par la justice turque dans le cadre du « procès Gezi » d’Istanbul. Les otages de l’affaire Gezi ont publié une déclaration commune dans laquelle ils disent défendre « la fraternité, l’égalité, la liberté et la démocratie face à la haine et l’arrogance. »
Le 25 avril dernier, Osman Kavala a été condamné à la prison à vie pour soi-disant avoir cherché à renverser le gouvernement d’Erdogan via le financement des manifestations anti-gouvernementales du « mouvement de Gezi » en 2013 et lors du coup d’Etat raté de juillet 2016. Les autres prévenus, Mücella Yapici, Çigdem Mater, Ali Hakan Altinay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman et Yigit Ali Emekçi, ont été condamnés à dix-huit ans de prison chacun, pour complicité du même chef d’accusation. Ils ont publié un message commun pour remercier les millions de personnes qui se sont mobilisées en faveur des prisonniers de Gezi, ajoutant qu’ils défendront « la fraternité, l’égalité, la liberté et la démocratie face à la haine et l’arrogance. »
Voici le message des otages de Gezi:
« Depuis le 25 avril, des millions de nos concitoyens qui ont élevé la voix pour nous, qui se sont opposés à l’injustice, aux gros mensonges, au chaos ont ajouté de l’espoir à notre espoir et ajouté de la force à notre force.
Nous célébrons sincèrement la fête des mères de toutes les mères, nos chères mères et en particulier les mères de Gezi.
Nous saluons et remercions tout le monde, des anciens présidents aux jeunes qui fabriquent des affiches à la main et ceux qui expriment leurs objections sur les réseaux sociaux, des travailleurs de la presse qui maintiennent la question à l’ordre du jour aux chambres professionnelles et aux organisations de masse démocratiques, des intellectuels, des artistes et des écrivains à toutes les personnes qui prêtent attention à la question.
Il ne s’agit pas de nous ! La vraie question est de savoir si l’on peut parler d’humanité, de conscience, de justice et de droit même de base dans notre beau pays.
Soit la haine et l’arrogance l’emporteront, soit la fraternité, l’égalité, la liberté et la démocratie l’emporteront.
Nous défendrons la justice, la fraternité, la conscience, la liberté et, bien sûr, Gezi. (…) »
À propos du procès Gezi
Le procès Gezi a repris le 21 mai 2021 lorsque la cour d’appel a annulé les verdicts d’acquittement prononcés par le tribunal local. Arrêtés pendant plus de 1 200 jours, l’homme d’affaires et défenseur des droits Osman Kavala et 15 autres accusés ont comparu devant le juge de la 30e cour pénale d’Istanbul / Çağlayan pour avoir « tenté de renverser le gouvernement ».
Les accusés
Osman Kavala, Mücella Yapıcı, Can Atalay, Tayfun Kahraman, Ali Hakan Altınay, Yiğit Aksakoğlu, Yiğit Ali Ekmekçi, Çiğdem Mater Utku et Mine Özerden, qui ont été acquittés lors du premier procès ; et Can Dündar, Mehmet Ali Alabora, Ayşe Pınar Alabora, Gökçe Tüylüoğlu, Handan Meltem Arıkan, Hanzade Hikmet Germiyanoğlu et İnanç Ekmekçi, dont les dossiers ont été séparés, mais ont ensuite été fusionnés à nouveau.
Même s’il a été acquitté lors du procès Gezi, Osman Kavala a été maintenu derrière les barreaux de la prison de Silivri / Istanbul. Yiğit Aksakoğlu a également passé 220 jours derrière les barreaux lors du procès Gezi.
Le deuxième procès
L’audience finale du deuxième procès s’est déroulée en deux sessions les 23 et 25 avril 2022. Osman Kavala, homme d’affaires et défenseur des droits humains, maintenu en prison pendant quatre ans et demi malgré un verdict de la CEDH, a été condamné à la réclusion à perpétuité aggravée pour « tentative de renversement du gouvernement » alors qu’il a été acquitté d’accusations d’ « espionnage » .
Mücella Yapıcı, Çiğdem Mater, Hakan Altınay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman et Yiğit Ali Ekmekçi ont été condamnés à 18 ans de prison pour complicité du même chef d’accusation. (Bianet)
Qui est Osman Kavala?
Osman Kavala (65 ans) est un homme d’affaires, militant et philanthrope turc qui a soutenu de nombreuses organisations de la société civile en Turquie. Il a œuvré pour la reconnaissance du génocide arménien et pour la résolution pacifique de la question kurde. Son arrestation en 2017 a poussé la Cour européenne des droits de l’homme et les ambassadeurs de dix pays occidentaux à exiger sa libération. Ces demandes ont été rejetées par les tribunaux turcs et le président Erdoğan. Le 25 avril 2022, un tribunal l’a condamné à la prison à vie.