AccueilKurdistanBakur« La question kurde reste au cœur de tous les défis »

« La question kurde reste au cœur de tous les défis »

TURQUIE / KURDISTAN – Avant une réunion du Conseil du DEM, le coprésident kurde du Parti, Tuncer Bakırhan a appelé à une réponse politique rapide et sérieuse aux récents signaux de paix du PKK.

En marge d’une réunion du conseil du parti à Ankara, Tuncer Bakırhan, membre du DEM, a appelé à une réorientation politique globale dans le traitement de la question kurde. À l’approche d’éventuelles négociations de paix, il a appelé à une réponse démocratique crédible aux récentes initiatives du mouvement kurde et a critiqué la criminalisation persistante de l’opposition, les procédures judiciaires arbitraires et le silence sur les décisions de justice internationalement reconnues.

Bakırhan a particulièrement critiqué le maintien en détention de l’ancien dirigeant du HDP, Selahattin Demirtaş, malgré un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Il a évoqué une « situation de prise d’otage politique » et accusé les tribunaux turcs de violer la loi : « Le mépris des décisions des tribunaux internationaux viole la Constitution et l’État de droit. »

Féminicides, Suweida, Öcalan

En ce qui concerne la violence continue contre les femmes, où plus de 100 femmes ont été victimes de féminicide au cours des trois derniers mois seulement, selon les organisations de la société civile, Bakırhan a décrit ces meurtres comme « motivés politiquement » et a appelé à une résistance déterminée contre les structures patriarcales.

Un autre point de son discours a porté sur la situation au Moyen-Orient, notamment en Syrie. Il a condamné les récentes attaques contre la population druze à Soueida, les qualifiant de massacre. Il a mis en garde contre les dangers d’une politique d’État unique dans les pays multiethniques et a souligné la nécessité d’un système politique inclusif qui préserve l’identité de tous les groupes de population.

Bakırhan a précisé que le processus d’« intégration démocratique positive » proposé par Abdullah Öcalan ne signifie pas une adaptation unilatérale, mais plutôt une reconnaissance mutuelle et une participation égale. Ce concept vise une république démocratique dans laquelle la diversité est considérée comme le fondement d’une coexistence partagée.

Passivité des autorités judiciaires et sécuritaires

Il a salué l’annonce du président Erdoğan de créer une commission parlementaire chargée de créer le cadre juridique du dialogue sur la question kurde. Il a toutefois souligné que cette commission devait œuvrer de manière efficace et rapide afin d’éviter de perdre la confiance du public. « La commission ne doit pas se limiter aux questions de désarmement. Le cœur du problème réside dans la solution politique et démocratique à la question kurde », a déclaré Bakırhan.

Il a également critiqué la passivité des autorités judiciaires et sécuritaires, qui n’ont jusqu’à présent montré aucune volonté apparente d’engager un processus politique. Alors que des signaux de paix sont envoyés, des raids sont menés, la culture kurde est criminalisée et les opposants politiques diffamés. « Lorsqu’aujourd’hui quelqu’un est expulsé pour avoir joué de la musique kurde, ou qu’un procureur provoque des gens avec une petite Renault Toro blanche, cela montre à quel point le refus institutionnel est profondément ancré. »

Bakırhan a appelé au respect de l’État de droit, à la fin des pratiques discriminatoires et à une représentation médiatique équitable des préoccupations des Kurdes. « Nous ne voulons pas de reconnaissance pour l’approbation. Nous défendons nos positions avec conviction, car nous savons que les solutions précédentes de ce pays ont mené à des impasses. »

Appel au CHP et aux autres acteurs

En conclusion, Bakırhan a appelé les autres acteurs politiques, en particulier le CHP, à assumer leur responsabilité historique. La société attend désormais une participation sérieuse et démocratique à un processus de paix global. « Le parti DEM défend une communauté démocratique où toutes les identités, langues et confessions vivent sur un pied d’égalité. » (ANF)