TURQUIE / KURDISTAN – Deux prisonniers détenus à la prison de haute sécurité de Çorlu ont entamé une grève de la faim illimitée pour exiger la fermeture des prison de type « puits ». (Des milliers d’otage kurdes croupissent dans ces prisons.)
Les prisons de haute sécurité dites « de type puits », créées après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 et initialement présentées par le gouvernement comme des établissements exclusivement destinés aux personnes inculpées en lien avec cette tentative de coup d’État, sont devenues au fil du temps des lieux où sont punis notamment les prisonniers politiques.
On rapporte que deux autres prisonniers politiques incarcérés dans ces prisons « puits », où des conditions d’isolement sévères sont imposées, ont entamé une grève de la faim. Fergil Fırat et Celal Punar, détenus à la prison de haute sécurité de Çorlu, ont annoncé avoir commencé une grève de la faim illimitée pour exiger leur transfert dans un autre établissement pénitentiaire et la fermeture de ces prisons.
Leur avocat, Umut Vedat Açar, a appelé à la sensibilisation du public et a insisté pour que la voix des prisonniers soit entendue.
Isolation renforcée
Interrogée par l’ANF à ce sujet, Meliha Yüksel, membre du Comité central du Parti révolutionnaire, a déclaré que les deux prisonniers n’étaient pas seulement détenus dans la section « type », mais qu’ils avaient également été placés dans des zones encore plus petites et soumis à des peines d’isolement cellulaire, appelant à la sensibilité du public.
Meliha Yüksel a déclaré : « Les prisons à fosse sont des lieux où l’isolement est pratiqué de manière intensive. Dès leur création, nous l’avions dénoncé, tout comme l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD). Nous avions affirmé que ces prisons étaient destinées aux gauchistes, aux socialistes et aux révolutionnaires. À l’époque, nos avertissements n’ont guère été entendus ; mais nous étions certains d’une chose : on nous enfermerait, nous les révolutionnaires, dans ces prisons. Aujourd’hui, des membres de partis bourgeois y sont également détenus. L’isolement y est extrêmement sévère. Il est interdit aux prisonniers de se promener ensemble dans la cour, de se rencontrer ou d’échanger des livres. L’accès aux espaces communs leur est interdit. »
Depuis le transfert de nos camarades en grève de la faim illimitée dans le quartier des fosses, ni leurs visiteurs ni leurs tuteurs n’ont été autorisés à les recevoir. Certaines de leurs lettres ne sont pas distribuées. Ils vivent dans un espace de huit mètres carrés et sont maintenus à l’isolement strict. Bien que leur lieu de détention soit déjà une cellule, ils subissent en plus des sanctions d’isolement cellulaire.
Ces prisons ont été conçues pour briser la volonté des révolutionnaires et des socialistes. Deux de nos amis ont entamé une grève de la faim illimitée ; ils demandent leur transfert dans d’autres prisons.
Nous appelons l’ensemble du public et les organisations de la société civile à se faire la voix des prisonniers qui ont entamé cette grève de la faim. (ANF)