AccueilKurdistanBakurKURDISTAN. Écocide sous la supervision de l'armée turque

KURDISTAN. Écocide sous la supervision de l’armée turque

TURQUIE / KURDISTAN – Alors que le pillage et la destruction de la nature du Kurdistan se poursuit, des milliers de tonnes d’arbres coupés du Mont Gabar de la province kurde de Sirnak sont transportés par camions à travers des points de contrôle de l’armée turque avant d’être vendus dans d’autres villes.

Des centaines de milliers d’arbres ont été abattus en 2021 par la Turkish Petroleum Corporation (TPAO) sur le mont Gabar, à Şirnex, sous couvert de recherches de pétrole. Des forêts sont également détruites par des explosions de dynamite dans la région où se déroulent les opérations d’abattage. La région kurde, interdite à la population depuis les années 1990, est en proie à un véritable pillage de la nature. La montagne est criblée de trous dus à la construction de routes, de fortifications et de tours militaires. L’abattage des arbres dans la région est effectué avec l’approbation et la supervision de la Direction provinciale des forêts et des responsables militaires, et les gardes villageois sont connus pour perpétrer ce massacre.

Des arbres transportés par camion depuis la montagne Gabar ont été filmés alors qu’ils franchissaient le poste de contrôle de la gendarmerie du village de Misuri, à Cizîr. Les images montrent de nombreux camions chargés d’arbres franchissant le poste de contrôle sans encombre. Elles révèlent la collaboration des soldats, des gardes villageois et de la Direction provinciale des forêts dans la destruction de la nature. Elles révèlent également que les arbres abattus sont vendus sous le contrôle de la Direction provinciale des forêts de Şırnak et des soldats. Il a été signalé qu’au moins un camion chargé d’arbres est transporté de cette manière chaque jour vers des villes comme Riha (Urfa), Dîlok (Antep) et Semsûr (Adiyaman).

La population kurde, qui protestait auparavant contre l’exploitation forestière pour des soi-disants « raisons de sécurité », a attiré l’attention sur le processus en cours, s’interrogeant : « Ils ne font plus cela pour des raisons de sécurité, mais pour le commerce. Ils nous empêchent d’entrer dans nos villages et sur nos terres sous prétexte de « sécurité », mais ils laissent entrer ceux qui pillent notre nature. Les autorités doivent trouver une solution à cette situation. De quel type de sécurité parlent-ils à Gabar ? Ils l’interdisent aux civils d’entrer pour piller notre nature. Certains responsables militaires affirment ne pas pouvoir contrôler les gardes villageois. Comment l’État pourrait-il ne pas les contrôler ? »

Le Barreau de Şirnex et les ONG environnementales ont engagé à plusieurs reprises des poursuites judiciaires contre le pillage de la nature. Cependant, à ce jour, aucune mesure n’a été prise contre les responsables. (Agence Mezopotamya)