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Le Comité pour la protection des journalistes exhorte les autorités turques à assurer la sécurité de la journaliste Zeynep Durgut

TURQUIE / KURDISTAN – Le Comité pour la protection des journalistes exhorte les autorités turques à assurer la sécurité de la journaliste Zeynep Durgut menacée pour avoir médiatisé un réseaux de prostitution impliquants des sous-officiers qui forçait des femmes et filles mineures ramenées des régions kurdes de Syrie à se prostituer.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a fait une déclaration concernant les menaces proférées contre Zeynep Durgut, la journaliste de l’agence Mezopotamya (MA) qui a dénoncé le « gang de la prostitution » à Şirnex, par la famille d’un suspect clé dans cette affaire.

La déclaration du représentant turc de CPJ, Özgür Öğret a été incluse dans la publication partagée par le compte du CPJ sur X (ancien Twitter). La déclaration comprenait les affirmations suivantes : « Le Comité pour la protection des journalistes appelle les autorités turques à faire tout le nécessaire pour assurer la sécurité de la journaliste de l’agence Mezopotamya, Zeynep Durgut, qui a été menacée par téléphone hier en raison de son reportage. »

Retour sur l’affaire ayant abouti à des menaces visant Zeynep Durgut

Zeynep Durgut, journaliste à l’Agence de Mésopotamie (MA), a été menacée après avoir couvert une affaire impliquant un réseau de prostitution dans la province kurde de Şırnak, au Kurdistan « turc ». L’affaire, révélée initialement en 2013, n’a abouti à une inculpation qu’onze ans plus tard.

Durgut a rapporté les allégations selon lesquelles des enfants et des femmes amenés des régions kurdes de Syrie, également connues sous le nom de Rojava, auraient été forcés à se prostituer, et que plusieurs sous-officiers militaires auraient joué un rôle actif.

Le parquet général de Şırnak a récemment déposé un acte d’accusation basé sur l’enquête de 2013, impliquant 25 suspects. Les chefs d’accusation incluent « création d’une organisation de prostitution », « incitation à la prostitution infantile », « traite d’êtres humains », « abus sexuels aggravés », « chantage » et « prêt usuraire ». L’acte d’accusation précise également que des militaires ont usé de leur pouvoir pour transporter les femmes en ville.

Suite à la publication de son article le 24 février, Durgut aurait été contactée par téléphone par des personnes prétendument proches de Kenan Tatar, identifié dans cette affaire comme l’assistant du meneur présumé, İbrahim Tatar. Au cours de l’appel, on lui aurait dit : « J’ai enquêté sur vous, nous savons qui vous êtes. Cela ne restera pas impuni. Nous ne laisserons pas passer cela. »

Durgut a porté plainte en réponse aux menaces.

Des organisations de femmes, des associations de médias et des partis politiques ont organisé jeudi un rassemblement de solidarité pour Zeynep Durgut devant le tribunal de Cizre. Dans une déclaration commune, le Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad, TJA) a condamné ces menaces, les qualifiant de tentative délibérée d’intimidation du journalisme critique. « Les menaces contre Zeynep Durgut démontrent que des tentatives sont faites pour étouffer la vérité et réduire le public au silence. Nous ne le permettrons pas », a déclaré Berivan Kutlu, représentante du TJA.

Lors du rassemblement, Zeynep Durgut a déclaré : « La politique de guerre spéciale à Şırnak est une réalité depuis des années. Je ne me laisserai pas intimider et continuerai à faire éclater la vérité en tant que journaliste libre. » L’événement s’est terminé par le slogan « La presse libre ne sera pas réduite au silence ».

De son côté, l’Association des journalistes Dicle Fırat (DFG) a exprimé son soutien à Durgut et condamné les menaces. Dans un communiqué, l’association a déclaré : « Zeynep Durgut a dénoncé, par ses reportages, le phénomène de la prostitution à Şırnak, un sujet qui a suscité une vive réaction publique. Grâce à ses reportages, une mentalité obscure a été révélée. 

Elle a mis en lumière le problème de la prostitution dans la ville et la destruction environnementale qui en découle, suscitant une forte prise de conscience publique. Plutôt que des menaces, son travail journalistique devrait être reconnu.

Nous lançons un nouvel avertissement à ceux qui menacent notre collègue : nous soutenons Zeynep et nous demanderons des comptes aux auteurs de ces actes. »