AccueilFemmesVers un Moyen-Orient plus juste et plus inclusif grâce aux femmes?

Vers un Moyen-Orient plus juste et plus inclusif grâce aux femmes?

KURDISTAN – Les 15 et 16 mai 2025, la ville kurde de Souleimaniye accueillait le premier Congrès de la Coalition des femmes NADA permettant le partage les expériences féminines pour une lutte commune et de solutions régionales.
 
Environ 200 femmes de 19 pays, principalement du Moyen-Orient et d’Afrique, ont participé au premier congrès de la Coalition régionale des femmes démocratiques du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (en kurde: Kongreya Koordînasyona Jinên Herêmî ya Demokratîk a Rojhilata Navîn û Bakurê Afrîkayê, NADA).

 

Les initiatives féminines au Moyen-Orient et en Afrique du Nord peuvent-elles apporter un changement réel et durable à la situation des femmes ? Ce défi préoccupe l’Alliance Nada car il reflète le combat décisif mené par les femmes de la région contre une histoire de marginalisation, sous le poids d’une réalité politique et sécuritaire turbulente.

Dans la ville de Souleimaniye, témoin de transformations majeures et centre dynamique de culture et de résistance civile, l’Alliance Nada s’est réunie pour sa première conférence, réunissant des voix de femmes de 19 pays. Ni festive ni traditionnelle, cette rencontre a plutôt été un espace de redéfinition des priorités et de définition de nouvelles frontières pour l’action féministe, transcendant les slogans et s’attaquant directement au cœur des dilemmes : guerres, violences systématiques, déplacements, marginalisation et domination masculine sous toutes ses formes.

Il est remarquable que les participantes n’aient pas apporté de griefs ; elles ont plutôt apporté des projets, des propositions et des idées concrètes. Les discussions, ancrées dans des situations concrètes, laissaient peu de place à la théorie et reposaient sur un principe simple mais essentiel : la dignité ne s’acquiert pas, mais se gagne par l’organisation, l’action et la solidarité féministes.

Au cours de sessions intensives, la conférence s’est transformée en un laboratoire d’idées, où les femmes ont discuté des moyens de surmonter la fragmentation, de nouer des alliances transfrontalières et de construire des réseaux de soutien fondés sur l’expérience plutôt que sur la théorie. Le concept de « révolution féministe » n’a pas été présenté comme un slogan radical, mais plutôt comme une transformation profonde visant la structure sociale et politique qui relègue les femmes à des rôles secondaires dans la prise de décision.

Ce qui distingue cette rencontre des autres, c’est l’audace de son approche et la clarté avec laquelle elle définit les outils de confrontation. Les ateliers n’étaient pas de simples ornements organisationnels, mais plutôt des plateformes de formation, de déconstruction et d’analyse. Ils abordaient les questions de violence sexuelle, d’autonomisation économique, de présence politique et de lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. Chaque discussion était accompagnée d’expériences, de chiffres et de récits réels, utilisés non pas pour susciter la pitié, mais pour mobiliser.

À un moment charnière, les participantes ont annoncé la création de la « Confédération mondiale des femmes démocratiques », entité fédératrice qui fédère les énergies des femmes et leur offre un cadre commun de travail et d’influence. Cette initiative n’est pas une nouvelle structure bureaucratique, mais un cadre militant issu d’une longue accumulation et de diverses expériences féministes, visant à protéger les femmes et à élargir leur espace public.

Ce qui est ressorti de Souleimaniyeh n’est pas une simple déclaration finale. C’est l’affirmation d’une nouvelle conscience collective et la décision claire que le temps de l’attente de justice est révolu. Les femmes du Moyen-Orient ne sont plus sur la défensive ; elles sont au cœur de la bataille pour l’avenir. Du ventre de la douleur naissent des visions, et du chaos de la réalité naît la volonté. D’une ville qui a résisté aux vents, une feuille de route pour un Moyen-Orient plus juste et plus inclusif est née. (Par Huthami Mahjoob pour ANHA)