TURQUIE / KURDISTAN – Hier, la projection du film « Yol » du grand cinéaste kurde Yılmaz Güney a donné le coup d’envoi du 3e Festival international du film d’Amed (en kurde: Mîhrîcana Fîlman a Navnetewî ya Amedê). Consacré au processus de paix, le festival se déroulera jusqu’au 14 décembre et mêlera art cinématographique, mémoire et dialogue social.
Avec une programmation riche et variée mêlant films, messages politiques et performances artistiques, le 3e Festival international du film d’Amed a débuté dimanche. Placé sous le thème « Le monde vit d’histoires », le festival réunit jusqu’au 14 décembre des artistes, des militant·es et un public de tous horizons. Il est organisé par la municipalité d’Amed (Diyarbakır), en partenariat avec l’Académie du film du Moyen-Orient et la Plateforme Sînebîr. Le festival est dédié au processus de paix et à la construction d’une société démocratique.
Ouverture avec Yılmaz Güney
Pour lancer le festival, une exposition multimédia centrée sur le film culte de Yılmaz Güney, « Yol », a été inaugurée. Basée sur l’ouvrage « Yol – La Route de l’exil. Le Livre » du producteur Edi Hubschmidt, l’exposition a été conçue par les commissaires d’exposition Mahmut Wenda Koyuncu et Remzi Sever. Seize artistes, inspirés par le film, ont créé des œuvres sous différents formats : photographie, vidéo, peinture, etc. L’exposition a été inaugurée par une performance et des chants traditionnels et sera visible pendant toute la durée du festival au Centre des congrès de Çand Amed. « Nous voulons perpétuer l’héritage considérable de Yılmaz Güney », a déclaré le commissaire d’exposition Koyuncu lors de l’inauguration.
« Nous écrivons une nouvelle histoire à Amed »
Suite à cela, Sipan Dağdeviren, de l’Académie du cinéma, a évoqué la dimension politique du festival. Il a souligné que celui-ci ne se contente pas de rassembler des histoires, mais offre également espoir et perspectives. « Aujourd’hui à Amed, nous écrivons une nouvelle histoire. Ce festival ouvrira la voie aux cinéastes », a déclaré Dağdeviren. Reprenant les propos de Yılmaz Güney, il a insisté : « Comme il l’a dit : nous réussirons, c’est certain. »

Les co-maires d’Amed ont également souligné l’importance sociale de l’événement. Serra Bucak a décrit le festival comme un « espace partagé où se rencontrent langues, cultures et perspectives ». Doğan Hatun, outre Güney, a également rendu hommage à Halil Dağ et Sırrı Süreyya Önder, figures marquantes du cinéma kurde.
Musique, danse et mémoire politique
Les musiciens Ali Akbar Moradi et Aziz Kangarlu, du groupe Rojhilat, ont offert des prestations musicales remarquables, saluées par une ovation debout. La troupe de danse de l’association féminine des arts et de la littérature KASED (en kurde : Komeleya Çand Huner û Wêjeyê ya Jinan) a ensuite présenté un spectacle traditionnel de Govend, originaire de la région de Riha (Urfa).
En soirée, le documentaire « Kardeş Türküler » de Çayan Demirel et Ayşe Çetinbaş a été projeté. Ce film retrace les trente ans d’histoire du projet musical du même nom, intimement liés à des événements socio-politiques majeurs de l’histoire turque récente, tels que le massacre des Alévis à l’hôtel Madımak, l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink, le soulèvement du parc Gezi, les attentats de Pirsûs (Suruç) et d’Ankara, et le séisme du 6 février 2023.
Jusqu’au 14 décembre : Films, tables rondes et expositions
Le programme du festival se poursuit dans les prochains jours avec de nombreux événements. Au programme : projections de films, tables rondes et expositions. L’accent sera mis sur le pouvoir social du cinéma et sa contribution à la paix, au souvenir et à l’émancipation culturelle. (ANF)