AccueilEuropeAllemagneFestival du Dersim à Francfort : protestation culturelle contre l'assimilation et l'oubli

Festival du Dersim à Francfort : protestation culturelle contre l’assimilation et l’oubli

ALLEMAGNE – Le 15e Festival de Dersim en Europe s’est achevé hier avec la commémoration de l’histoire de la résistance de la région kurde-alévie de Dersim par des discours politiques et un programme culturel varié. L’événement a été marqué par un esprit de renouveau démocratique appelant au renforcement de l’identité collective.

 

Le 15e Festival européen du Dersim, organisé au Rebstockpark de Francfort, a accueilli de nombreux visiteurs venus de toute l’Allemagne et des pays voisins. Placé sous le slogan « Ma ne Xorasan, ma ne Tunceli – Ma Dersim me ! » (« Je ne suis ni de Horasan ni de Tunceli, je suis du Dersim »), ce festival de deux jours était consacré à l’affirmation culturelle, à la réflexion politique et aux rencontres intergénérationnelles.

L’événement se veut une plateforme pour préserver l’identité culturelle et la mémoire historique de la région kurde-alévie de Dersim (rebaptisée « Tunceli » par l’État turc lors du génocide de Dersim de 1938), notamment au sein de la diaspora. Dans cet esprit, le site du festival a été décoré de symboles de la culture alévie, de photographies historiques, de stands de livres et de spécialités culinaires de la région.

Coup d’envoi avec commémoration et cérémonie alévie

La deuxième journée du festival a débuté samedi par une table ronde intitulée « Féminicide et persécution religieuse dans le contexte des questions féminines ». Le religieux Pir Zeynel Kete a ouvert le festival par une cérémonie alévie, soulignant les valeurs fondamentales pacifiques de l’alévisme et rappelant la persécution historique de la communauté kurde-alévie.

Le discours de Kete a été suivi de spectacles de danse traditionnelle et d’une performance musicale du groupe DAKME.

Discours politiques : mémoire et perspective

La députée démocrate-chrétienne Ayten Kordu a axé son discours sur la situation politique au Kurdistan et en Turquie. Elle a salué la décision du PKK de se dissoudre et de mettre fin à sa lutte armée, la qualifiant de tournant historique. Elle a rendu hommage à deux membres fondateurs du mouvement, Ali Haydar Kaytan et Rıza Altun, décédés, et a déclaré : « Dersim a perdu deux fils courageux. Nous nous souvenons d’eux avec amour et respect. »

Kordu a ensuite appelé à soutenir « l’Appel à la paix et à la société démocratique » lancé par Abdullah Öcalan depuis la prison le 27 février, et a appelé la société à se joindre à cet appel.

Dans le même temps, Kordu a mis en garde contre la violence continue contre les Alaouites, en particulier en Syrie : « Le fondement idéologique des massacres à motivation religieuse n’a pas disparu ; il continue d’avoir un impact aujourd’hui. »

Cafer Oğur : Retour à Dersim

Cafer Oğur, maire du district de Karakoçan à Elazığ, a également prononcé un discours. Il a décrit le festival comme un lieu de mémoire collective et a rappelé le génocide du Dersim de 1937-1938, dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui : « Les gens sont toujours déplacés du Dersim. La politique de dépeuplement n’est pas terminée. » Il s’est adressé en particulier à la jeune génération de la diaspora : « Tournez-vous vers le Dersim et vivez-y. Rassemblons-nous dans un Kurdistan libre où la guerre et les massacres appartiendront au passé », a déclaré Oğur.

À la fin du festival, Muharrem Erdoğan a remercié tous les participants et visiteurs au nom de l’équipe organisatrice pour leur engagement. (ANF)