IRAN / ROJHILAT – Le régime iranien a raflé au moins 40 personnes suite à une cérémonie commémorative en l’honneur de Khosrow Alikurdi, un avocat kurde décédé en prison de manière suspecte.
Au moins 40 civils et militants des droits civiques, politiques et des droits humains ont été arrêtés lors d’une cérémonie commémorative en l’honneur de Khosrow Alikurdi (ou Khosro Alikordi), un avocat kurde – emprisonné et qui était harcelé par le régime iranien – décédé dans des circonstances suspectes. Hengaw a jusqu’à présent vérifié l’identité de 31 personnes détenues.
Selon les informations reçues par l’organisation Hengaw pour les droits humains, les forces gouvernementales ont fait irruption lors de la cérémonie commémorative organisée à Mashhad en l’honneur d’Alikurdi, avocat originaire de Sabzevar, le vendredi 12 décembre 2025. Au cours de cette opération, les forces de sécurité ont arrêté au moins 40 personnes, dont Narges Mohammadi, ancienne prisonnière politique et lauréate du prix Nobel de la paix, six membres de la famille Alikurdi, d’anciens prisonniers politiques, des militants des droits civiques et des membres de familles réclamant justice.
La liste vérifiée des personnes détenues comprend : Narges Mohammadi ; Pouran Nazémi ; Alieh Motalebzadeh ; Sepideh Gholian ; Hasti Amiri ; Abolfazl Abri; Ali Adinehzadeh ; Javad Alikurdi ; Davoud Alikurdi; Ahmad Alikurdi ; Behrouz Alikurdi; Iraj Alikurdi ; et Mojtaba Alikurdi, civils kurdes et membres de la famille de Khosrow Alikurdi ; Noura Haghi; Hassan Bagheri-Nia ; Kamal Jafar-Yazdi ; Mohammad-Hossein Hosseini, footballeur et l’un des anciens détenus du mouvement Femme, Vie, Liberté (Jin, Jiyan, Azadi) ; Javad Jalali ; Mahmoud Khanali; Amir Khavari ; Hamed Hosseini ; et Heidar Chah-Chamandi, deux militants sociaux ; Taybeh Nazari, la mère de Maryam Arvin, tuée lors du mouvement Femme, Vie, Liberté ; ainsi que Milad Fattah ; Yasser Dehestan ; Pouria Najjarzadeh ; Hamed Rasoulkhani ; Mehdi Rasoulkhani ; Hossein Mohabbi ; Mohammadreza Babaei ; et Hamed Zarei.
Vendredi soir, peu après la cérémonie et l’arrestation de plusieurs participants, Javad Alikurdi, frère de Khosrow Alikurdi, a été arrêté sur son lieu de travail à Mashhad, ainsi que trois autres membres de sa famille : Iraj, Behrouz et Mojtaba Alikurdi. Quelques heures auparavant, il avait publié une vidéo sommant les institutions gouvernementales de libérer les militants et personnalités publiques détenus lors de l’hommage rendu à son frère, sous peine de publier un document qu’il qualifiait de « confidentiel ».
Selon certaines informations, certains détenus ont été transférés à la prison de Vakilabad à Mashhad après avoir été libérés sous caution, tandis que d’autres y ont été envoyés en vertu d’ordonnances de détention provisoire.
Marzieh Adinehzadeh, la fille d’Ali Adinehzadeh, a déclaré sur les réseaux sociaux que son père avait brièvement contacté sa famille et identifié le commandement des forces de l’ordre comme l’autorité responsable de l’arrestation. Elle a ajouté que les personnes détenues avaient subi de graves violences physiques lors de leur arrestation.
Par ailleurs, plusieurs familles de détenus, dont le frère de Sepideh Gholian, ont indiqué n’avoir reçu aucune information sur le lieu où se trouvaient leurs proches et que les détenus se sont vu refuser tout contact avec leurs familles.
Le procureur général et révolutionnaire de Mashhad a annoncé par la suite l’arrestation de 39 personnes en lien avec la cérémonie commémorative. Hassan Hemmati-Far a déclaré aux médias d’État que ces arrestations étaient motivées par ce qu’il a qualifié de « comportement non conforme aux normes » et a affirmé que deux agents des forces de l’ordre avaient été blessés lors de l’événement.
Hengaw précise que des informations antérieures mentionnaient par erreur Asadollah Fakhimi, Akbar Amini et Reza Adinehzadeh comme personnes détenues, faute d’informations confirmées après le raid. Tous trois sont rentrés chez eux le soir même. Hengaw a corrigé l’information et présente ses excuses pour cette erreur.
Khosrow Alikurdi subissait depuis des années des pressions sécuritaires et du harcèlement judiciaire. Il est décédé dans des circonstances suspectes à l’intérieur de son cabinet d’avocats le vendredi 5 décembre 2025. Si les autorités ont affirmé qu’il avait succombé à une crise cardiaque, les témoignages de proches et de confrères avocats, faisant état de saignements inhabituels et de possibles blessures, ont semé le doute quant à la version officielle.
Alikurdi a été enterré dans sa ville natale d’Abdolabad, à Sabzevar, le dimanche 7 décembre 2025. Lors de la cérémonie funéraire, son frère Javad Alikurdi a souligné son engagement éthique et humanitaire, notant qu’il avait passé des années à défendre des personnes marginalisées, à s’attaquer à des cas complexes et à endurer une pression sécuritaire constante. (Hengaw)