IRAN / ROJHILAT – Sous le régime iranien, les minorités ethniques et religieuses subissent depuis longtemps une discrimination structurelle, des privations généralisées et une sévère répression politique et sécuritaire. Les Kurdes, les Baloutches, les Arabes, les Turkmènes et les minorités religieuses telles que les sunnites et les adeptes d’autres confessions sont soumis à de sévères restrictions sociales, économiques et culturelles. Arrestations massives, destruction de sites religieux, déni du droit à l’éducation dans sa langue maternelle et exclusion de l’accès aux ressources publiques ne constituent qu’une partie des politiques discriminatoires systématiques auxquelles ils sont confrontés.
Ce rapport met en lumière une série de mesures violentes et extrajudiciaires prises contre ces communautés.
1. Village de Bandar Kolahi – Un assaut de trois jours ciblant les civils baloutches et sunnites
Un exemple frappant de répression ciblée est l’assaut violent des forces de sécurité contre le village de Bandar Kolahi , situé dans une région à majorité sunnite du Sistan-Baloutchistan. En mai 2025, ce village du comté de Minab, dans la province d’Hormozgan, a été le théâtre d’une opération militaire sans précédent. Pendant trois jours consécutifs, les forces spéciales ont pris d’assaut le village avec des véhicules blindés, des bulldozers, des gaz lacrymogènes et des armes de type militaire.
À partir du samedi 11 mai, le village a été assiégé. Les forces de sécurité ont effectué des descentes dans les maisons sous prétexte de lutter contre la contrebande de carburant. Ces raids ont donné lieu à des effractions, des violences physiques et une absence totale de mandat. Des biens personnels – dont des motos, des bateaux de pêche, de l’argent liquide et de l’or – ont été incendiés, pillés ou détruits.
Selon des informations locales et des vidéos, des dizaines de civils baloutches, dont des enfants et des femmes, ont été blessés par des tirs directs de plombs. L’une des victimes confirmées est Ruhollah Malahi, un adolescent de 15 ans, touché au dos.
L’accès à Internet dans le village a été interrompu pendant l’opération, et la région a été soumise à un important confinement. Des arrestations massives ont eu lieu, mais le sort de nombreux détenus reste inconnu.
Les femmes qui protestaient contre ces brutalités ont été battues, menacées et réduites au silence. L’absence de contrôle judiciaire, le pillage de biens privés et la violence aveugle contre les civils soulignent l’impunité totale dont jouissent les forces de l’ordre.
2. Démolition de maisons à Khwajeh-Mask – Zahedan
En juillet 2023, des unités militaires ont mené un raid sur Khwajeh-Mask, un village de Zahedan, déployant plus de 20 véhicules pour démolir au moins 70 maisons appartenant à des citoyens sunnites baloutches. L’opération, menée sans ordre judiciaire et aux premières heures du matin, a laissé des familles sans abri, sans le temps d’évacuer ni de mettre leurs biens en sécurité. L’impact psychologique et matériel de cette attaque sur les habitants, en particulier les enfants et les femmes, reste profond.
3. Arrestations arbitraires à Qush-Sarbouzi – Sarakhs
En février 2025, les forces de sécurité ont perquisitionné les domiciles d’habitants baloutches à Qush-Sarbouzi , dans le comté de Sarakhs. Cinq personnes ont été arrêtées sans papiers ni inculpation. Des témoins ont fait état de violences verbales et physiques, ainsi que de disparitions forcées des détenus, dont on ignore toujours le sort. Les familles se sont vu refuser tout recours juridique.
4. Détention de personnalités culturelles arabes – Khuzestan
En décembre 2024, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a arrêté des dizaines de poètes, d’artistes et de militants culturels arabes sunnites dans la province du Khouzistan. Des accusations telles qu’« espionnage » et « collecte d’informations sensibles » ont été portées sans transparence ni procédure régulière. Les détenus se sont vu refuser l’accès à un avocat et leur lieu de détention demeure secret. Leurs appareils électroniques personnels ont également été confisqués lors des arrestations.
Conclusion
Ces incidents distincts survenus dans quatre provinces différentes révèlent une politique de répression claire et coordonnée visant les minorités ethniques et religieuses d’Iran. Parmi les points communs à ces cas, on peut citer :
- Usage excessif de la force par les agents de sécurité de l’État ;
- Absence d’autorisation judiciaire pour les perquisitions, les arrestations et les démolitions ;
- Ciblage des groupes vulnérables, en particulier les enfants, les femmes et les personnalités culturelles ;
- Pannes de communication et mesures de sécurité isolant les communautés touchées.
Les politiques du gouvernement iranien non seulement violent la justice et l’égalité, mais transforment également la vie quotidienne des minorités en un état constant de peur et d’insécurité.
Appel à la communauté internationale
Nous exhortons les organisations internationales de défense des droits de l’homme et les organismes mondiaux compétents à :
- Lancer des enquêtes immédiates et indépendantes sur les événements de Bandar Kolahi et sur des incidents similaires ;
- Assurer la transparence sur le statut des détenus et garantir leurs droits fondamentaux ;
- Accroître la pression internationale sur les autorités iraniennes pour qu’elles mettent fin à la répression ciblée et que les responsables rendent des comptes. (Via l’ONG IRAN HRM)