[L’invasion du Rojava par la Turquie a été rendue possible grâce à la trahison calculée] principalement au département d’État américain par Pompeo et Jeffrey depuis l’année dernière. L’objectif était de mettre fin à l’implication de l’Amérique au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), mais de telle sorte que les FDS soient partiellement détruites dans les zones kurdes afin que les Etats-Unis ne se retrouvent qu’avec des zones tribales arabes et la composante arabe des FDS (…) et non pas avec les YPG [kurdes]. L’objectif était, dans le cadre de la campagne anti-iranienne, d’amener la Turquie à être contre l’Iran (ce qui n’est pas le cas).
Pour ce faire, il faudrait déplacer jusqu’à un million de Kurdes pour permettre à la Turquie de procéder à un transfert de réfugiés [arabes syriens actuellement en Turquie]. Pour certains décideurs politiques des États-Unis et de l’UE, c’était une bonne chose, car cela permettrait d’atténuer les crises de réfugiés qui hantent l’Europe et de réduire le populisme d’extrême droite.
Les décideurs politiques voulaient une sorte de nettoyage ethnique stérilisé caché derrière un langage du genre « zone de sécurité » et « corridor de la paix » qui ont été testés dans les médias anglophones avant d’être déployés.
Les FDS, que les États-Unis ont aidé à créer et à armer et qu’ils ont exhorté à prendre Raqqa et à sacrifier 11 000 personnes pour combattre DAECH, seraient réduites à un sous-traitant pour emprisonner les détenus de DAECH, qui sont environ 10 000. Le Pentagone continuerait à former les forces des FDS, jusqu’à environ 100.000 d’entre elles, pour qu’elles soient utilisées pour la « sécurité intérieure » et la garde des membres de DAECH.
Les décideurs politiques américains ont calculé après Kirkouk et Afrin que l’on peut nettoyer ethniquement environ 180 000 Kurdes à la fois sans préavis international, car c’est ce qui s’est passé à Kirkouk et Afrin. L’idée serait de le vendre aux FDS de manière séquentielle, car « donnons un petit peu de temps à la Turquie pour qu’elle ait le sentiment que ses préoccupations en matière de sécurité sont prises en compte ». Sous couvert de « sécurité », 180 000 personnes seraient [chassées des zones kurdes] en octobre 2019. Ensuite, les Etats-Unis reviendraient pour négocier une « pause » dans les opérations jusqu’à ce que la Turquie ait terminé, puis la Turquie se verrait accorder davantage de zones kurdes jusqu’à ce que toute sa « zone de sécurité » soit construite petit à petit avec une couverture aérienne américaine fournissant à la Turquie les coordonnées pour bombarder les positions des FDS dont les Etats-Unis avaient connaissance, puisque ces derniers avaient contribué dès le départ à créer les FDS et travaillé étroitement avec elles.
L’étape 1 a été accomplie. Trouver une zone de sécurité pour la Turquie et éliminer 180 000 Kurdes.
L’étape 2 a été accomplie : faire en sorte que les FDS soient uns entreprise détenant des membres du DAECH.
L’étape 3 a été franchie ; travailler plus étroitement avec les seuls zones arabes contrôlées par les FDS.
L’étape 4 consiste à se préparer à la prochaine incursion de la Turquie et à l’expulsion de 200 000 autres Kurdes.
Les États-Unis ont calculé que la plupart des Kurdes peuvent être expulsés de Syrie petit à petit car ils ont vu comment le YPG a « réussi » à sacrifier Afrin à la demande des États-Unis. Les États-Unis ont dit aux YPG en janvier 2018 : « Que la Turquie ait Afrin, vous pouvez garder la Syrie orientale. » Maintenant, les États-Unis disent : « Que la Turquie purifie ethniquement quelques centaines de milliers de personnes pour que nous puissions continuer à travailler ensemble. »
La question est peut-être de savoir quand les Kurdes comprendront que les États-Unis, la Turquie, l’UE et les FDS les expulsent systématiquement, tout cela pour que les FDS puisse continuer à détenir des prisonniers de DAECH pour les puissances occidentales qui n’en veulent pas.
C’est une politique très intelligente du point de vue de Washington. Trouvez des personnes pauvres et vulnérables, armez-les pour combattre les terroristes, puis laissez votre allié de l’OTAN les bombarder tout en vous assurant qu’ils travaillent comme geôliers. Vous vous assurez qu’ils travaillent jusqu’à ce qu’on n’en ait plus besoin, puis vous nettoyez et prenez leurs familles et les expulsez.
La pire chose que les Kurdes de Syrie aient faite, c’est de s’allier avec les États-Unis. C’est pour cette raison qu’ils finiront par perdre toutes leurs maisons dans le cadre d’une étrange aventure consistant à emprisonner des détenus du DAECH sans qu’on leur reconnaisse quoi que ce soit. Les États-Unis, par exemple, ont exclu tous les Kurdes du processus de Genève. Cela aurait dû prouver que l’objectif des Etats-Unis dans l’est de la Syrie était finalement de la purifier des Kurdes, afin qu’elle puisse être donnée à une autre puissance. Mais les FDS ont erré en faisant aveuglément confiance à Washington. Ok, on abandonne Afrin. Ok, pas besoin d’être à Genève. Ok. 180.000 personnes chassées, c’est bon, s’il vous plaît laissez-nous garder une ou deux maisons quelque part près d’un puits de pétrole que nous allons garder pour vous.
Jamais les Etats-Unis n’ont trouvé de meilleur allié que le FDS, un allié que vous pouvez sacrifier, ordonner qu’il se batte pour vous, emprisonner vos prisonniers et même expulser ses familles et il travaille toujours pour les USA.
Des « alliés » intelligents comme la Turquie s’assurent d’obtenir quelque chose de Washington et de faire travailler les Etats-Unis pour eux.
Il n’est pas clair s’il y a un point de rupture pour les FDS. Jusqu’à présent, il semble qu’elles se battront et se sacrifieront toujours, qu’elles laisseront le nettoyage ethnique de leur peuple et qu’elles ne demanderont jamais rien en retour aux États-Unis.
En général, je dirais que si quelqu’un me demande de me battre et de dire à ma famille d’être ethniquement purifiée, j’opterai pour « non, merci ».
Si les FDS avaient travaillé directement avec l’Iran ou la Russie depuis le début, il aura encore aujourd’hui ses terres et son peuple aura des maisons.Elles ont choisi le mauvais « partenaire ». Parce que la plupart des décideurs politiques américains comme James Jeffrey ne considéraient pas que les habitants de l’est de la Syrie méritaient d’avoir leur mot à dire. Ils ne voient pas les gens du Moyen-Orient comme ayant les mêmes droits.
Lorsqu’on vous demande de faire équipe avec quelqu’un et qu’on vous dit de manger par terre dans une pièce à l’arrière pendant qu’il mange à table, vous n’êtes pas un partenaire, vous êtes une maîtresse ou une domestique. Les FDS ont accepté le statut de serviteur pour une raison quelconque. (…) Malheureusement, en raison de la structure des FDS, il n’y a pas beaucoup de critiques ou de remises en question internes autorisées de ses politiques.
Un article écrit par Seth J. Frantzman