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L’Allemagne poursuit deux activistes kurdes

ALLEMAGNE – Les autorités allemandes poursuivent la persécution des activistes kurdes d’Allemagne alors que l’État turc est en pourparlers de paix avec la guérilla kurde. Deux militants kurdes viennent d’être inculpés pour « activités organisationnelles, financières et de propagande » au profit du PKK.

Le parquet de Hambourg a inculpé deux militants kurdes d’appartenance présumée au PKK. Les chefs d’accusation retenus contre ces deux personnes âgées de 63 et 64 ans sont « activités organisationnelles, financières et de propagande ».

Le parquet de Hambourg a porté plainte contre deux Kurdes devant le tribunal régional supérieur hanséatique (OLG). Les deux militants sont accusés d’appartenance à une organisation « terroriste » à l’étranger, en vertu des articles 129a et 129b – désignant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) –, comme l’a annoncé mardi le parquet.

Selon les informations de l’Office central pour la protection de la Constitution, les deux Kurdes, âgés de 63 et 64 ans, auraient soutenu les activités du PKK dans le Schleswig-Holstein et le Mecklembourg-Poméranie occidentale de 2020 au 12 mars 2025. L’accent était mis sur des « questions organisationnelles, financières et de propagande », en particulier la participation à des campagnes de collecte de fonds, selon le communiqué.

Selon l’acte d’accusation, le militant de 63 ans serait responsable de dons d’un montant total de 178 000 € entre mi-2024 et mars 2025. De plus, il aurait participé à des réunions internes du « Secteur Nord du PKK » en tant que « chef de la zone PKK de Kiel » à partir de septembre 2024. Il est en détention depuis son arrestation le 12 mars.

L’autre militant, de son âge, est accusé d’avoir accepté des dons d’un montant total de 3 000 € en 2024 et d’avoir conservé 87 550 € supplémentaires dans son appartement près de Lübeck jusqu’en mars 2025. De plus, l’homme de 64 ans est accusé d’avoir coorganisé plusieurs « événements de propagande », selon le parquet de Hambourg. Aucune décision n’a encore été prise quant à la poursuite des poursuites contre les deux aînés.

Des perquisitions basées sur une décision du tribunal régional supérieur de Hambourg

Aux premières heures du 12 mars, d’importantes mesures policières ont été prises contre des militants et des associations kurdes à Kiel et Lübeck, sur décision du tribunal régional supérieur de Hambourg. Avec la participation d’unités spéciales et de chiens renifleurs, des appartements privés des deux villes et le centre communautaire kurde de Kiel ont été perquisitionnés. La Fédération des communautés du Kurdistan d’Allemagne du Nord (FED-DEM) a condamné cette action, la qualifiant d’« attaque massive » et de « nouvelle escalade dans la répression contre le mouvement kurde en Allemagne ».

La police a remplacé les serrures des portes de l’association kurde

La police a pénétré de force dans les appartements, confisqué des effets personnels tels que des téléphones portables et des documents, et laissé les lieux en désordre. Selon la FED-DEM, il était particulièrement alarmant que la police soit entrée dans le centre communautaire kurde en l’absence des membres de l’association et ait remplacé toutes les serrures des portes – une action que l’organisation-cadre a considérée comme une intimidation délibérée. Ces perquisitions s’inscrivaient dans une stratégie de longue date visant à criminaliser le mouvement kurde en Allemagne et à réprimer ses activités politiques et culturelles légitimes.

Raids quelques jours seulement après le cessez-le-feu

Le moment choisi pour ces raids est également remarquable : le PKK avait annoncé un cessez-le-feu quelques jours plus tôt, initiant ainsi un nouveau processus de paix avec l’État turc et son représentant Abdullah Öcalan. « Au lieu de soutenir cette initiative, l’État allemand poursuit sa politique anti-kurde contre les Kurdes et sa répression des militants kurdes », a déclaré la FED-DEM. Entre-temps, le PKK a officiellement dissous ses structures et déclaré la fin de la lutte armée. (ANF)