Aujourd’hui, en Turquie, on célèbre la fête des mères, dans un pays où tant de mères kurdes « rêvent » de recevoir, non pas de fleures, mais le corps d’un enfant tué ou porté disparu entre les mains des sbires de l’Etat turc.
On ne sait pas trop quand et comment la fête des mères est arrivée en Turquie et dans le Kurdistan du Nord (Bakûr), mais une chose est sûre : chaque année, le deuxième dimanche du mois de mai, on y « célèbre » la fête des mères (anneler günü). Ce jour-là, de nombreuses mères kurdes, dont au moins un enfant a été tué ou porté disparu entre les des sbires de l’Etat turc, ne peuvent s’empêcher de passer la journée en larme.
Les plus « chanceuses » de ces mères kurdes qui ont les tombes de leurs enfants y vont s’y recueillir. Mais souvent, les tombes de leurs enfants sont détruites par l’armée turque car leurs enfants sont qualifiés de terroristes pour avoir embrassé la lutte de la liberté pour vivre libres sur leurs terres colonisées. Parfois, elles veillent dans les cimetières pour empêcher les soldats turcs de détruire les tombes et parfois, à main nue, elles reconstruisent les tombes détruites d’où leur surnom « Antigone kurdes ».
D’autres de ces resteront à la maison, en espérant un jour trouver les restes de leurs enfants disparus parfois depuis si longtemps. Certaines d’entre-elles sont mortes, sans que leur « voeux » sois exaucés.
D’autres continuent à chercher les restent de leurs enfants et à interpeller les autorités turques en se rassemblant, vêtues de leurs voiles blancs, symbole de la paix, tous les samedis à Amed (Diyarbakir) ou à Istanbul, sur la place Galatasaray, depuis 1995. On les appelle les mères de la paix ou les mères du samedi. Alors, pendant que d’autres célèbrent la fête des mères, nous, on souhaitent que ces mères kurdes aient le d’avoir leurs enfants en vie, qu’importe si elles n’ont pas un jour de fête pour elles. Il n’y a rien de plus sacré que la vie d’un enfant.
1ère image: Halise Ipek, mère d’Agit Ipek tenant sur ces genoux les ossements de son fils. Les autorités turque lui ont envoyé par la poste les restes de son fils tué lors de combats avec l’armée turque à Dersim le 23 mai 2017.
2e image: Taybet Inan, une femme kurde de 57 ans, abattue par les forces armées turques à Silopi le 19 décembre 2015. Son cadavre est resté dans la rue, sous les yeux de ses enfants pendant 7 jours car les soldats turcs tiraient sur tous qui sortaient de la maison. Cette mère de 11 enfants avait reçu 10 balles.