TURQUIE / KURDISTAN – Suite à l’hostilité raciste envers le footballeur germano-kurde Deniz Undav lors du match de Ligue Europa à Istanbul, le Barreau de Hakkari (Colemêrg) a annoncé porter l’affaire devant la justice.
Suite aux agressions racistes contre le footballeur kurde-yézidi Deniz Undav lors du match de Ligue Europa entre le Fenerbahçe Istanbul et le VfB Stuttgart, le Barreau de Hakkari a annoncé une action en justice. Il entend porter plainte contre plusieurs personnes pour incitation à la haine, discours de haine et insultes.
Lors du match de mercredi soir, des attaques contre Undav ont eu lieu sur le terrain, dans les tribunes et lors des retransmissions sportives. Des milliers de supporters de Fenerbahçe ont scandé des insultes anti-kurdes et des propos haineux contre l’attaquant d’origine allemande, tandis que les commentateurs insultaient le joueur de 29 ans. Certains joueurs de Fenerbahçe ont également tenté d’agresser physiquement Undav.
Le barreau de Colemêrg a annoncé qu’il engagerait des poursuites judiciaires contre plusieurs individus pour déclarations racistes et incendiaires : « En tant que barreau, nous porterons plainte pénalement pour incitation à la haine et discours de haine contre l’ancien footballeur et commentateur actuel Serkan Balcı, ainsi que contre d’autres individus qui ont fait des déclarations insultantes et discriminatoires contre Deniz Undav sur les réseaux sociaux », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Lors d’une interview télévisée, Balcı a proféré des insultes et des injures à l’encontre d’Undav. De nombreuses personnes et organisations, dont le Centre d’information sur le racisme anti-kurde et le Conseil central des droits de l’homme des Kurdes d’Allemagne, ont exprimé leur solidarité avec Undav et condamné ces attaques, les qualifiant d’expression d’un racisme anti-kurde structurel, de plus en plus manifeste dans le football international.
Exemple de racisme anti-kurde profondément enraciné
Les deux organisations y voient un exemple de racisme anti-kurde profondément ancré, manifeste non seulement dans la société turque, mais aussi dans le football. Les clubs et les joueurs kurdes sont régulièrement la cible d’agitation nationaliste et d’extrême droite. Amedspor, en particulier, a été victime à maintes reprises de violences racistes et nationalistes, tant verbales que physiques, par le passé.
« Le sport n’est pas perçu ici comme un espace de participation et de diversité, mais plutôt comme une plateforme d’exclusion ethno-nationaliste et de mépris de l’humanité », peut-on lire dans la déclaration commune. En Allemagne également, les organisations mettent en garde contre la présence croissante de groupes d’extrême droite turcs, notamment les « Loups Gris », dans le milieu du football. Le symbolisme d’extrême droite et le « salut du loup » sont affichés ouvertement lors des matchs et des tournois, sans que les clubs ou les associations n’interviennent systématiquement.
Exigences envers les politiques et les associations
« Ces idéologies visent à propager l’homogénéité ethnique et à marginaliser des groupes ethniques et religieux tels que les Kurdes, les Grecs pontiques, les Arméniens, les Yézidis ou les Alévis, en les présentant comme des ennemis », soulignent le Centre d’information sur le racisme anti-kurde (IAKR) et le Conseil central des droits de l’homme des Kurdes d’Allemagne (ZMRK). Ils appellent les institutions sportives, les responsables politiques et la société civile à prendre des mesures décisives. Les clubs et associations doivent adopter une position claire et publique contre le racisme. Les plateformes numériques sont appelées à sanctionner systématiquement les discours de haine, car la banalisation de la violence d’extrême droite commence souvent dans les commentaires.
Par ailleurs, le racisme anti-kurde doit être identifié comme un problème structurel et transnational. « Ce qui se manifeste dans les stades commence dans la vie quotidienne », peut-on lire dans un communiqué commun de l’IAKR et de ZMRK. Le football ne doit pas être un lieu de démonstration de pouvoir raciste. « Ceux qui transforment le terrain de jeu en plateforme de haine n’y ont pas leur place. » La solidarité doit se manifester par des mesures de protection concrètes et des changements structurels. (ANF)