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Horreur et indignation au Kurdistan du Sud après le viol d’une fillette de 7 ans

KURDISTAN DU SUD – Des menaces de mort proférées contre un vétéran Peshmergah qui a demandé justice pour sa fillette de 7 ans qui a été violée par un groupe d’homme ont indigné la société kurde du Bashur.

 

La fillette et son père 

Une fillette de 8 ans est violée à Hewlêr (Erbil). Les auteurs sont rapidement arrêtés, mais n’ont toujours pas rendu des comptes. Une route caillouteuse se profile devant la lutte pour la justice du père de l’enfant et se termine par un éclatement du tabou autour des crimes sexuels, qui n’était jamais vu auparavant dans la région.
 
En avril 2019, une fillette de sept ans est enlevée de son école et violée par trois hommes dans la métropole kurde du sud de Hewlêr (Erbil), la capitale de la région autonome du Kurdistan dirigée par le parti KDP de Barzanî. Le suspect principal – un jeune de 17 ans nommé Ibrahim – n’est pas une personne inconnue, mais un neveu de la belle-mère de la jeune fille. Elle se confie à elle, mais au lieu d’appeler à l’aide, la femme prend des mesures violentes contre l’enfant traumatisé. Elle verse un liquide chaud sur une jambe, menaçant la jeune fille pour qu’elle garde le silence. Le père, un vétéran peshmerga de l’UPK (Union patriotique du Kurdistan), apprend le cas de sa fille. En juin, il se rend à la police et signale le viol. Les auteurs sont rapidement arrêtés et la belle-mère et la tante de la jeune fille sont également arrêtées. Peu de temps après, tous les cinq sont libérés sous caution par un tribunal. Le père va à nouveau à la police. Apparemment, la police fait de son mieux pour garder le dossier secret et protéger les auteurs face à la justice.
 
Pendant ce temps, les violeurs tentent à nouveau d’enlever la fille – heureusement sans succès. Le père se tourne vers la presse, affirmant que l’un des auteurs est le garde du corps d’un officiel influent du KDP, mais peu de médias ont rapporté l’affaire. Il n’abandonne pas, s’adresse à nouveau à la police, prétend subir les pressions des familles des violeurs car ils espèrent un « règlement à l’amiable », mais cette fois l’appareil de sécurité corrompu du Kurdistan du Sud se tient ouvertement derrière les auteurs, profère des menaces contre l’homme, lui suggère de ne pas rendre public l’affaire et de retirer ses accusations contre le trio, disant que sinon sa vie ne peut pas être garantie. L’homme se plaint en vain aux hauts responsables politiques du KDP, s’adresse aux organisations de défense des droits humains. Dans l’intervalle, deux des auteurs sont à nouveau brièvement arrêtés. Le père dénonce devant le tribunal que les décisions de justice sont guidées par des considérations politiques. Il se trouve que le directeur de l’école a rapporté jusqu’à sept signalement d’un groupe de jeunes hommes agressant des enfants aux autorités de sécurité. Mais au lieu de prendre des mesures, la police a ignoré les avertissements. Il était désormais clair pour tout le monde que l’affaire avait été « politisée », que les juges étaient de toute façon partiaux et qu’ils n’avaient pas pris leurs décisions de manière objective. Le vétéran peshmerga voit la cause du problème comme étant lié un conflit entre l’UPK et le KDP.
 
Mercredi dernier, le grand tabou est brisé: Loqman Îsmail, le père de la fillette de huit ans, tient une conférence de presse au centre d’Hewlêr. Il se tient là en Şal û Şepik, les vêtements traditionnels des combattants peshmergas, ce qui signifie « celui qui va au devant de la mort ». Derrière lui, au loin, se trouve l’Ala Rengîn, le drapeau du Kurdistan. Îsmail se tient devant plusieurs microphones et commence à parler. Il donne des détails sur le viol, prend à peine un souffle, décrit son combat pour la justice pour sa petite fille, raconte les menaces de mort contre lui, le système judiciaire du Kurdistan du Sud qui est malade à tous les niveaux, l’influence de la politique sur la justice et la police et vice versa. Et il demande l’arrestation des auteurs. Toujours aux côtés de l’homme mais dos aux caméras: sa petite fille.
 
Enfin, vendredi, Samir Hawrami, porte-parole du vice-Premier ministre Qubad Talabani, a déclaré que le gouvernement était intervenu et avait lancé ses propres enquêtes. Un suspect serait actuellement en détention, mais le père de la jeune fille a démenti cela. Tous les auteurs sont toujours en liberté, a-t-il dit. Selon Hawrami, le gouverneur d’Hewlêr lui-même a été chargé de l’affaire pour assurer une enquête approfondie. Entre temps, la police a rejeté les accusations d’Îsmail de l’avoir menacé. Les autorités ont affirmé que l’enquête sur le viol de la jeune fille était terminée et que les résultats avaient été transmis au tribunal compétent. Le ministère de l’Intérieur a également déclaré qu’il avait formé un comité pour enquêter plus avant sur l’affaire.
 
Une affaire de viol qui secoue le Kurdistan du Sud
 
Le viol de la fillette de huit ans a provoqué l’indignation et l’horreur dans le Kurdistan du Sud (Bashur). L’affaire est le sujet dominant des réseaux sociaux depuis des jours. Il faut espérer que le crime provoquera un énorme tollé public. Dans la société patriarcale du Kurdistan du Sud, caractérisée par une mentalité d’occupation, la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles est profondément enracinée dans certaines régions et fait partie d’une discrimination et d’une oppression globales, qui incluent également la police et le pouvoir judiciaire. Une refonte fondamentale est nécessaire dans Kurdistan du Sud.